dimanche 15 mars 2015

L'ombre du départ.

Hubert vient de partir, pour quinze jours, une geek convention le retiendra loin de chez nous le week end prochain. Normal et prévu, un copain l'héberge, mon fils est sérieux, pas de problème.

Mais pourquoi  une épée s'abat sur moi au moment de lui dire au revoir, malgré une  vérification rituelle du départ du djeun- doué-mais ne pensant pas à tout.

Téléphone?
Son chargeur?
Ordi? Je plaisante
Son chargeur?
Tes clefs?
Ton porte-feuilles, ta CB?

Le quitus du départ semble bon.

Mon coeur se serre, pourquoi? Car mon dernier enfant devient adulte et part? Car ses week end à la maison se feront plus rares? Je ne sais pas, je sens des ombres, des dangers, peurs d'une mère qui devient anxieuse, mais qui a  toujours été anxieuse, seul les derniers ont pu sentir mon angoisse, je fus trop occupée pour manifester la moindre terreur pour mes aînés, même si parfois je ne dormais pas, les imaginant dans des endroits hostiles, loin de moi, et que je sais alors n'avoir pas fait mon devoir de mère.





 Ce soir Hubert a ri, il a enfilé un pantalon brique propre qu'il compte garder avec un tee-shirt rouge, l'effet en est abominable, il le sait mais pragmatique, il sait prendre sa douche à l'internat et ne voir personne avec cette tenue atroce.

Mon coeur est serré, je le lui ai  dit

 Tu sais que tu peux toujours me téléphoner, je suis un peu médium, je sens un truc, une ombre peut être un danger? 

Quelle part de mon angoisse, quelle part de mon intuition? 95% et 5% ou quoi?

Il m'a répondu

Je sais maman, ne t'inquiète pas.

Hubert sait qu'il devra me téléphoner pour me rassurer, être le dernier poussin à partir n'est pas une mission simple pour lui, nous le protégeons, l'entourons, mais la gaité de la maison pleine n'existe plus, la tribu est éparpillée et bien souvent Hubert est trop seul avec nous. Heureusement Internet existe, je l'entends rire avec ses potes en passant devant sa chambre, potes eux mêmes seuls avec leurs parents.



Depuis 38 ans le souci de mes "petits"  m'habite, j'étais presque encore ado lorsque je fus mère, je dois apprendre à oublier le souci de mes enfants, l'inquiètude sera  toujours là, mais en vrai,  arrive t-on jamais à s'en défaire?

6 commentaires:

Jacques Étienne a dit…

Une bonne mère se reconnaît à ses yeux rouges... (disait Cavanna) Mais pourquoi s'inquiéter ? La vie n'est pas un long fleuve tranquille... Un enfant, c'est comme une bouteille qu'on lance à la mer. Arrivera-t-elle quelque part ? Se fracassera-telle sur le premier rocher venu ? Ça ne dépend pas de nous ni de personne. N'étant pas croyant, je pense que rien ne préside à nos destins. Si, commevous, je l'étais, je Lui ferais confiance...

cestleponpon a dit…

Jamais
Car maman toujours

Martine a dit…

On s'inquiète toujours. moi, je vis l'angoisse au cœur de ce qui pourrait arriver à ma fille aînée en charge de ses deux loulous que le père serait incapable d'élever et parfois je prie de vieillir plus vite pour qu'ils deviennent des adultes indépendants. J'angoisse que le ménage de ma fille puînée ne casse. c'est si vite fait et si fragile un mariage.
J'angoisse pour les deux fils, surtout le dernier et son foutu caractère qui a une compagne si gentille mais qui pourrait se lasser... Lui risquerait fort de tomber dans des extrêmes. Alors pour oublier tout ça, oublier ces pensées stériles, j'essaye de vivre.

Nanou a dit…

Savoir lâcher prise... Ne vit-on pas quelquefois par et pour nos enfants ? Se retenir de téléphoner trop souvent pour avoir des nouvelles, ne pas être trop présente... Ne pas trop les couver... Être là quand il a besoin... L'oiseau a réussi son envol... je suis fière....

Anonyme a dit…

Comme le dit "cestleponpon", JAMAIS.
Maman pour toujours. Notre Mamou, 94 ans, persiste à demander à ses petits, s'ils ont bien mis leurs cache-cols, s'ils ont bien pensé à manger assez de fruits, s'ils ont fait leur plein d'essence etc...
Les petits ont entre 75 et 60 ans, sont toujours autant énervés qu'attendris. Les 12 petits enfants idem, ainsi que les 9 arrières petits (entre 3 et 15 ans). C'est beau la vie de famille. CCLM

zelindor a dit…

et ici, je ne te raconte pas,
oui, je te comprends,
difficile,
parfois je regrette...