Et pourtant, je me suis coltiné des heures et des heures de pensum, des prises de têtes et de bec avec mes enfants, et pourtant, souvent j'en aurais pleuré de ne réussir à leur faire apprendre tables de multiplication et poésies, et je me suis entêtée jusqu'à me comparer parfois à la petite chèvre de Mr Seguin, luttant jusqu'au bout de ses forces....
Dessin tiré du blog d'Olivero
Avec mes deux filles, faire les devoirs à la maison était une simple formalité, elles "adoraient" travailler, connaissaient leurs poésies avant de les rapporter à la maison ou quasiment, et travaillaient bien ou très bien sans que cela nous donne la moindre difficulté.
Avec mes cinq gars, ce fut une autre paire de manches et j'ai du retrousser mes manches plutôt deux fois qu'une...
Hubert mit trois ans à apprendre à lire (forte dyslexie) et qui sans notre implication maximale serait aujourd'hui non pas en échec scolaire mais déjà "orienté" à tout juste quinze ans, ne maîtrisant probablement pas la lecture. Si Hubert avait été mon premier fils, je ne sais pas si j'aurais réussi à trouver la patience, l'énergie, la volonté et le temps nécessaire à lui consacrer. Il était mon septième enfant, l’aînée avait 20ans à sa naissance, je connaissais exactement les enjeux. Je pense que si il ne m'avait pas rapporté les livres et fiches de lecture à la maison, la mise en place de ce soutien sans faille eut été de toute façon reportée voire jamais mise en place, mon degré d'implication aurait été moindre.
Valentin, enfant qui a de grandes facilités a haï l'école primaire, détesté le collège, supporté le lycée et adore ^^^^ à présent, sa prépa, serait il arrivé jusque là si son degré de travail naturel n'avait pas été fortement stimulé par son horrible mère qui exigeait qu'il apprenne par coeur ses leçons, même nulles, même trop longues?
Guillaume était champion, surtout en foot, d'un naturel adorable enfant il avait d'excellentes relations avec tous les enseignants sans en faire une rame, ses résultats furent souvent un peu décevants, là encore, j'essayais de rattraper à la maison ce qu'il avait omis d'écouter, comprendre, apprendre à l'école...
Camille super actif super doué, n'était pas fait pour l'école, voile pudique! Yann hyper flegmatique était toujours "fatigué" à l'école, les maîtresses s'inquiétaient de cet enfant à la santé si fragile!
J'ai imaginé sans peine mes gars à l'étude, Hubert dormant, Valentin rêvant, Guillaume jouant aux billes, Camille faisant des acrobaties sur sa chaise envoyé, pour changer, dans le couloir se calmer, Yann se reposant.
J'ai imaginé sans peine mes deux filles à l'étude. Charlotte ayant déjà tout fait, aurait enluminé tous ses cahiers de dessins, ouvert son petit carnet de blagues pour y écrire celle lue à la récré sur le papier de son goûter, Alice aurait,elle, aidé ses copines, leur proposant même d'écrire à leur place afin de pouvoir aller jouer toutes ensemble au plus vite.
Il m'a paru toujours important surtout de connaitre les contenus des "leçons" que mes enfants devaient apprendre. Ainsi je me souviendrai à vie de mon hoquet de stupeur lorsque je lus sur une fiche de CE2, en histoire:
"Les seigneurs chassaient pour s'amuser et détruisaient souvent les champs des pauvres paysans"
Explications de ma part à l'enfant, les cultures étaient la survie de tous les seigneurs étaient c..s pour certains mais quand même! Ils n'auraient pas détruit une source de revenus pour eux, la dîme! La chasse étant elle nécessaire: viande, destruction de gibier surnuméraire et de nuisibles...
Cet exemple est flagrant, mais très souvent, les savoirs trop succincts, résumés que l'on fait apprendre à nos enfants méritent des explications de notre part.
L'exigence que l'on a de leçons sues, travail bien fait est un apprentissage nécessaire dès la petite enfance du travail personnel qui sera de plus en plus crucial au fur et à mesure de leurs avancées dans les études. Le sens de l'effort s'acquiert plus facilement tout enfant, apprendre, même les trucs qui ne nous intéresse pas, faire des exercices même longs et ennuyeux, ce goût de l'effort, cette conscience du travail bien fait seront des qualités indispensables pour mener à bien la plus part du temps des études qui ouvriront la porte à un métier intéressant et qui plaira au jeune.
Je terminerai cette plaidoirie en soulignant que si nous nous investissons dans le travail scolaire de nos enfants, autant que faire se peut, nous démontrons ainsi à nos enfants par nos actes et non par nos paroles que leur scolarité est importante, voire cruciale.
Les parents qui travaillent ont double voire triple journée, la durée de l'attention portée à la scolarité de leurs enfants est forcément plus réduite, à eux de mettre les priorités en place, peut être faut il supprimer ou réduire au maximum des corvées ménagères (repassage au mini, cuisine rapide et super marché sur le net) afin de conserver un temps suffisant à l'école de nos enfants, parfois aussi il faut supprimer des activités para-scolaires ou loisirs, le temps du travail et du repos étant prioritaires.
J'espère que ce temps d'étude en primaire restera optionnel pour les familles, les familles ayant besoin de cette aide pourraient pouvoir toujours y avoir recours, les autres s'en passer, l'Education Nationale ne peut empiéter sans arrêt sur les prérogatives d'éducation des parents.
Mes arrières grands parents, élèves de l'école de Jules Ferry, se penchèrent sur mon épaule à cet instant et me soufflèrent: Ça c'est ben vrai! Réac! Enfin chacun selon ses opinions, son passé, sa vie!