Noël impairs

                                                Lasagnes, huit kilos? Pour le 22 ou le 23...




Lorsque Charlotte s'est mariée, Greg me mit devant la réalité, dans sa famille, ils s'étaient mis au pas de leur première famille alliée, partie adverse aussi nombreuse que la notre, et eux fêtaient Noël en famille les années impaires, donc la famille de Greg avait les années paires et la moitié de la France, dont nous, avons nos enfants les années impaires.


2011, ne sera pas exceptionnel, ni routinier, fatigant parfois usant, mais comme les autres quelque fois émouvant et souvent drôle, les réunions tribales dans ses us et coutumes ne sont rarement aussi amusantes que lors des Noëls, concentrés de saveurs de madeleines et nous n'avons pas tous les mêmes madeleines.


Mon homme déteste deux choses, les dindes farcies (les oies ne l'agréent pas plus) et les bûches!  Aussi il y eut un temps où nous étions trop peu nombreux pour une dinde, puis celui où nous sommes trop nombreux pour une voire deux dindes et pire" Imagines ma chérie, le temps de découpe, présentation dans les plats, nettoyage de la cuisine... Impensable"


Dans la voiture je rigolais doucement car mon homme m'avait tour à tour sorti l'argument du travail colossal que demande la préparation de ces volatiles honnis, puis  de mon horreur supposée pour ce type de cuisine, et enfin argument massue la nécessité d'un temps de cuisson très long.... Mon mari déteste les menus de fête type, enfin sauf le champagne et le foie gras  (là, on reste sans coeur)

Aussi les années impaires Noël est tout à l'envers!  Pas de dinde ni de bûche, et des casses têtes pour tout ce qui n'est pas inscrit dans des us immémoriaux, genre, chez nous, boudin blanc, marrons, pommes le 24 à midi, je sais quoi faire! Notre tradition ensuite est de dîner après une messe de la nativité tôt célébré, d'un buffet froid succédant à un apéro champagne cadeaux, cette séance cadeaux étant assez longue, les enfants ouvrant les leurs bien avant leurs parents, tout en remplissant leurs petits ventres,  ils se mettent rarement à table avec nous.

Les jeunes restent traditionnellement bien après les vieux (nous) et les jeunes mères sachant être debout tôt le lendemain, il se retrouvent  réunis autour de nouveaux jeux, il ne se passe guère de vacances sans Monopoly où valsent plateau et petites maisons, Poker et mallette pleine de sous que les joueurs gagneront en transgressant les règles, tricher en jouant fait partie du jeu, la jeu n'est pas sérieux, par définition, il permet juste de faire ce que l'on ne fait pas d'habitude.

Et en ces temps incertains où de sordides maltraitances d'enfants assombrissent le climat déjà si lourd, il est capital de déguiser la maison et de faire tout pour que ces temps de refuge où les régressions sont permises, voire encouragées nous puisions la force dans nos racines, parfois dans  ces rituels nous semblent dérisoires, ridicules et superficiels nous nous ancrons. Les fêtes durent très peu de temps, la préparation et les souvenirs qu'elles nous laisseront occuperont bien plus d'espace que notre quotidien.


Cette année je n'ai pas encore fait de listes, signe que j'assure surement,  où que cela me semble encore bien loin,  mon congélateur qui se remplit et la maison attend encore un peu avant de revêtir ses habits verts et rouges.

                                     Tartes Tatin, devant encore légèrement cuire avant d'être démoulées.