La maison, au fil des jours se remplissait, enfants, amis d'enfants... Comme presque chaque année nous affichâmes "complet" les quinze premiers jours d’Août. Charlotte, toute jeune maman, avait pensé judicieux d'inviter sa grand mère, ma mère, à la maison, cela permettait à maman de voir tous les enfants et évitait aux enfants d'aller voir leur grand mère. Elle ne doutait nullement du séisme que son invitation allait provoquer.
A mon grand désarroi, maman, accepta, et toute guillerette me téléphonait:
Allo, penelope? Ta fille elle ne dit jamais Charlotte dans ces cas là, mais TA fille, Ta fille m'a invité très gentiment, la route est difficile, mais il fait si chaud chez moi, que je suis tentée, je crois que je vais venir!
Heu, maman, Charlotte est Charlotte et moi, c'est moi, cela ne m'arrange pas du tout, la maison est pleine, on a besoin de se reposer John et moi, on est crevé, viens plutôt plus tard! Il n'y plus de chambre, proche d'une salle de bain avec un bon lit!
Charlotte m'a dit que ce n'est pas grave, il y aura toujours une chambre pour moi, ils échangeront de chambre s'il le faut, la maison est si grande!
Maman, ce n'est pas possible, la maison est vraiment pleine, c'est fatigant, viens plus tard, dans quinze jours je serai plus au calme.
Plus tard, pas du tout, je ne verrai personne, si je viens c'est pour voir tout le monde!
Maman, je ne peux pas te recevoir maintenant, je ne le veux pas! C'est la course lorsque nous sommes nombreux et ça me compliquerait vraiment ma vie, tu penses rester combien de temps?
Ecoute, penelope, avec toi, ce n'est jamais possible, Charlotte m'a invité, je viens, je pense rester une petite semaine!
Une semaine, de vacances avec ma mère, le bagne pour moi. Le bagne pour mon mari même s'il fait bonne figure. Maman est ce qu'on appelle une affective dépendante, qui ne supporte pas que je la laisse deux minutes seule lorsqu'elle est à la maison, elle me suit du salon à la cuisine, de la cuisine au jardin, du jardin à la salle à manger. Je ne peux plus lire, aller sur l'ordinateur, faire un tour du jardin le matin, je ne peux plus rien faire sans l'avoir sur mes talons.. Et moi, je me sens piégée, prisonnière et je n'ai qu'une idée, m'échapper. Très vite cette idée devient obsessionnelle.
Maman, si tu viens, je pars, je ne resterai pas, je ne peux pas faire face.
Tu plaisantes?
Non maman, si tu arrives, je me tire! J'ai besoin de repos, de plus cela va être mon anniversaire de mariage, et John et moi n'avons pas du tout envie de le fêter ainsi!
Tant pis, pars, je me débrouillerai très bien sans vous avec juste les enfants, d'ailleurs c'est eux que je viens voir, pas vous.
Ok, au revoir maman, j'espère que tu passeras un bon séjour, je reviendrai lorsque la maison sera plus calme.
Je raccrochais, déprimée, allant voir Charlotte, je lui demandais la date pour laquelle ma mère s'était annoncée, j'avais trois jours de répit. Mon mari me vit décliner au fil des heures. Personne ne songeait sérieusement que je pus partir, mais je savais que si je restais, je ne serai plus jamais "maître "chez moi. Le risque de voir maman prendre le pli de venir quand elle le souhaitait et non quand elle était invitée, était trop grand, je ne pouvais envisager de vivre ainsi, devant cacher mes faits et gestes à ma mère afin d'éviter qu'elle ne vienne à sa guise.
Lhom décida alors que nous allions mettre ma menace à exécution, lâchement nous sommes partis tous les deux, une semaine. Lorsque nous sommes revenus, maman était partie, Charlotte était dans la cuisine avec son bébé et une amie de jeunesse, mariée avec un bébé, elle aussi.
Elle me salua d'un joyeux:
Alors les fugueurs? De retour?
M'examina d'un oeil amusé et me dit
Hum, on dirait des vrais gitans!
Elle avait raison, nous avions campé, et aspirions à retrouver la fraîcheur de nos murs, la douceur de notre maison et l'eau chaude des douches.
Et le reste des vacances s'écoula au rythme de la tribu ordinaire. depuis Lhom et moi avons acheté un petit fourgon aménagé, superbe, et nous sommes toujours prêts à nous escapader.
Les enfants et maman ont trouvé cette semaine formidable, je leur ai proposé de recommencer lorsqu'ils le souhaitaient, cela ne me dérange nullement.
Cette année, maman passe quatre jours chez moi à la Pentecôte et de nouveau quelques jours pour Noël, la négociation entre ma conscience et la réalité de ce que je suis n'a pu aboutir à davantage!
11 commentaires:
Bravo!!Au moins on peut dire que vous êtes directe avec votre mère!Mais une question me turlupine, elle n'est pas un peu gonflée votre fille de se servir de votre maison comme de la sienne? Je n'arrête pas de dire à mes enfants qu'ils ne sont pas chez eux mais chez NOUS et que nous sommes seuls maîtres à bord!Ils fairont ce qu'ils veulent chez eux plus tard. Je crois qu'il faut que votre Charlotte amménage une chambre chez elle pour sa grand-mère ou loue un gîte où tout ce petit monde pourra passer des vacances (sans vous!!)Profitez bien de VOTRE maison!!!!
Extra ! Ou comment assumer de prendre le bon coté des choses :-)
Pour répondre à Sylvie T j'ai constaté (au gré d'un triste conflit familial) qu'il est très difficile pour les enfants de considérer leurs parents et leurs biens comme Personnes indépendantes et vivants une vie propre... La maison de famille est intimement la leur et ils tombent des nues si on ose leur rappeler que c'est celle d'un couple... ;-)
Revers de la médaille de la maison de famille idéale et accueillante ;-D
Vive les fugues !
(il n'y a de ma part aucune critique sous entendue, l'histoire est toute jolie et la semaine chez vous sans vous est certainement accrochée au palmarès des originalités de votre histoire familiale)
Ma maison est grande et mes filles vivent dans des mégapoles en bossant de surcroît.
Charlotte n'a pas du tout pensé à mal en invitant sa grand mère, elle voyait le côté "pratique du truc" mais ma mère aurait du comprendre tout de suite que si je disais non, c'était non.
Je profite au maximum de ma maison, mais jamais nous n'aurions acheté une telle maison si ce n'était pour recevoir nos enfants, et leur laisser la possibilité aussi d'inviter des amis...
C'est effectivement une maison de famille, qui est la notre.
Victoria, deux ans, disait, dimanche:
La maison de Pacha et Mamina c'est un peu aussi ma maison!
Je ne me sentais pas chez moi, chez mes parents et de fait, je suis plutôt très contente que mes enfants s'y sentent chez eux.
Maman c'est pas la 1ere fois que tu brodes pour avoir un truc interessant a raconter sur ton blog, mais la, j'en ai un peu marre....
franchement, est-ce assez credible, pour ceux qui me connaissent, d'imaginez que j'ai pu inviter Mamy, que j'ai autant de mal a supporter que toi, pour passer avec elle l'une de mes 3 petites semaines de vacances d'ete ???? non, franchement, pas credible du tout. Je n'ai pas plus que toi envie de passer une semaine avec ta mere.
Mamy s'etait invitée toute seule,et si elle t'as dit que c'etait moi qui l'avait fait je me demande comment me connaissant tu as pu la croire. Que j'ai pris sa defense parce que je ne trouvais pas tres charitable que tu l'empeches de venir passer un moment voir ses petits-enfants (nb: je ne suis pas seule, elle en a 7 dans cette maison!), s'est autre chose...
je n'evite pas de passer chez elle, je te rappelle que je me suis deja arretee chez elle, a l'epoque ou elle acceptait encore de recevoir du monde....
jamais je n'ai invité personne a la maison sans vous avoir demandé la permission avant.
alors stp, arrete de raconter n'importe quoi...
Je suis désolée Charlotte si je vous ai blessé, vous avez raison, nous n'avons pas à nous méler de vos histoires et celle-ci est, il est vraie un peu cruelle et très intime .Ladywaterloo,je vous ai écrit un jour que vos écrits me chiffonnaient, là je suis un peu refroidie! je pense que vous devriez inviter votre mère et votre fille autour d'un café pour vous dire les choses en face, si c'est déjà fait, alors il n'est peut-être pas besoin de le refaire ici? Enfin je ne veux pas juger mais l'amour c'est aussi pardonner, les baptèmes vont peut-être vous aider...Sinon à quoi bon faire entrer ces petits enfants dans le peuple des chrétiens? Pardonnées moi de vous avoir blessée.
Et bien je l'ai cru car en principe maman ne ment jamais. en fait j'ai supposé qu'elle t'avais culpabilisé un max et forcé la main.
@Sylvie, vous ne m'avez pas blessé, ni Charlotte d'ailleurs. Même si le fait que je ne m'entende pas avec maman n'est pas facile à vivre, nous ne sommes pas brouillées pour autant.
les relations mère/fille sont connues pour ne pas être faciles. Ma mère est carrément odieuse avec moi et ne supporte pas de me voir si proche de ma fille...
j'ai relu mon billet d'hier et effectivement, il y a quelques mots, que je n'aurais pas du écrire: "Charlotte avait trouvé judicieux d’inviter maman", car je n'en sais rien, il eut fallu dire un préalable de plusieurs conversations téléphoniques dans lesquels maman était désolée de ne pas voir davantage ses arrières petits enfants, enfin j'imagine, et qu'elle a elle même proposé de venir à la maison ce qui est difficile de refuser. Maman ne veut presque plus recevoir, ce qui complique quand même les choses.
Je me demande si je ne vais pas réécrire ce billet! en sautant le début, que j'ignore en fait.
Ah, je vois aujourd'hui qu'il convient de ne pas confondre les "Charlotte".
C'est une chance d'échanger ainsi, même si quelques malentendus se glissent. Mes enfants pensent souvent que je déforme les souvenirs, leurs paroles, que ce n'est pas eux, mais un de leurs frères, que j'ai tout inventé, déformé. Je me demande alors si j'ai le droit de parler, mais finalement, c'est aussi de belles occasions de revenir sur des moments inoubliables ! de confronter le vécu et les souvenirs de chacun. Même de ceux qui ont tout oublié ! disent-ils ...
Pour reprendre le premier commentaire... Je tiens à souligner que je me sens quand même un peu chez moi chez les parents, où tout est fait pour nous accueillir! Quand à Victoria, elle considère que c'est tout à fait chez elle!
Etre chez soi, ne signifie pas être sans gêne, et je crois (j'espère!) ne pas trop déranger les parents et mes plus jeunes frères... Car chez soi, on essaie de vivre à peu près en harmonie avec ceux qui s'y trouve, et on accepte volontier (ou un peu moins volontier parfois) sa part de tâches (cuisine, ménage...).
Je n'hésite pas à inviter des amis avec l'accord préalable des parents, ou à m'inviter pour le week-end... Et c'est ce qui fait que la maison reste vivante.
Louer un gîte, voir même un très grand gîte pour accueillir tout le monde, est utopique. Cela demande une organisation incroyable pour être sûr des dates de tout le monde, le déménagement de la moitié de nos maison car aucun gîte n'est autant fourni en jeux, jouets, palmes, serviettes de piscine, matériel de puériculture et équipement divers, et bien sûr cela engendrerait des dépenses énormes.
Les parents appréhendent toujours un peu la période des grandes invasions, mais la maison resiste très bien aux hordes d'enfants et s'équipe et s'aménage d'année en année, comme une invitation à revenir!
Alice exprime exactement ce que chaque mère aurait grand plaisir à entendre. C'est à la fois respectueux, mature et plein d'affection pour les lieux qui vous rassemblent et leurs occupants permanents.
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