vendredi 14 janvier 2011

Des profs et des dyslexiques.

Hier soir Lhom est allé à la rencontre du prof principal d'Hubert, prof d'anglais, rendez vous un peu retardé cette année car le dossier scolaire étant de plus en plus complet, les professeurs ne nagent pas en eaux inconnues. Hubert fut lourdement dyslexique. Dépisté en moyenne section, son orthophoniste a débuté sa "rééducation" alors qu'il avait cinq ans.


Son instit "à la con" diraient mes enfants avait pronostiqué en fin de dernière année de maternelle, un échec assuré en CP. En septembre, la si gentille institutrice de CP d'Hubert qui me connaissait et me voyant hyper angoissée et pleurant n'a pu que maudire son collègue lorsque je lui fis part de mes angoisses et de  me rassurer:

Je suis là, il est suivi par une orthophoniste et je sais que vous l'aiderez à la maison, ne vous inquiétez pas, on y arrivera!

Nous avions complété ce soutien par deux séances par semaine de soutien scolaire méthode inspirée de la méthode Montessori. Etant disponible je faisais répéter Hubert trois fois par jour, à raison de cinq minutes à chaque séance tantôt sur les fiches de son orthophoniste, tantôt sur les fiches de son instit.



Nous ne sautions jamais de jour, qu'exceptionnellement une séance. je me souviens de mon immense culpabilité un jour de Noël où je ne le fis pas lire. Du premier janvier au trente et décembre, pas un jour ne passait sans leçon, train, banc, plage, salle d'attente, tout se transformait en lieu de travail, cinq petites minutes suffisaient. Mon emploi du temps était fixé en fonction de cette priorité, donc il n'allait pas à la cantine et mon amie qui le prenait une fois par semaine à déjeuner le faisait également lire,  mère de famille nombreuse, elle savait la nécessité absolue de cette contrainte. Lhom et Alice prenaient le relais lorsqu'ils étaient disponibles, cette cohésion et chaîne de solidarité fut un élément déterminant dans le succès de cet apprentissage.


Bien des maîtresses m'ont aidé durant ce long parcours. Je me souviens des messages d'encouragement et d'optimisme d'une maîtresse à la retraite, qui connaissait Hubert pour avoir eu Guillaume en CE2.

Ne vous découragez pas, madame, il fait des progrès, et vous verrez souvent les petits dyslexiques sont d'excellents élèves par la suite, une fois surmonté leur handicap. Ils ont l'habitude de tant travailler...

De petites lumières dans un océan d'obstacles, un coup de fatigue pouvait faire reculer Hubert de trois cases dans ce jeu sombre de l'oie où il ne comprenait rien.

Son orthophoniste, nous apprit des méthodes, en nous prévenant: 


Attention, Hubert sera toujours dyslexique! Tout ce que je lui donne ce sont des outils afin de fabriquer des mécanismes palliant ces déficiences!

En effet, il mit trois ans à apprendre à lire, en CM certaines de ses enseignantes (nous avions déménagé) ne décelaient plus son handicap en lecture. Mais il restait massivement dysorthographique. Il a acquis malheureusement une lecture rapide, efficace mais globale qui ne l'aide en rien pour retenir l'orthographe des mots les plus courants. Il est d'ailleurs devenu, à notre grande surprise, un gros lecteur, bouffant des centaines de pages, enfoui sous sa couette certaines après midi où  seule la musique d'un livre enchanteur le captive.

L'apprentissage de l 'anglais ou de l'espagnol lui demande quatre fois plus de travail que pour un enfant "normal". Par chance il est scientifique et ses compétences en math ont permis jusqu'à présent d'éviter tout redoublement. Mais nous savons avoir dix huit mois pour terminer de le hisser aux normes d'une fin de troisième honorable.

Nous avions hésité en fin de CE2 de le mettre dans une école spécialisée, alors que nous emménagions dans une métropole régionale , nous n'en firent rien en considérant qu'Hubert lecteur avait fait une bonne partie du chemin évitant ainsi de le ranger peut être définitivement dans une case "élève à part".

Aujourd'hui l'équipe pédagogique d'Hubert est géniale, connaissant le problème, ils l'encouragent dans ses progrès, en ne sanctionnant pas toutes ses fautes, même en anglais mais en se basant davantage sur l'oral afin d'évaluer ses connaissances. Mes craintes de rencontrer ses professeurs étaient infondées, par ce soutien, ces profs nous réconfortent et nous soutiennent nous aussi parents, dans l'aide que nous devons encore fournir.


Hubert nous fit comprendre que nombre d'entre nous sommes plus ou moins atteint de dyslexie: Yann assez sensiblement, moi plus  légèrement. A refaire nous nous y prendrions autrement pour Yann car il en a souffert. Alors que 10% des enfants sont plus ou moins atteints, les orthophonistes ne peuvent pas oeuvrer dans les établissements scolaires, aucun dépistage n'est fait dans les écoles par des professionnels. Pire les méthodes de lecture sont établies sans consulter les orthophonistes qui réparent les pots ébréchés et tentent de recoller les pots fracassés.  Les méthodes syllabiques étant bien entendu plébiscitées par ces professionnels.

                                 Qui osera moderniser cette méthode où l'octoi en sabot décourage tant de petits



J'imagine qu'après trente ans de consultations sur les échecs des apprentissages fondamentaux, peut être un ministre de l'éducation aura la brillante idée de s'entourer de réparateurs de lecture cassée et les écoutera.

8 commentaires:

Anne a dit…

puisse le ministre s'entourer des professionnels de terrain !!!!!!! au lieu de pondre des réformes ou des ajustements qui ne se destinés qu'à réduire les budgets et limiter les postes !

Anonyme a dit…

Parole d'orthophoniste...chapeau pour le soutien, les parents de dyslexiques sont héroïques !
Dieu merci, il y a des livres très modernes avec les mêmes bases syllabiques que le vieux Boscher.
Courage à Hubert qui s'en sortira ...la Dyslexie commence à être reconnue aux examens.

Ladywaterloo a dit…

Hubert étant mon septième et dernier enfant, a bénéficié de notre expérience d'éducateurs, nous savions devoir nous impliquer à fond tout de suite pour lui donner toutes ses chances.

Les: Ca s'arrangera tout seul, vous en faites trop nous laissaient de marbre.

Nous avions la chance d'avoir du temps et un peu d'argent, assez pour pouvoir le faire.

Anne, l'éducation nationale a horreur de voir des gens de l'"extérieur se mêler de leurs affaires, or les orthophistes sont professionnels de la santé pas de l'éducation nationale!

@ L'orthophniste, pour mes petits enfants et autres quelles méthodes pouvons nous utiliser? Si vous passez par là, merci pour votre aide.

charlotte a dit…

oui, s'il existe le meme genre de methode syllabique en version moderne, je suis preneuse, j'apprends actuellement a Pierre a lire avec un vieux Boscher.... et dois lui "traduire" la moitié des mots, completement désués et vides de sens pour lui... pas très motivant!

Anonyme a dit…

Pour les dyslexiques les méthodes syllabiques posent des bases sûres...on le sait et tant pis pour les enseignants qui rétorquent que lire ce n'est pas rabâcher p+a pa.
On est d'accord mais tous les artistes, sportifs s'entraînent de longues heures avant d'être des experts.
Allez chercher sur le net les méthodes Leo et Lea; Sami et Julie; Delile... Après c'est au feeling, le livre doit plaire à l'enfant et aux parents...Chaque méthode a un forum qui aide bien les parents et répond à toutes les questions.
Je crois hélas que pour les dyslexiques l'entraînement à la maison est indispensable dans notre système scolaire qui se préoccupe plus de réparer que de prévenir. Pas de chômage dans ma profession !
Désolée d'être bavarde mais ce sujet m'enflamme toujours !
Bon WE

Ladywaterloo a dit…

Merci pour les méthodes indiquées! Les parents ont vraiment besoin d'aide et conseils, un apprentissage réussi de la lecture est une victoire, pour tous, parents et surtout enfants.

charlotte a dit…

Merci Orthophoniste. je chercherai ces methodes syllabiques aussitot.

Ladywaterloo a dit…

Un lien qui m'est donné pour aller sur un article consacré à la dyslexie

http://www.infobourg.com/2011/01/13/la-dyslexie-expliquee/