mardi 20 novembre 2012

Un simple goutte d'eau en trop


Je n'irai pas voir maman, en cela, je romps avec toutes les règles préétablies, maman est fragile, maman est malade, je ne dois pas faire de la peine à maman. Mais là, j'ai 55 ans, et ma mère à abusé, je n'irai donc plus la voir,  et ne l’appellerai plus au téléphone, je me contenterai d'y répondre. Je ne suis pas un punching ball, je ne serai plus jamais son punching ball.

Lorsque j'étais toute petite, je ne sais pas ce que maman  racontait aux autres de nous,  ses enfants,de sa vie ,  je ne sais pas si c'était naturel et que toutes les mères de l'époque se plaignaient.  Mais à chaque fois que je voyais ma grand mère ou un parent, lorsqu'ils me disaient "au revoir" ils ajoutaient, inévitablement:

Surtout soyez sages!
Ne faites surtout pas de peine à votre mère!

Très honnêtement c'était de toute façon les seules paroles personnelles qu'ils m'adressaient, à l'époque, dans ma famille les adultes ne parlaient pas aux enfants.

J'ai toujours cru que nous étions des monstres emmerdant ma pauvre mère, je ne savais pas que nous étions juste des enfants, et que ma mère, fort probablement n'était pas faite pour élever des enfants.

Ma mère m'a privé de mon enfance, enfin d'une bonne partie de mon enfance, elle ne nous a pas protégé, elle nous a aimé comme des images, elle ne voulait pas savoir qui nous étions, nous devions rester sages, comme des images, mortes. D'ailleurs deux images se sont suicidées, les enfants ne sont pas des images.

Adulte, après une période de relations houleuses nous avions réussi ma mère et moi à entretenir des relations stables, pas idylliques, mais presque normales. La situation s'est dégradée  de nouveau, il y a dix ans. Je situe cette rupture alors que j'ai acheté ma maison,superbe, et que mon mari a accédé à des fonctions qui devaient faire rêver ma mère, à défaut de me faire rêver moi.

La jalousie de maman s'est réactivée à ce moment-là, la jalousie ne meurt jamais, elle peut dormir, se mettre en latence, mais quelqu'un qui a le malheur d'avoir un tempérament jaloux sans le réaliser ni faire de travail pour se rendre compte à quel point ce sentiment est stérile et le plus souvent infondé, ne sera jamais satisfait, toujours en proie à des sentiments contradictoires allant jusqu'à parfois souhaiter du mal à ceux qu'il devrait chérir plus que tout.


Depuis ces dernières années, maman est infernale avec moi, exigeant de moi des choses qu'elle sait que je ne peux lui donner, refusant de nous recevoir ou  de venir nous voir alors que je suis disponible. Pour toutes les petites fêtes qui ont lieu dans ma famille: baptême, Noëls... elle devient exigeante, refuse d'aller à l’hôtel que je lui conseille, souhaitant  arriver avant tout le monde et partir après tout le monde, squattant ma maison  que je le veuille ou non, et me demandant du temps et de l'attention alors que je n'ai pas dix minutes de repos par jour.

Son attaque commence généralement dès l'annonce de l"évènement"

Je ne relaterai ici qu'un exemple, le baptême du second enfant d'Alice qui a eu lieu en Vendée, en septembre dernier, il fut le dernier non-évènement, la toute petite  goutte qui remplit le vase. Ce ne fut pas le plus compliqué à gérer ni à supporter, mais ce fut celui qu'une seule autre fêlure ferait tout casser, tout simplement.


Avant la naissance du bébé d'Alice  j'ai téléphoné à Maman  pour lui faire noter la date et le lieu du baptême,  soit quatre ou cinq mois avant, bébé non né, mais pour cause de gite à retenir dans un lieu touristique, il fallait que l'on ait assez de préavis d'autant plus qu'une seule date était possible.

Maman me dit:
J'espère que tu ne feras pas comme la dernière fois!
Qu'ai je fais la dernière fois?
Tu as pris deux gîtes et il n'y avait pas de place pour moi, j'étais à l’hôtel!

Je me suis abstenue de rappeler à maman que je n'avais eu , hors saison, pas vraiment eu le  choix, que les deux gîtes étaient combles avec mes enfants et leurs enfants, qu'il n'y avait pas de salle de bain et toilettes pour chaque chambre et que, contrairement à ce qu'elle souhaitait, les gîtes n'étaient pas à proximité immédiate du village où se déroulaient les fiançailles. Essayer d'expliquer était inutile.

De même il était inutile de lui rappeler que nous sommes allés la chercher pour tous les repas, et après midi en la reconduisant le soir à son hôtel.

Maman continuait à parler

Cette fois ci tu réserves un gite où j'ai de la place, il me faut une chambre au rez de chaussée, je ne peux pas monter des escaliers.

Elle me passa plusieurs coups de téléphones afin de s'assurer que je ne dérogerai pas à ses exigences, se montrant à chaque fois vindicative et hostile à mes propositions d'aménagement différent.

La recherche  menée par Alice qui connait mieux que nous la région fut compliquée et laborieuse, nous avons  fini par trouver un gite assez grand,  assez confortable mais  loin  de chez les parents de mon gendre et très cher car au  Puy du Fou, la maison était adaptée aux handicapés, avec chambres salle de douches et toilettes au rez de chaussée. Ce gite fut libéré après avoir été réservé pour le week end souhaité alors que nous n'y croyions plus.

J'en ai  alors informé maman qui me remercia distraitement, ne me demandant pas plus de renseignements.

Je sus alors qu'elle n'avais jamais eu l'intention de venir. J'ai failli alors en informer Alice afin de changer de réservations  mais craignant un coup tordu, n'en fis rien.

Un mois et demi avant cette réunion de famille maman  me dit

Au fait, finalement,  je ne pourrai vraiment pas venir au baptême, je le regrette, mais mon état de santé ne me le permet pas. 

Fermez le ban, ouvrez les hostilités ou pas

Elle se moquait éperdument de nous avoir crée bien des problèmes , nous avions été obligé d'aller plus loin et de payer plus cher un gite pour lui convenir, elle ne se proposa pas de participer à cette location de ce gite retenu, un peu trop grand, ni même ne s'excusa du dérangement inutile provoqué.

Parfois je ne dors plus durant des semaines lorsque j'essaie simplement essayer de tracter avec ma mère des modalités d'un séjour.  Cette fois ci , Alice me consola en me disant

Finalement c'est tant mieux, on a eu les emmerdements d'avant mais au moins elle nous ennuiera plus pour ce baptême.  

En 2011 et 2012 j'ai eu quatre cérémonies à gérer où ma mère était invitée, je crois que cela avait eu presque raison de ma patience. Il ne restait que quelques brins d'énergie que j'ai consacré à ranger sa maison, afin de faire taire ma culpabilité, maman ne vivrait pas ainsi dans un taudis.

A trop tirer sur la corde elle se casse.

4 commentaires:

Clo a dit…

mais de cette corde cassée peut naitre du positif ... Pour vous au moins !
Il semble qu'il soit tant de vous proteger
et peu importe de qui a tord ou raison, il ressort de vos écrits que cette relation vous abime...
Tournez la page, sereinement... c'est possible ! n'entretenez ni rancoeur ni haine, vous avez mille fois essayé et à chaque fois vous en sortez détruite...
Protegez vous, vous avez raison, vous en avez le droit, passez à autre chose
Je ne devrais certainement pas commenter ces billets douloureux, mais ils font écho à pourtant moins "grave" me semble t-il (à moins que ce ne soit cette décision à 26 ans de stopper cette relation (avec mon père) qui à chaque fois me laissait meurtrie, qui m'a protégée d'une évolution toujours plus toxique...
je vous envoie des pensées amicales et courage, Noël est une terrible période qui exacerbe la moindre tension, aussi futile soit-elle
Votre famille à vous est tellement vivante !
(j'ai lu aussi votre billet sur le coiffeur, vous l'aviez d'ailleurs déjà raconté) Mais quelle horreur... Pervers Narcissique, ce n'est pas comme celà qu'on appelle ce genre de déviance ?

Ladywaterloo a dit…

Merci Clo de ton témoignage, j'ai cependant des interrogations ton père était il considéré comme "gentil" se faisait il passer comme victime...

Et surtout avais tu de la culpabilité et si oui, comment vivre avec?

Si je publie ces messages, comme cela, sinon, c'est que je ne les garde pas privés, pour, peut être faire réfléchir des mères d'aujourd'hui? Je ne sais pas, amis en tout cas, merci de réagir.

Clo a dit…

bah, on fera d'autre bêtises peut être... je crois qu'on est à l'abri de rien, enfin quand même déjà réfléchir c'est peut-être avancer un peu ;-)
je me demande souvent quelle grand mère / belle mère je ferai... ;-)
on apprend sur le tas je suppose...
Edwige Antier parlair sur France inter quand j'ai eu mon ainée, elle m'a énormément aidée à trouver une autre voie ou au moins à me positionner librement dans mes choix de parent. Sans forcément tout renier ce que j'avais reçu, ça m'a fait beaucoup de bien d'entendre expliquer des "methodes" ou attitudes très différentes, j'ai l'impression d'avoir pû choisir.
Pour mon père, non, il n'était pas considéré comme gentil, déformé par l'armée, complexé socialement, il n'a probablement pas réalisé que ses enfants étaient des personnes... Il ne nous a jamais battus ni maltraités, mais je suis toujours sortie meurtie des confrontations, de la relation à lui tout simplement. J'ai surtout réalisé petit à petit que devant lui, jamais je n'étais moi, que toujours je cherchais à me plier à ce qu'il semblait attendre et qu'au final je me perdais...
La culpabilité, le malaise en tout cas s'est arrêté avec l'éloignement. Au vu de mes premières amours j'ai pensé que j'allais reproduire... je ne flashais que sur des névrosés, brillants toujours mais équilibrés... bof bof ! Et puis, à ma plus grande surprise, j'ai rencontré mon mari, qui est d'une gentillesse extraordinaire, la vie à ses cotés, passionnante, vivante, coule toute seule sans effort, sans conscession et surtout après 20 ans de mariage, j'ai l'impression d'être bien plus moi maintenant qu'à 18 ans...
Bref, mon père n'ayant rien trouvé de mieux que de nous faire une énième remarque (tirade plutôt) le jour de notre mariage, et de partir genre faché... je ne lui ai plus jamais fait signe.
tout simplement :-)
J'ai réalisé ce jour là qu'il était un risque pour mon couple, et ça... NON
La situation en a été grandement facilité parce que lui non plus n'a absolument pas cherché à reprendre contact... ce que je n'ai réalisé que 15 ans plus tard au cours d'une mini psychothérapie (pour autre chose)
bon, désolée pour ce com fleuve...
mais vraiment, on peut poser une partie de son arbre généalogique sans culpabiliser et sans amertume.
Bien sûr dans mon cas personne ne cherche à me culpabiliser, ça aide !

Ladywaterloo a dit…

J'ai lu il y a longtemps ton commentaire Clo, vraiment pas trop long, le truc de bien c'est que ton père a cassé le lien au moment de ton mariage, et puis c'est un père, il ne s'est pas levé la nuit, ne t'a pas soigné fiévreuse, enfin tu vois...

Le mieux est qu'il ne te rappelle pas au téléphone, et puis, tu es peut être mois fragile que moi.

Maman m'appelle de temps en temps, j'essaie d'être "frigidaire" ça marche.Si j'étais sure qu'elle ne remorde jamais, j'essaierai de nouveau, mais là j'ai eu trop mal.

peut être devrais tu envoyer une carte neutre à ton père, il souffre peut être et tu vois, tu sais, un peu comme une ligne de pêche qui vogue. Tu vois je suis vraiment incorrigible... Pardon