samedi 16 juillet 2011

Station orbitale

Il se trouve, alors que je m'attendais à un week end surchargé que ma maison fut vidée, roséole chez une famille, envie de retrouver le sud chez une autre et alors?

Alors nous sommes quatre, autrement dit, tout petit comité, et j'adore.

Lhom est allé, vainement, chassé la girolle, les gars se sont stratifiés devant leurs ordis et moi, entre lessives et lessives, j'adore, ai un peu cuisiné. Un tajine, adapté à notre goût, un de ceux qui fit qu'à midi moins le quart, un ado, mit la table, et tous  vidèrent le plat, et furent contents d'apprendre qu'un plat supplémentaire  au congélateur agrémentera un futur week end.

Et moi, heureuse avait papillonné un peu entre blogs et commentaires et avait eu cette remarque de cette mère: Moi, mère d'un futur engagé, chez Co de contes

et j'aimerais lui expliquer pourquoi, je ne souhaite pas avoir un fils qui s'engage  dans l'armée.

Un point de vue de femme, de  "sa femme,"  qui  ne pourra, vraiment bosser, travailler avec un mari militaire est une galère, pas de certitude de rester dans une ville, pas de certitude concernant les congés, j'ai eu sept enfants, jamais mon homme ne put prendre les fameux "trois jours", pour les naissances . Pire, il allait travailler, me laissant dans la maternité, en attendant que "cela se précise", pour le second. Pour le sixième, né, bonne idée, un vendredi, à sept heures du mat', il piaffait, et rejoignait à neuf, son état major.

Parfois il fut au large "du Liban," un peu comme dans le désert des tartares, il n'y eut jamais de tartare, juste une femme qui s'est battue seule pour mettre au monde son bébé, un quatrième, fermant la porte de sa chambre, que le personnel laissait ouverte, exprès,  la sachant seule, le soir,  afin de m'entendre si esseulée j'en avais besoin alors que la maternité bruissait du bruit des familles et que des pères, nuls, passaient, devant ma chambre, bras chargés de  fleurs ou d' enfants. Porte,  que moi, je fermais afin de ne pas entendre les autres. D'autre pour les fêtes au large d'Abidjan où je ne sais où, pour  un truc genre opération  Licorne," beau nom"= quatre mois d'absence, toujours avec Noël dedans, pas de bol....


                                                        Photo, ministère de la défense 

Les bouquets luxueux, attentes de longues heures, des nuits durant un appel de téléphone qui ne venait,  emplissait bien souvent ma  chambre que ma solitude vidait de ses larmes.

  Pour notre septième, mon médecin, nous connaissant, avait souhaité nous rencontrer, ensemble, LHom et son agenda face au médecin et son agenda, convinrent de la naissance d'Hubert, j'étais un inconvénient du calendrier.

Inutile de raconter le reste, les dîners se desséchant dans le four, les cocktails où j'attendais toute décorée entre mon salon et le jardin, prête à plaquer mes enfants, et finissait par voir mon homme arriver, trop tard à la maison, alors je rentrais, enlever mes guirlandes, un conflit, quelque part avait une fois de plus retenu mon mari. Je me souviendrais toujours du regard de l'amiral ops opérations/ de guerre!  sur mon ventre, lorsqu'enceinte de six mois  guerre du golf? :) golfe, je sais pas, m'en fiche alors que  je lui déclarais, lors d'une réception

Tout ce que vous voulez, mais pas au moment de la naissance!
Tout est  ennuyeux dans la vie de famille pour un militaire, sauf que sans femme et enfant ils ont du mal, mais la disponibilité de celles ci doit être énorme et silencieuse, on peut sublimer ou râler. Moi, je râlais

Tête d'une amie civile, femme de toubib voulant nous avoir "à dîner" en octobre, lorsque je lui dis, c'est dans moins d'une semaine ou en avril! Mon homme partait trois semaines dans les mers du nord puis rentrait dix jours avant de partir jusqu'au mois d'avril plus loin, bien plus loin.

Mon homme a une bonne retraite, moi, la satisfaction d'avoir essayé de faire ce que je pouvais. Mon "gâchis" perso, est cependant réel, je suis talentueuse,  enfin, bref  travailleuse beaucoup et courageuse,  énormément. J'aurai 30 euros/mois  de retraite, aucune considération sinon des lauriers qui me semblent dérisoire

J'ai refusé, de postuler pour la médaille de la mère de famille je ne sais quoi, pourquoi faire semblant?

Je suis  je l'espère , de la dernière génération à accepter, à moins d'être idiote ou sacrificielle si mon mec m'avait quitté, ou serait mort, j'aurais été dans une misère noire à avoir tout sacrifié, sans avoir été heureuse par  moi, même. Pourtant  fille de militaire, de la coloniale, en plus , prête à partir n'importe où, sans confort, ni  certitude d'avoir lycée français et  un  super marché j'étais à priori bien aguerrie,  ou pas, dans mon contrat moral de mariage, figurait "tout" sauf l'Afrique, je connaissais, déjà, l'Afrique et ne voulais emmener des enfants dans cet enfer. Qu'en est il des filles d'aujourd'hui?

Je ne terminerai pas ce billet sans dire que d'accepter d'épouser l'homme que j'aimais, bien qu'il fut militaire, fut mon choix et que je ne le regrette pas. Enfin pas vraiment. Mais j'encourage toutes les mères à faire tout pour que leurs fils ne s’engagent pas,; pas payés, pas remerciés, familles sacrifiées. A quoi bon, de nos jours, est ce raisonnable, vraiment? Franchement, non.

Si un jour notre patrie, notre nation Oui, Eva? mérite plus, est menacée, mon discours changerait mais là, à quoi bon? Nos militaires obéissent, sont formés, courageux et réellement performants, mais à quoi bon sacrifier sa vie, pour des conflits économiques, oléoducs de gaz, soutien à un copain en  CI, limiter les dégâts médiatiques au Soudan...


Voulons nous  nos fils sacrifiés  dans cette horreur, moi, petite fille, fille et femme de militaire, non, je  ne peux pas, sacrifier pour une cause noble, peut être mais pour rien? Comme en Afghanistan, ou autrefois en Indochine, Jamais.
























7 commentaires:

SylvieT a dit…

Et ben dites donc, il est fort d'expérience et de douleur ce post...Ici, personne ne va s'engager!(même si Etienne doit bosser l'an prochain il n'ira pas en guerre!!!)

Clo a dit…

sans compter que les jeunes filles d'aujourd'hui ne sont en général pas conditionnées à autant de "dévouement". Fille de militaire, je serais désolée de voir un de mes fils se tourner vers cette voie, mais c'est peu probable ;-D

lau' a dit…

Très emouvant ce post
J'ai un mari qui reve qu'un des fils soit militaire
Moi ce qui m'importe est qu'ils soient heureux !!!!!!!!
Avec un Charles "atypique" handicapé ?????? et bien j'espère que son reve d'être militaire ne se brisera pas .
Son autre reve est d'être pretre à 10 ans son coeur balance encore
et moi j'espère juste qu'il soit heureux. le revers de la médaille de cette vocation qu'il a depuis toujours mais peut être pas les capacités pour l'atteindre

Jacques a dit…

Il rêva d'abord d'être militaire puis le rêve céda la place à celui d'être médecin. Le choix final fut "médecin militaire". Il passa encore enfant un dur concours puis s'engagea à l'âge où les autres jouent encore. Puis en bava pendant une année pour passer le rude concours de la 1ère année de médecine puis continua. Puis l'aussi rude concours de l'internat lui permet des choix prestigieux qu'il écarta pour être plus près des malades. Il termine bientôt son internat et sert son pays depuis presque 10 ans. Il a déjà fait le tour du monde avec un très gros bateau. Il écrit des poèmes. Il a la tête pleine de rêves.Il sert. Il est fier de son choix et de son métier. Il soigne et il sert. Il gagnera la moitié de ses amis médecins civils.Son petit frère sera ingénieur. Il ne s'en soucie pas. Il rejoint le "clan" de ceux qui font des choix que peu comprennent. Il a l'âge du petit lieutenant qui vient de mourir dans ce pays lointain.
C'est mon fiston. J'en suis fier. J'ai de la peine pour ces hommes qui meurent loin de chez eux.
...et j'admire l'abnégation de ceux qui dans l'ombre leur permettent d'exister....même lorsqu'ils ou elles sont en colère. !
Il existe de santes colères !
Bon dimanche !

Ladywaterloo a dit…

Bravo pour le fils médecin militaire embarqué, j'aurais été aussi très fière d'avoir un fils médecin militaire (ambivalence, quand tu nous tiens!). Les médecins militaires ne partent , en principe pas trop dès qu'ils sont un peu plus âgés.

J'en ai vu à l'oeuvre à Djibouti et leurs vocations prennent là encore plus de sens

Je ne suis pas dans la colère ni même l'amertume, j'essaie juste de dégoûter les mères afin qu'elles dissuadent leurs fils (filles).

J'ai mis exprès une vidéo d'un chant, magnifique et émouvant "attrape mouche", le genre de truc qu'il faut décortiquer afin de pouvoir en désamorcer la séduction!

@Lau, votre Charles, trouvera, je l'espère de tout mon coeur "sa" vocation qui je l'espère ne sera ni prêtre, ni militaire. Ces vies sont si parfois si dures, que je ne peux le souhaiter!

Marie-Anne a dit…

Un peu (trop?) n2gative cette vision des choses?
Ex-femme de militaire, le père de mes enfants a été présent pour chacun de mes accouchements, il en avait fait la demande de ne pas être envoyé en mission à ces moments là et accordé par la hiérarchie.Militaire, ce n'est pas un métier comme un autre, il choisit les hommes plus que les hommes le choisissent et j'admire ceux qui font ce choix en toute connaissance de cause.

Charlotte a dit…

voilà bien sur un texte qui me parle. Petite-fille, fille et soeur de militaires, je choque énormément quand je déclare haut et fort ne pas vouloir qu'un de mes 4 garçons suive cette voie. Et lorsque mon "ado 3" de 15 ans commença à y penser j'ai tout fait pour l'en dissuader. Car à l'homme la gloire et le bel uniforme, à la famille d'assumer le quotidien sans dire un mot. Ceci dit, il n'y a pas que les femmes de militaire qui se retrouvent sans rien le jour ou elles se font larguer...