Tristes funérailles

Nous sommes de retour de funérailles, premier cousin du côté de mon mari qui disparaît  heureusement après ses parents,  si des funérailles ne sont jamais amusantes, elles peuvent être sereines lorsque la personne est très âgée ou au moins réconfortantes dans le rituel du passage, celles ci furent tristes, car la famille est désagrégée.


Des conflits hérités des parents voire des grands parents la mine depuis très longtemps, certains membres de la famille ayant fait des procès, d'autres sont suspectés, et parfois écartés, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Une trop grande propriété, trop lourde à porter. Mon mari a passé la moitié des vacances de son enfance dans ce château où je ne fus jamais admise à entrer, si ce n'est dans la cour.

Tristes funérailles malgré la présence chaleureuse de certains cousins, l'amour véritable de certains frères, mais Abel est seul, et ne veut plus voir personne, ou presque, sa femme n'ayant su le raisonner a épousé ses batailles, je ne sais plus pourquoi il se bat, ni pourquoi il ne veut à la terre entière, ses frères et soeur n'ont hérité comme lui que d'un trop lourd fardeau et ses cousins n'ont jamais rien eu à voir dans ses histoires.

Le marquis sera seul dans son château trop grand, trop froid, la petite réception suivant la cérémonie eut lieu dans une salle du village, il ne fut avec les autres.

L’atmosphère qui aurait due être triste et recueillie fut plombée par ces querelles, jolie messe d'adieu cependant grâce à la réelle affection  de certains, moment très émouvant au cimetière quand un petit frère dit adieu au grand, et réunion de cousins chaleureuse grâce à la gentillesse  et la préparation de certaines femmes de la famille.

J'espère qu'un jour, cette famille sera vraiment réunie, oubliant presque un demi siècle de querelles,  j'aimerais pour cette génération de petits enfants qui a vu leurs grands parents se déchirer , avant de voir leurs parents et oncles et tantes s'affronter, que l'unité se fera. Il y a de grandes et belles familles et d'autres qui ne le sont pas.

Mon homme a retrouvé cependant quelques cousins,  ils aimerait les revoir et je le souhaite aussi. Notre branche familiale s'est détachée il y a quarante ans, et si  des soubresauts l'habitent, aucune querelle aussi fondamentale ne la déchire.

Triste funérailles, mais à présent où son cercueil repose auprès de celui de ses parents et de son grand père, il rejoint des gens qui l'aiment et qui sont surement affreusement tristes de voir ce qu'il est advenu de leurs enfants. Dieu merci, dans sa mansuétude, pardonne, et devant la mort je me dis, comme tout le monde, que jamais je ne devrais oublier que notre temps sur terre est compté.

                                   Hériter d'un paradis est, parfois, hériter d'un enfer.