mardi 20 janvier 2015

L'Apartheid.

Valls a dit


Il existe en France « un apartheid territorial, social, ethnique ». Les mots sont forts, surtout dans la bouche d'un premier ministre. Manuel Valls, qui s'exprimait mardi 20 janvier lors de ses vœux à la presse, est revenu sur ces « maux qui rongent notre pays », deux semaines après les attentats de Paris et de Montrouge.

« Il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence. (...) Les émeutes de 2005, qui aujourd'hui s'en rappelle ? Et pourtant... les stigmates sont toujours présents », a-t-il souligné avant d'insister sur « la relégation périurbaine, les ghettos ».
A cette « misère sociale », selon les mots du chef du gouvernement, « s'additionnent les discriminations quotidiennes parce que l'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau, ou bien parce que l'on est une femme ».  Le Monde


 Valls a raison, big brother a toujours raison, mais l'apartheid se fait dans l'autre sens plutôt, les gens fuient ce qu'ils n'aiment pas, et on ne peut pas les obliger à aimer certaines façons de vivre, ni  même à les  forcer à les accepter. Les français ont le choix de vivre là où ils le veulent, sauf en région parisienne et dans les grandes villes de province où ils vivent surtout là où ils le peuvent.

Je choisissais mes logements en fonction des écoles dont ils dépendaient. la dernière fois que j'ai déménagé, je suis allée sur le site du rectorat et ai noté toutes les voies qui donnaient un passe d'entrée dans le lycée convié, prenant un plan de la ville, j'avais surligné au stabylo vert les rues où je pouvais me loger et en orange celles dont une partie seulement correspondait à mes attentes. Je me suis logé ainsi dans un appartement qui était moins bien qu'un autre, mais ne l'ai jamais regretté, c'était mon choix, ma priorité. On peut contester ce choix on ne peut pas me l'interdire.

Il y a quelques années lasse d'avoir du linge volé dans mon jardin si je l'y laissais la nuit, agacée de devoir me précipiter dans la rue dès que les éboueurs passaient afin de récupérer ma poubelle avant qu'on me la pique, stressée par les incivilités nombreuses, des "petits vols" aux  "petites dégradations", épuisée par le  bruit, rebutée par la saleté.

Enervée aussi par l'ambiance générale qui avait pour seul crédo, gagner le plus d'argent possible en travaillant le moins possible, et surtout sans  payer d'impôts, que ce soit par des magouilles, des pensions touchées de manière parfois illicite ou du travail au noir.

J'ai abandonné le sud-sud et me suis réfugiée loin de toute grande ville.

On ne peut pas obliger les gens à subir des petits enuis qui deviennent des violences par leur répétition.

Big Brother a raison, mais en sens inverse, beaucoup de gens abandonnent des logements qu'ils aiment, des quartiers qui furent adorés car la vie y devient trop dure. L'apartheid se crée ainsi par abandon de territoires, les plus gênés s'en vont, d'abord les plus aisés puis peu à peu la fuite se généralise.




La mixité ne reviendra non en obligeant les gens à retourner habiter dans ces logements, ce qui est condamné par avance, mais en relevant le niveau d'exigences de calme et de paix. On peut planter des arbres, dessiner des jardins, repeindre les façades, il suffit de quelques familles pour qui le "vivre ensemble" n'a pas le même sens pour que cela ne serve à rien.

 Vivre ensemble demande de  respecter les infrastructures, les locaux communs, les jardins, cela demande ne ne pas jeter les poubelles par les fenêtres mais de les descendre,  de ne pas faire hurler les  télés  même pendant les matchs de foot,  que les jeunes  ne crachent pas dans les escaliers, que les gosses ne trainent pas dehors, à ces mille petites choses que bien des gens ne supportent plus.

Big Brother nous surveille, mais je n'ai pas peur, j'affirme haut et fort que nous aussi on a le droit de vivre comme il nous plait et il n'est pas né celui qui m'obligera à vivre autrement.

3 commentaires:

Lyly a dit…

Je vous rejoins. Contrairement a la legende urbaine les grands ensembles hlm n'ont jamais ete construit pour parquet les immigres. Ils ont ete construit dans les annees 50 et faisaient figure de luxe avec des toilettes et des salles de bain. Le regroupement familial maghrebin ne date que de 1974. Avant les hommes celibataires vivaient dans des pensions specifiques. J'ai les hlm de mes grands-parents n'ayant pas un seul graffiti pas un seul ravalement pendant 40 ans se deteriorer d'un coup dans les annees 90. C'etaient les habitants qui faisaient le menage dans les couloirs (la gardienne faisait plus figure d'inspectrice) les enfants n'avaient pas le droit d'aller seuls dans l'ascenseur, pas le droit de courir, tout le monde chuchotait. Meme si ce n'etait pss le meme contexte economique, il y avait beaucoup de cas sociaux d'alcool de famille nombreuse. Et pourtant un respect absolu de la proprete et de la tranquilite des lieux.
Et petit a petit les vieilles familles sont parties ca me herisse de voir les ravalements annuels les poubelles jetees par la fenetre, les jeunes hommes qui exigent que la societe leur trouvent des occupations pour ne pas s'ennuyer (jamais leurs soeurs et on se demande ce que font les millions d'autres ados qui n'ont certainement pas l'autorisation de sortir un soir de semaine ou l'argent de poche pour faire des fetes le we). Et toujours cette legende de parquage des immigres qui nient tout un pan de l'histoire des ouvriers franciliens et de l'exode rural apres-guerre.

Ladywaterloo a dit…

J'ai vécu 15 mois dans les années 70 dans un HLM, on se partageait le ménage entre locataires de même paliers, je vivais au 4ème, il n'y avait pas de graffitis, ni tout ce qui rend la vie infernale aujorud'hui dans de tels immeubles. Mais il y avait beaucoup de problèmes sociaux.

On y habitait dans le cadre d'un accord entre l'administration et la ville pour une meilleure mixité sociale, l'administration devait loger une partie de ses cadres dans des logements HLM, c'était les jeunes qui s'y collaient.

Je ne sais pas si ça servait à quelque chose, on ne le saura jamais.
Inutile de vous dire que j'étais attendue au tournant pour les corvées ménage, on avait l'étage le plus propre de l'immeuble du coup :)

margo a dit…

Une de mes tantes vivaient avec son mari et ses cinq enfants dans un HLM dans la région de Mantes. La cité était alors occupée dans la quasi totalité par du personnel de l'usine Renault de Flins, le matin et le soir des bus véhiculaient les ouvriers qui n'avaient pas de voiture.
C'était dans les années 70 et je peux dire que pour moi la petite parisienne quand j'y allais c'était le paradis.
Les gens étaient gentils, ils se connaissaient tous et les enfants passaient d'un appartement à l'autre pour jouer. Il y avait un terrain de jeu (c'était la grande affaire) et on jouait même à cache-cache dans les caves! inimaginable à l'heure actuelle. Les habitants étaient des ouvriers souvent issus de province et ils s'étaient recréé une vie de village, tranquille et conviviale.
Ca n'était pas un ghetto, loin de là.
J'ignore comme cela est à l'heure actuelle mais j'imagine assez bien.