"Il faisait partie de la famille sans être membre du forum, ses mésaventures fréquentes et variées ont souvent pimenté notre vie et nous l'aimions beaucoup mais de plus en plus faible depuis 10 jours, Ocelot nous a quitté en fin de matinée, victime d'une anémie fatale non identifiée.
Comme Max avant lui, il a mené une vie de chien indépendant, libre et parfaitement épanoui, s'est fait de nombreux amis à deux et quatre pattes et s'est adapté parfaitement aux tribulations de la vie familiale et aux incroyables complications et bizarreries de la société des hommes.
"C'est bien le chien, tu peux reposer en paix"
Je suis comme les oiseaux je préfère me cacher pour pleurer, j'ai besoin d'un peu de temps pour digérer ma peine et préfère que nul ne m'en parle. Vous expliquer pourquoi mon chien était exceptionnel est assez difficile si ce n'est en parlant de ses multiples aventures et mésaventures.
J'avais pris ce chien à SPA il était très jeune, beau chien de chasse,un épagneul français . Son tempérament parfaitement libre l'avait mené à cette prison.
De promenades en fugues, il multipliait les exploits: baladeur, il prenait le bus en ville pour aller mendier avec des SDF, nous le récupérions souvent à la fourrière, puis la brigade canine le connaissant il restait au poste de police, où personne ne me disait plus rien quand je venais le chercher . Il s'était échappé d'une de leur cage et cela avait gagné la considération des maitres-chiens, lorsque les policiers étaient obligés de l'embarquer, il le ramenaient au poste et le chien m'attendait, couché sous leurs bureaux.
Il avait tellement horreur d'être enfermé qu'il grimpait aux arbres de la clôture, j'ai cru devoir un jour appeler les pompiers, nous avions surélevés le grillage, l'obligeant ainsi à grimper plus haut il ne pouvait plus sauter. Lhom était absent, finalement trois jeunes passants m'aidèrent à le faire redescendre. Il avait également détruit un arbre cimenté afin de se creuser un passage, parfois il se résignait à sauter par dessus notre portail élevé. Bien des gens ne supportaient pas sa liberté. Ocelot était pourtant très gentil, il creusait même des trous dans les clôtures des chiens copains afin qu'ils puissent se sauver. Un de nos anciens voisins à la campagne, ayant un superbe berger allemand, de guerre lasse laissa un trou dans sa clôture, Ocelot pouvait ainsi rentrer chez lui, jouer avec Titus puis repartir.
S'étant blessé à plusieurs reprises en se sauvant je finis par préférer lui ouvrir le portail, souvent je le croisais en ville, à ce moment là, il détournait la tête regardant obstinément la vitrine opposée.
Il avait beaucoup d'amis chiens qu'il allait voir ainsi qu'une petite copine chien préférée, Pipa. Ocelot ramenait à la maison parfois les uns ou les autres, afin de jouer tranquillement.
Ocelot avait beaucoup d'humour et ricanait bassement, lorsque nous l'ennuyions trop, il partait en haussant les épaules, avant lui, je n'avais jamais vu de chien hausser les épaules. Certains humains gagnaient sa sympathie, nous ne les connaissions pas tous, il rapportait souvent à la maison du pain ou des bouts de pizzas, voire provoquant l'envie des enfants, un dimanche matin, un petit pain au chocolat.
Il faisait effectivement la manche aux coins sympas, boulangerie, crêperie... Nous savions que la récolte était mauvaise lorsqu'il se résignait à manger des croquettes. Parfois afin qu'il ne parte pas, je lui préparais un repas savoureux à son goût... Pâtes au Viandox, riz cantonnais sans petits pois.
Dans ses longues pérégrinations il se fit bien des amis humains. Certains voulurent l'adopter, et il nous revint bien souvent avec une laisse accrochée à son collier, chaine ou ficelle. Il perdait aussi un nombre considérable de médailles, colliers..
J'aurais aimé être une petite puce parfois pour connaitre ses amis. je me souviens d'une fois où Lhom et moi partions à une soirée, ennuyés car le chien était absent. En général il rentrait pour les heures de repas, presque toujours pour dormir à la maison. Arrêté à un feu rouge nous le vîmes ce soir là, à trois pâtés de la maison suivre une jeune femme, arrivée devant une lourde porte d'immeuble en bois avec digicode, celle ci composa le code, poussa la porte et fit rentrer le chien, rentrant à sa suite. Je craignis de nouveau une tentative d'adoption, il n'en était rien, juste un petit dîner probablement, il était rentré à notre retour.
Sa vie pourrait remplir un bouquin, entre moutons qu'il parquait soigneusement "on ne sait jamais" et poules qu'il finit par dédaigner, il nous trouvait quelquefois patauds et pas très débrouillards. Jeune il adorait les fraises des bois, et un jour alors que nous en cherchions avec les enfants et se rendant compte à quel point nous étions nuls il attira notre attention et nous entraîna jusqu'à un coin fabuleux, heureux de voir enfin les trois petits se régaler.
Sa dernière rigolade lui valut une décharge de gros sel. Il adorait aller semer la panique dans un élevage de lapins, détestant on ne sait pourquoi son propriétaire, il se pointait très tôt, et devant le grillage riait de voir les lapins détaler. Il ne le faisait pas chez nos voisins qu'il aimait. Question de morale, la sienne était de n'ennuyer que les imbéciles et de vivre librement.
Adieu mon chien, je t'aimais bien
s'il vous plait ne rajoutez pas à mon chagrin, de dites rien.
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