lundi 30 mai 2011

De la fête des mères (--) âmes sensibles!

Ce billet va être brutal, et je demande pardon à ceux que cela va choquer.

Hier en fin de matinée, j'ai remarqué un manège insensé chez ma vieille voisine, normal, elle a eu cinq enfants, élevés dans une ferme avec tant d'amour et si peu de moyens, je sais que les enfants et petits enfants se réunissent souvent auprès d'elle, surtout le jour de la fête des mères. Hier à la mine blanche, visible à trente mètres du jeune devant la ferme , puis au fourgon mortuaire, j'ai compris. J'en parlerai plus tard, de ma vieille voisine, du manque que nul ne saura jamais combler.

Hier matin, sans savoir, je vaquais entre jardin et four, j'avais fait le gâteau en vogue à la maison depuis peu, pas tant pour moi, mais pour mon homme et mes enfants. Que serais je sans eux?

Je déteste les conventions, enfin pas toutes mais celles qui me paraissent injustes. Mes enfants doivent ils marquer à jamais leur déférence et amour ce jour là, car je les ai mis au monde?


STOP je suis née à la vie sexuelle à l'âge de la pilule, alors les enfants c'est quand je veux et si je veux, enfin en théorie, en réalité, il y a eu des surprises et la vie, et l'amour et tant de choses que nulle feuille de papier ne pourra jamais résumer. Les enfants c'est aussi pour moi, un cadeau, tous, les souhaités, très attendus,  les surprises aussi. Je suis redevable plus à la vie, à l'homme qui fut là toujours à mes côtés, mais surement eux, mes petits, ne me doivent rien. Comme me le disait hier, Hubert, septième à me faire la réflexion:

Moi, je voulais rien, je savais pas!


Il y a toujours eu des mères exemplaires, méritantes, vraiment, je n'en fais pas partie, j'aime mes enfants et ai consacré ma vie, mais c'est MON choix. Lhom m'eut abandonnée sans ressource, j'aurais été frappée par une maladie rare et sauvage ou malade, simplement comme tant de femmes, cette fête aurait eu du sens pour moi. mais célébrer cet hymne indécis à toutes les femmes qui ont eu la chance ( ou la malchance) de mettre au monde des enfants car le gouvernement, proche des nazis, de Vichy en a décidé ainsi me parait, déplacé.


Le mot déplacé me parait très faible, je demande pardon à ceux que choque ce verbe, et surtout à toutes celles que choquent ces propos. Avoir des enfants implique des renoncements, mais tout choix implique renoncement. Quand Lhom a jeté son regard sur moi, il était foutu, le pauvre gars! Et il a accepté.


Il est évident que le choix des femmes d'avoir ou non des enfants implique plus de renoncement en terme de carrière, mais ni les hommes ni les enfants n'y peuvent rien. faut il alors, rappeler année après année, que nos ventres seuls peuvent donner la vie? N'est ce pas cruel pour celles qui n'ont pas d'enfants car la vie a été différente? Nos hommes ne feraient ils pas la même chose s'ils le pouvaient? Nous encenser pour ce truc me parait déplacé(c'est le verbe déjà utilisé, plus haut, , non?)

J'ai fait des choix,  parfois sans le savoir, j'ai eu de la chance, mes enfants sont en pleine santé, je rends hommage, ici, aux seules femmes qui le méritent, à celles qui  élèvent des enfants, malades, handicapés, à celles qui sont seules, sans l’avoir voulu, pour élever leurs enfants, aux mères pour qui élever leurs enfants ne consiste pas seulement à se lever la nuit et à y consacrer tant de temps que leurs vies sont parfois entre parenthèse (ça, c'est la norme!  :)  ) . mais à celles qui se battent pour leur donner à manger, celles qui se battent contre handicap ou la maladie. Et à toutes celles dont  ma photo si affreuse résume la vie.

Foin des colliers de nouilles et des nuits écourtées! Foin de mes rêves et espoirs insensés, Je pleure pour cette humanité déchirée, et ne remercierai jamais assez la destinée de m'avoir épargnée, moi, et mes petits.



10 commentaires:

helen. a dit…

La fête des mèresme mets mal à l'aise car je ne m'en sens aps digne (c'est pas pour se la jouer fausse modestie ) et je ne veux pas avoir l'air de la mère matronne nourricière toute puissante, image que me renvoit cette fête.
Alors je reçois les ptits cadeaux avec un immense plaisir et j'honore mes kids de leurs présents.Mais pas de foin dans ce jour là , on réserve ça aux annifs !

Anonyme a dit…

Je trouve ton texte magnifique, surtout terminé par cette photo de la maternité déchirée...
j'ai trois enfants (41/31/18), pas de fête des mères ici,
pas de regrets non plus de ne pas être fêtée.
j'essaie d'être une meilleure mère au fil des ans,
et ne me sens pas méritante pour deux sous...
ils seront tous là dimanche prochain, pour le goûter...
et on parlera d'autre chose

Anonyme a dit…

Oui, la "fête des mères" peut être très cruelle pour qui ne l'est pas...
Ca me fait penser aussi à ces "félicitations !" qu'on voit adressées aux futures mères ou lors des naissances : félicitations de quoi ?! de quel effort, quel mérite ?
Bref...
Aude

Ladywaterloo a dit…

Merci à vous, merci aux femmes et hommes qui comprennent, et jamais je ne remercierai assez , ici la vie qui a été si bonne avec moi, et heureusement aussi avec d'autres

cela ne m'empêche pas de vivre, ni d'aimer, surtout d'aimer, mais cela m'oblige à l’honnêteté

Clo a dit…

merci de prendre le risque d'exposer un point de vue "pas comme il faut"
Ici on essaie juste de ne pas surinvestir les fêtes inscrites au calendrier, et plutôt de s'en servir comme pretexte à un moment partagé (certaines années plus que d'autres)
Pour "preuve" Pâques a cette année subit le même traitement (j'espère aussi ne pas trop choquer) mais nous avons attendu d'être en famille rassemblée pour fêter ce repère ;-)

mary a dit…

une pensée pour toutes ces mamans courage
7 enfants, **quelle belle famille**

Agathe a dit…

Ton billet pose la question du sens... Une fête n'a de sens que si elles signifie quelque chose pour nous. Qu'est ce que cela nous dit, comment est-ce que cela été transmis et que transmet-on en décidant de fêter quelque chose, quelqu'un ; ou non??? Comment fêter une fête pour que cela ait un sens qui nous fasse grandir. C'est valable aussi pour les fêtes religieuses.
Et le difficile chemin de mère de certaines n'enlève rien à la beauté de la maternité... ou sinon, comment oser fêter Noël par ex, alors que tant de gens sont dans la détresse???
Hier, j'ai porté toute la journée, un collier de nouilles autour du cou ; les yeux de ma Petite étaient brillants de fierté. Cela me suffit.

Françoise a dit…

UN beau texte, qui donne bien à penser,
à toutes celles pour lesquelles c'est vraiment très très difficile, ..
A toutes celles, qui élèvent des enfants des autres sans en avoir elles même,
A toutes celles, qui on perdu leur maman, et à qui ce jour rappelle le manque..

Mais pourtant, pour chacun de nous, il y a une personne à laquelle on songe avec reconnaissance, pour avoir bercer nos cauchemards d'enfants, avoir veiller à redresser nos dents de travers, à avoir encourager nos études, à avoir prévu dans les courses du ménage, le petit quelque chose qui fait spécialement plaisir, qui fait qu'on se sent un peu comme la rose du petit prince, 'unique au monde' malgré les millions d'autres roses...

Anne** a dit…

La façon dont tu obliges à prendre honnêtement position, à réfléchir intelligemment, me convient particulièrement. J'y vois là une richesse des blogs, c'est la seule chose qui m'intéresse dans leur lecture. Ta parole est engagée, donc elle est vraie.
Merci à Agathe pour ses paroles, et à Clotilde, "en pause" !

zenondelle a dit…

Rien de bien original dans mon message, tardif. Sinon que je partage cette nécessité d'ouverture sur le monde, sur les autres, et que comme Anne, c'est ce qui m'intéresse dans les blogs ... je suis lasse des ambiances feutrées, trop lisses, trop fausses et trop jolies ... ou alors il faut que ce soit poésie, et c'est rare ...
Alors Chapeau bas pour ce texte vrai, fort, qui vient des tripes et qui nous rappelle humblement à notre humanité à toutes. C'est ce que j'apprécie dans ton blog, cet appel ou ce rappel, constant ... Surtout n'arrêtes pas ...
Amitiés
Zénondelle