Trop doués? Surtout pour souffrir, sous doués?

Hier soir j'ai soupiré de joie, ne pouvant me retenir j'ai fait la lecture du blues des  gens doués, à mon mari, qui a adoré (...) et surtout à qui je n'ai rien appris. HP ou pas HP cela change quoi?

Enfant j'avais appris à lire trop tôt, et avais pris un peu d'avance à l'école mais de toute façon j'ai tout fait trop tôt, même (et surtout) me marier et avoir des enfants, je fus regardée parfois comme un monstre, l'âge m'a redonné une normalité à laquelle j'aspirais.

 Toute petite je pensais être exactement  "comme les autres", je ne pris véritablement conscience de ma petite  différence qu'en quatrième, j'avais environ deux ans de moins que l'ensemble de mes co-apprenantes. Nous avions un bon prof de math, redouté par presque  toutes, donnant, il parait des tonnes de travail, à chaque DM (devoir à la maison) des concerts de protestations s'élevaient que je ne comprenais pas et auxquels je ne participais pas.

Un matin d'hiver, en février peut être, , le professeur rendait nos copies, j'étais, à mon accoutumée, première avec 16 ou 17, pas surprise ni déçue, le prof m'avait ôté deux ou trois points pour la présentation et l'orthographe, mais vu que j'avais fait ce devoir donné depuis trois semaines et oublié,  juste avant de le rendre en vingt minutes....

A l'inter-cours suivant, une des filles que j'admirais, Patricia, vint me voir et furieuse me dit en criant:

 A cause de toi  on a des devoirs de plus en plus durs! C'est dégueulasse tu ne fais rien, tu fais tes devoirs dans le bus je t'ai vu!  C'est injuste tu ne fiches rien et tu es toujours première.....


Patricia était une fille que j'enviais, jolie, intelligente, si bien dans sa peau, ayant plein d'amies, je fus stupéfaite de l'entendre ainsi m'accuser. Je pris la résolution de ne plus faire les devoirs dans le bus et d'essayer de laisser au moins un exercice sans le résoudre. Mes "soit disant" facilités me valurent d'être toujours suspecte, de quoi? Je ne sais pas mais  la violence  à mon encontre était  rarement loin, tout au moins à l'aulne de mon hypersensiblité. J'avais pourtant appris à me taire, ne pas poser de questions, me faire oublier.


Mon intuition me servait  de ligne conductrice, mes profs notaient

Bien vu, Mais où est la démonstration?
Sans démonstration complète  vos résultats sont caducs! Dommage...




J'avais selon, moi, tout expliqué, mais compris que définitivement mon cerveau ne marchait pas comme celui des autres, je butais éternellement sur des choses qui paraissaient simples aux autres, manquais complètement d'agilité manuelle et pire me retrouvais démunie face à des mécanismes que tout le monde comprenait sauf moi. (horaires de train,  problème de fuseau horaires et autres trucs similaires)


Je suis depuis mon enfance handicapée par mon empathie, depuis deux jours, j'évite le plus soigneusement possible de penser au tout petit, mort dans un lave linge, écrire ces mots aujourd'hui est difficile, hier je n'ai pu penser à autre chose, tellement cette histoire me parait pire que tout ce que je pouvais imaginer, même les nazis ne torturaient pas leurs enfants.

                                    Exclusivement en dehors des yeux de vos petits tous, empathes.


Toute mon enfance les gens ont attendu de moi des trucs que je ne pouvais faire, je me dépêtrais mal de ce qu'ils ignoraient et eux se heurtaient à des trucs si simples, la différence. qui empêche d'être heureux et d'être "comme les autres" que l'on envie et qui nous surprennent toujours par leurs talents à vivre heureux, ils sont si forts....

 La vie me faisait peur, la dureté des gens, la violence inouïe qui règne partout, surtout celles si communes faite aux plus faibles, aux enfants, ne pas les écouter, les prendre  pour des prolongements de leurs mères; violences faites  aux handicapés, traités comme des parasites, inutiles voire  nuisibles, méprisables. Violences aussi faites aux personnes âgées, bousculées, méprisées, oubliées. Violence faites aux malades, aux chômeurs, à tous dès que la cuirasse laisse un simple accroc. Qui n'a pas d'accroc dans sa cuirasse?

Je ne sais pas si je suis trop douée pour certains trucs, mais je sais que je n'ai aucune cuirasse et suis bien souvent paralysée par des idées horribles qui m'envahissent et ma paralysent sans que je n'y puisse rien, et cela malgré tous les codes et barrages que j'ai mentalement dressés pour me protéger.  De l'autruche se plongeant la tête dans le sable pour m'endormir ( pas très cool, mais efficace, si vous savez assez bien devenir autruche) au corps-robot dans les rayons de l'hyper marché qui abat le travail sans état d'âme.

Depuis que je suis adulte, j'essaie d'expliquer et de prévenir, les enfants un peu plus rapides pour certaines choses ont des barrières énormes à franchir pour avancer d'un pas, s'ils tombent de la ligne du carrelage le feu les empare, s'ils voient une vieille femme fouiller dans une poubelle des années durant cette image les hantera par intermittence, l'empathie, cette ennemie qui empêche parfois de vivre.

Tous mes enfants sont fabuleux, quel que soit leur type de personnalité  et avec les accessoires dont leurs cerveaux disposent, j'ai essayé à  mettre en place la seule thérapie valable, les cocooner, les protéger et surtout ne rien leur demander touts petits, le temps que leurs égos puissent se constituer et affronter les horreurs du monde ordinaire.

Le tabou de l'intelligence est effarant, à croire que l'intelligence n'a qu'une tempo, qu'une couleur,  qu'une vibration les intelligences sont multiples, et les tests ne seront efficaces et complets que lorsqu’ils donneront un croquis avec  l'intelligence du coeur, celle des mains, la compréhension des hommes, celle des animaux et de la nature, la capacité d'aimer, la capacité d'être drôle, celle de profiter de la vie et milles choses moins stigmatisantes  et  qui définissent au moins tout autant un être humain.