Ce matin j'ai téléphoné à maman et, cela c'est de nouveau mal passé.
Ce n'est pas nouveau, pas donc cela ne devrait pas être une surprise, le plus surprenant est que au fond de moi doit survivre un brin de petite fille qui espère encore, qui aimerait arriver à "réparer" les choses, réparer la vie.
Ma première préoccupation est, depuis très longtemps, la maison de maman, j'ai toujours eu le sentiment que la maison est un peu le reflet de l'âme de ses habitants. Son mas était un chaos, un naufrage, mon mari, et moi étions allés ranger chez elle il y a six semaines, plusieurs jours de travail acharné, avec des gants de ménages,à cause des dégâts des souris, pour les placards, des tonnes de sacs poubelles et beaucoup de courage.
Nous n'avons pas effectué tout le travail, car maman s'y est opposée mais nous avons pu ranger environ 75% de sa maison, en partant naturellement elle m'avait promis de finir de jeter les papiers et de ranger sa cuisine, elle n'en a rien fait. Maman m'a interdit d'entrer dans sa suite parentale, la chambre, son bordeling-room et la salle de bain doivent être dans leur état naturel, jamais je n'ai eu la permission d’entrer librement dans la chambre de ma mère, en son absence elle ferme à clefs. Lorsque je vois mes enfants et petits enfants entrer et sortir de ma chambre, signalant lorsqu'ils savent que j'y suis, par deux petits coups à la porte leur arrivée, je suis épatée:
Charlotte me demandait parfois
Je peux prendre des chaussettes, j'ai oublié d'en apporter
Alice cherchant une étole pour compléter une tenue de mariage
Un de mes petits fils cherchant une Game Boy ou des piles..
En septembre, je ne sais plus combien d'aller retour à la déchetterie mon mari et mon frère ont effectué afin d' évacuer une partie du trop plein qui étouffait la maison, en partant il restait les "monstres", mon frère avait téléphoné à la mairie pour qu'ils viennent, j'espère qu'ils sont passés, je n'ai pas osé le lui demander, un énorme tas de vieux bois et planches restait à brûler sur une restanque, peut être rien n'a bougé.
J'avais pourtant par écrit expliqué comment elle pouvait s'y prendre afin de terminer ce qu'il y avait à faire, mais elle a avancé la même excuse que celle dont elle se sert depuis toujours "ces temps ci, je suis fatiguée" la variante étant "ma femme de ménage n'a pas pu venir", bien qu'elle ait affirmé pouvoir et savoir finir le reste très vite, je suppose qu'elle a ouvert un placard rangé et y a fourgué ce qu'elle ne voulait plus voir. Lorsque maman sent les gens vraiment réprobatifs elle avancera les multiples deuils qu'elle a vécu, sans comprendre l'effet morbide que son mas inflige à tous ses visiteurs.
On devrait tresser des lauriers à l'aide ménagère qui vient chez ma mère, elle supporte de faire le ménage "autour" des tas, tas de papiers, de revues, de boites en plastiques, de bocaux, tas dans les coins, sous les tables, derrière le canapé, maman use et abuse de tous les stratagèmes, elle a ainsi juponné des tables afin de pouvoir planquer des trucs en dessous, se sert d'un de ses trois fours comme rangement il y a un four sur la paillasse de son évier, donc elle met la vaisselle à sécher sur un plan de travail... Ma mère a réussi l'exploit de noyer l'ensemble des pièces de son immense maison, arrivant à infliger ses désordres strictement partout.
Rien chez elle n'est pratique, ni logique, elle rangeait ainsi la crèche au second étage sur un lit entre milles autres choses, rassurez vous et les décorations de Noël, dans deux placards différents du rez de chaussée. Le mas extrêmement malcommode avait été entièrement restauré, malheureusement selon ses plans, un premier architecte ayant refusé de travailler ainsi, un second fut appelé, la maison ne comporte aucun endroit pour ranger un aspirateur ou une poubelle, pas une seule penderie pour les vêtements des visiteurs et ainsi de suite.
J'en veux profondément à ma mère de ne pas vivre normalement et je sais que j'ai toujours souffert de son extrême désordre. A l'époque où mon père vivait, elle contenait plus ou moins son espace de désordre, le salon était toujours nickel, dès que mon père s'absentait les choses reprenaient leur cours naturel.
J'ai gardé des allergies à certaines choses, je ne supporte pas, par exemple de voir une table à repasser ouverte si personne ne repasse, si ce n'est dans une buanderie naturellement. Je reverrai toute ma vie la chambre de maman avec sa table à repasser perpétuellement ouverte, ensevelie sous un énorme tas de linge, de revues, de journaux formant des strates, l'ensemble allant sur le lit lorsqu'elle repassait.
L'idée qu'elle vive dans un chaos perpétuel me rend positivement malade, j'en ai fait des cauchemars pendant plus d'un mois, après mon retour, chaque nuit. J'aurais aimé pour le moins qu'elle soit heureuse de ne plus vivre dans ce qui ressemblait plus à un camp de Rom qu'à un joli mas, elle me répond qu'elle ne regarde pas et qu'elle se moque de sa maison...
Il y a des choses immuables, je crois, jamais ma mère ne vivra dans une maison ouverte et accueillante, jamais je ne l'accepterai, je ne sais pas pourquoi je ne peux dépasser cette souffrance, même si je sais que les racines viennent de mon enfance. L'enfant qui est en nous arrête t-il un jour de nous faire souffrir? Peut on se guérir de son enfance?
Blog "Secret Agent Joséphine"
8 commentaires:
Bonsoir Lady.Je pense que l'enfant qui reste en nous peut fortement diminuer sa souffrance en prenant ses distances avec sa mère. Une distance matérielle (éloignement géographique, espacement des contacts dans le temps) mais aussi une distance immatérielle. Qu'est-ce que j'entends par là? Accepter sa mère telle qu'elle est. Se dire:"elle est comme ça, eh bien qu'elle reste comme ça avec la vie qu'elle mène". Je pense depuis longtemps qu'on ne peut changer les adultes.
En fait, tu t'es fait du mal en essayant de ranger sa maison. Tout ça pour rien puisqu'elle ne veut pas changer. Je crains que sa maison dans 6 mois soit de nouveau dans le même état que avant le rangement. Je sais que ça te rends triste qu'elle vive comme ça car elle ne peut accueillir personne. Mais c'est comme ça. Tes enfants s'en fichent. Bénédicte qui a eu aussi une mère bizarre, pas mature, toxique.
Je suis contente d'avoir rangé la maison, je me dis qu'avec un peu de chance, elle vieillit et n'arrivera plus à refaire autant de dégâts (il y avait des souris partout, des étagères qui se sont effondrées avec de la vaisselle dans un buffet pourri..)
En six mois elle ne peut pas matériellement accumuler autant, on a vidé je dirais au moins 20m3, probablement plus.
Mon mari m'a dit que mon père serait fier de moi, je crois que même si maman s'en fiche, en fait cela lui sera plus facile de recevoir un médecin.
Merci de ta gentillesse, il me faudrait arriver à prendre de la distance immatériellement, mais je crois que je me sens responsable de ma mère.
Bonjour Lady, enfant je me suis sentie fort responsable de ma mère qui était immature, qui a malheureusement fait six enfants dont j'étais malheureusement l'aînée. Pour couronner le tout , elle travaillait quasiment à temps-plein! J'ai donc dû, enfant, être une seconde mère pour les petits, une ménagère qui préparait souvent le repas à dix ans à peine et nettoyait toute la maison. Mais le pire c'est que j'ai dû à certains moments être la mère de ma mère; ce qui est destructeur pour un enfant. Etant hyper responsable et voulant être aimée par elle, j'ai dû la rassurer face à des grosses angoisses qu'elle avait: moi j'avais 12 ans! Tout cela ne s'est pas sans casse pour moi. J'ai eu des problèmes psychologiques à la fin de l'adolescence. Heureusement, j'ai cherché de l'aide auprès de psy qui m'ont aidé à m'en sortir. J'ai pris de sérieuses distances par rapport à ma mère. Aujourd'hui, j'ai quarante ans, je suis heureuse, j'ai deux filles, un mari génial. Nous faisons un maximum pour bien élever nos filles et je pense que nous nous débrouillons bien! J'aime ma mère mais je lui en veux. C'est normal, non? Si elle a besoin d'aide, je l'aiderai mais en mettant mon armure de protection et en ne prenant pas à sa place les décisions qu'elle devrait prendre et ne prend pas. Pour conclure, je trouve qu'on est responsable de ses enfants mais pas de ses parents! Dans ton cas, elle t'a donné la vie. Ok c'est pas mal mais ensuite elle a pas mal foiré. Peut-être n'était elle pas capable de faire autrement (immaturité psy, ...) mais moi je trouve que tu ne lui doit RIEN. Uniquement un peu d'aide si elle te le demande mais en mettant ton armure de protection! Amicalement, Bénédicte
J'ai vu des psys aussi mais je n'y arrive pas complètement, maman est "gentille" avec moi... et destructrice, immature certes, mais elle n'est pas responsable de son immaturité, mes deux frères en sont morts, tu le sais, elle en souffre terriblement mais ne fait jamais de relecture de sa vie.
je dois vraiment essayer de me protéger mieux, comme toi, j'ai réussi ma vie, à côté, je dois l'aider mais sans m'impliquer, et cela mon homme saurait faire, pas moi!
Euh, moi, c'est à 14 ans, que j'ai du faire le ménage de la maison, la cuisine, maman s'est remise à travailler à la mort de mon frère aîné et a trouvé que "ça m'occupait".
Je passais même la serpillière tous les jours, pensant ainsi retrouver de l'estime auprès de ma mère^^^^
Cela m'a occupé, certes,, mais ensuite je me suis vite retrouvée dans une situation délicate, je tenais bien la maison et cela la gênait!
Question galère, on a vécu les mêmes je le crois, être la fille d'une mère immature est terrible, maman m'a dit une fois que si elle avait eu la pilule elle n'aurait pas eu plus de trois enfants, nous étions cinq, pas de chance...
C'est triste mais je pense qu'il faut arrêter de faire le ménage chez votre mère comme vous le faisiez à 14 ans pour être aimée peut être, là c'est trop tard.Vous vous faites mal, il y a des professionnels pour cela, des sociétés qui font le ménage... parce que votre mère n'a pas l'air d'aller bien, si elle est sale et entasse c'est une maladie non ? Et il y a une réelle souffrance.
Maman est extrêmement soignée et sa maison nickel, enfin, pas dans les placards où il y a "de tout" mais sinon, elle est, en fait, bien plus minutieuse que moi. Maman est gentille bien plus que moi, mais effectivement il faut vraiment que je progresse en acceptant le fossé qui nous sépare et en apprenant à "faire semblant".
Le meilleur conseil que j'ai trouvé dans un livre de Feng Shui... lorsque ces pensées destructrices arrivent, en prendre note et passer à autre chose qui est constructif pour nous... écrire sur le blog, tricoter, faire un bon petit plat, redécorer la chambre... peu importe du moment que c'est autre chose. Petit à petit si on les "affame" ces pensées reviennent moins souvent et de toutes façons font moins de dégâts... et aussi si ça vous fait du mal de voir votre mère, même si elle est 'gentille' vous AVEZ LE DROIT de vous protéger. Vous ne lui devez RIEN. Elle est adulte et doit s'occuper d'elle même. Enfant vous ne pouviez pas le savoir, mais maintenant vous le savez. Facile à dire mais bon il faut se débarrasser de cette culpabilité.
Bon courage !
Anne
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