mardi 15 mars 2011

Géant au pied d'argile.

Depuis que je suis ado, je sais que notre monde n'est qu'un géant au pied d'argile, mon entourage se moque régulièrement de moi et Lhom martèle" Péné, le pire n'est jamais sur".


Je suis probablement née ainsi et me suis bâtie dans un environnement peu rassurant, j'ai une peur panique des tremblements de terre depuis que je suis toute petite. J'étais en CE2 à Marseille lorsque mon institutrice nous a expliqué longuement que la Provence pouvait être engloutie d'un moment à l'autre. A ma grande stupeur les autres enfants paraissaient plus amusés qu'inquiets.  Je me souviens qu'en rentrant chez moi,  j'avais expliqué à mes parents qu'il nous fallait déménager tout de suite tant le risque d'être tous anéantis me paraissait imminent. Mes parents avaient ri et m'avaient rassuré. J'avais alors ravalé mes alarmes en  jugeant  les adultes parfaitement inconscients.





Plus tard, j'ai eu la confirmation que la terre pouvait réellement se dérober sous nos pieds. je vivais à ce moment là en Martinique, jeunesse dorée où mes préoccupations furent plus souvent  celles de savoir comment m'habiller à la prochaine "boum" que l'avenir du monde.

Un samedi après midi, je travaillais dans ma chambre quand un silence se fit, immense et oppressant tout s'était tu, plus de chant d'oiseaux, plus rien. Puis un grondement énorme et sourd venu de je ne sais où roula me figeant de terreur. J'entendais de ma chambre la vaisselle cliqueter dans le séjour, les bibelots tomber. Je restais assise, sans bouger. Très vite j'entendis des cris m'appelant du jardin.

Penelope, sort tout de suite!


Passe par la fenêtre

J'étais indécise, la fenêtre me paraissait trop haute pour que je l'enjambe, il y  avait environ deux mètres, je ne l'avais jamais fait. Devais je prendre ou pas mes oiseaux? Adorant les animaux, j'avais en effet obtenu la permission d'avoir une cage de canaris dans ma chambre. Je me levais  et fis quelques pas vers mes oiseaux.

Les cris se multipliaient et me paralysaient encore plus.

Penelope que fais tu! Viens tout de suite!

Je finis par sortir de ma chambre sans mes oiseaux en passant par le salon puis par la véranda, le tremblement de terre se calmait peu à peu.

Je me rappelle  d'avoir retrouvé mes parents et mes deux jeunes frères sur la pelouse du jardin, nous avons attendu un peu puis sommes rentrés ensemble dans la maison. Ma mère m'abreuvait de reproches, mon père ne me dit rien, je n'avais aucune explication. Après avoir inspecté et rangé la maison, nous avons fait le tour du voisinage, annoncions nos dégâts: "Le pilier du portail a bougé, on ne peut plus le fermer, le lavoir s'est détaché  de la maison et la cabane à outils est tombée"


S'il y avait eu pas mal de dégâts matériels je ne me souviens pas qu'il y ait eu de victime. La nuit suivante, il y eut de nouveau un tremblement de terre, une réplique sans doute,  réveillée brutalement je me levais alors que mon lit  bougeait, la terre tanguait sous mes pieds. Je fus surprise de n'entendre aucun bruit dans la maison, lorsque parvenue dans le salon je me suis rendue compte que rien ne bougeait, c'était un cauchemar, premier d'une nouvelle série, que j'intitulais sobrement "réplique de cauchemar"


Aujourd'hui comme tout le monde, je vis suspendue aux nouvelles et espère que John ait raison, une fois encore, "le pire n'est jamais sur". L'argile de ces centrales résistera t-il assez pour éviter le pire?

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