lundi 17 octobre 2016

Quand j'ai mal , je tue.

A défaut de savoir me taire, quand j'ai mal je tue, je ne suis pas scorpion pour rien.

Ce soir, je viens d'apprendre que la soeur aînée de mon mari se meurt, les médecins ne sont pas si muets, deux ou trois jours, pas plus.

Mon homme se tait, il refoule ses sentiments, il me dit "on sait depuis longtemps", certes ma belle-soeur lutte depuis si longtemps contre ses cancers, il me dit tant de choses, et il triche avec ses ses sentiments, pour me protéger ou se protéger, la vie, la mort, c'est normal

Parfois ses yeux me semblent humides, ses mouvements, vides de sens, on rentre juste d'un mariage dans le sud  et plus que jamais il se réfugie dans les rituels, ranger, trier, ranger encore et encore.

Dans ces familles là, on ne pleure pas, surtout quand on est un homme.

Et je sais d'ici trop peu de temps d'aller devoir assister à l'enterrement de ma si terrible et si se sensible belle soeur, de celle, avec qui je n'ai pas su établir de vrais liens, tisser des cordes, j'ignore pourquoi, j'aurais tant aimé l'avoir pour grande soeur, elle ne le saura que, plus tard, demain, dans quelques jours, une fois le pas passé, franchi, à jamais.

Je me retrouve orpheline d'une histoire que je n'ai pas su écrire, mais peut-être n'y avait il pas de cahier, ou même d'ardoise afin de pouvoir simplement dire les choses.

Dans quelques jours j'irais donc enterrer ma belle soeur, et mon seul réconfort reste que je sais qu"elle  ne souffre absolument pas. Je resterai orpheline d'"une histoire vide, creuse, un sentiment de gâchis que vient juste réconforter mon absolue certitude d'une autre chance, paradis, purgatoire, je prends tout, pour simplement comprendre, la comprendre.

D'habitude, quand j'ai mal, je tue, simplement afin de pouvoir respirer, mais, là, j'ai mal et je n'ai pas envie de tuer, ni d'accuser personne, j'ai juste mal.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis désolée.

Corto le Vrai a dit…

bisous

Le chêne vert a dit…

Tu sais, quand ma mère est morte j'ai été très triste, pourtant je n'avais pas réellement un amour filiale très marqué, nous avions juste de vieux souvenirs en commun. Elle est partie seule, alors que c'est ce qu'elle redoutait le plus. ma sœur et moi n'avions même pas été capable d'être à ses côtés, de lui tenir la main alors que nous avions passé une partie de la journée à son chevet la veille pendant son agonie, très difficile à vivre pour nous. Je m'en suis toujours voulu et je m'en veux encore. je souhaite que, de là-haut- elle me l'ait pardonné. Une fois partie, je me suis aperçue que j'avais plein de choses à lui demander. Choses qui étaient trop difficiles à dire de son vivant car nous avions toutes les deux une carapace bien dure. Ma mère n'a pas su nous garder mais c'est comme ça. Quand les gens s'en vont définitivement, on regrette toujours ce qu'on a loupé avec eux. Si rien n'est passé entre vous, c'est que ça ne devait pas se faire et il n'est sans doute pas trop tard pour penser à elle avec des sentiments positifs.
Embrasse ton mari de notre part, il est toujours si difficile de perdre un membre de sa famille, c'est un peu de nous-même qui s'en va.
Bon courage.

Unknown a dit…

Merci de nous avoir offert ce moment d'intimité, décrit avec tant de profondeur. Terrible, ce sentiment d'être passée à côté de quelqu'un qu'on va perdre.
Toute ma sympathie et mon soutien.

Ladywaterloo a dit…

Merci vraiment à tous ceux qui ont lu et compris, et écrit.

Ce soir je n'ai pas de nouvelles, hier, j'ai su que tous ses enfants étaient réunis auprès d'elle, l'un d'eux avec son tout petit dans les bras, elle était heureuse de les voir, elle ne parle plus et dort beaucoup, ne souffre pas. Ses enfants sont exemplaires, présents, rassurants. Je ne sais comment mon beau-frère arrive à surmonter son chagrin, mais ses enfants sont ses remparts.

Ladywaterloo a dit…

Ma belle soeur est morte, je sais on dit DCD, mais en fait cela ne change rien, elle est morte, paisiblement autant que je sache, très vite, samedi matin.
Elle est morte entourée de sa famille, de ses enfants surtout, magnifiquement présents et très courageux.
C'est, pour nous tous, la fin d'une époque, je ne sais ce qu'il adviendra maintenant de la famille, au sens large, se maintiendra t-elle ou pas, je n'ai pas la main qui peut tenir la plume, à eux de vouloir ou pas, de savoir ou pas.