mercredi 10 octobre 2012

Plaidoyer pour les devoirs à la maison

Et pourtant, je me suis coltiné des heures et des heures de pensum, des prises de têtes et de bec avec mes enfants, et pourtant, souvent j'en aurais pleuré de ne réussir à leur faire apprendre tables de multiplication et poésies, et je me suis entêtée jusqu'à  me comparer parfois à la petite chèvre de Mr Seguin, luttant jusqu'au bout de ses forces....

                                           Dessin tiré du blog d'Olivero


Avec mes deux filles, faire les devoirs à la maison était une simple formalité, elles "adoraient" travailler, connaissaient leurs poésies avant de les rapporter à la maison ou quasiment, et travaillaient bien ou très bien sans que cela nous donne la moindre difficulté.

Avec mes cinq gars, ce fut une autre paire de manches et j'ai du retrousser mes manches plutôt deux fois qu'une...

Hubert  mit trois ans à apprendre à lire (forte dyslexie) et qui sans notre implication maximale serait aujourd'hui non pas en échec scolaire mais déjà "orienté" à tout juste quinze ans, ne maîtrisant probablement pas la lecture. Si Hubert avait été mon premier fils, je ne sais pas si j'aurais réussi  à trouver la patience, l'énergie, la volonté et le temps nécessaire à lui consacrer. Il était mon septième enfant, l’aînée avait 20ans à sa naissance, je connaissais exactement les enjeux. Je pense que si il ne m'avait pas rapporté les livres et fiches de lecture à la maison, la mise en place de ce soutien sans faille eut été de toute façon reportée voire jamais mise en place, mon degré d'implication aurait été moindre.

Valentin, enfant qui a de grandes facilités a haï l'école primaire, détesté le collège, supporté le lycée et adore ^^^^ à présent,  sa prépa, serait il arrivé jusque là si son degré de travail naturel n'avait pas été fortement stimulé par son horrible mère qui exigeait qu'il apprenne par coeur ses leçons, même nulles, même trop longues?

Guillaume était champion, surtout en foot, d'un naturel adorable enfant il avait d'excellentes relations avec tous les enseignants sans en faire une rame, ses résultats furent souvent  un peu décevants, là encore, j'essayais de rattraper à la maison ce qu'il avait omis d'écouter, comprendre, apprendre à l'école...

Camille super actif super doué,  n'était pas fait pour l'école, voile pudique! Yann hyper flegmatique était toujours "fatigué" à l'école, les maîtresses s'inquiétaient de cet enfant à la santé si fragile!

J'ai imaginé sans peine mes gars à l'étude, Hubert dormant, Valentin rêvant, Guillaume jouant aux billes, Camille faisant des acrobaties sur sa chaise envoyé, pour changer, dans le couloir se calmer, Yann se reposant.

J'ai imaginé sans peine mes deux filles à l'étude. Charlotte ayant déjà tout fait,  aurait enluminé tous ses cahiers de dessins, ouvert son petit carnet de blagues pour y écrire celle lue à la récré sur le papier de son goûter, Alice aurait,elle,  aidé ses copines, leur proposant même d'écrire à leur place afin de pouvoir aller jouer toutes ensemble au plus vite.

Il m'a paru toujours important surtout de connaitre les contenus des "leçons" que mes enfants devaient apprendre. Ainsi je me souviendrai à vie de mon hoquet de stupeur lorsque je lus sur une fiche de CE2, en histoire:

"Les seigneurs chassaient pour s'amuser et détruisaient souvent les champs des pauvres paysans"

Explications de ma part à l'enfant, les cultures étaient la survie de tous  les seigneurs étaient c..s pour certains mais quand même! Ils n'auraient pas détruit une source de revenus pour eux, la dîme! La chasse étant elle nécessaire: viande, destruction de gibier surnuméraire et de nuisibles...

Cet exemple est flagrant, mais très souvent, les savoirs trop succincts,  résumés que l'on fait apprendre à nos enfants méritent des explications de notre part.

L'exigence que l'on a  de leçons sues, travail bien fait est un apprentissage nécessaire dès la petite enfance du travail personnel qui sera de plus en plus crucial au fur et à mesure de leurs  avancées dans les études. Le sens de l'effort s'acquiert plus facilement tout enfant, apprendre, même les trucs qui ne nous intéresse pas, faire des exercices même longs et ennuyeux, ce goût de l'effort, cette conscience du travail bien fait seront des qualités indispensables pour mener à bien la plus part du temps des études qui ouvriront la porte à un métier intéressant et qui plaira au jeune.

Je terminerai cette plaidoirie en soulignant que si nous nous investissons dans le travail scolaire de nos enfants, autant que faire se peut,  nous démontrons ainsi à nos enfants par nos actes et non par nos paroles que leur scolarité est importante, voire cruciale.

Les parents qui travaillent ont double voire triple journée, la durée de l'attention portée à la scolarité de leurs enfants est forcément plus réduite, à eux de mettre les priorités en place, peut être faut il supprimer ou réduire au maximum des corvées ménagères (repassage au mini, cuisine rapide et super marché sur le net) afin de conserver un temps suffisant à l'école de nos enfants, parfois aussi il faut supprimer des activités para-scolaires ou loisirs, le temps du travail et du repos étant prioritaires.

J'espère que ce temps d'étude en primaire restera optionnel pour les familles, les familles ayant besoin de cette aide pourraient pouvoir toujours y avoir recours, les autres s'en passer, l'Education Nationale ne peut empiéter sans arrêt sur les prérogatives d'éducation des parents.

Mes arrières grands parents, élèves de l'école de Jules Ferry, se penchèrent sur mon épaule à cet instant et me soufflèrent: Ça c'est ben vrai! Réac! Enfin chacun selon ses opinions, son passé, sa vie!

5 commentaires:

jacqueline a dit…

Une fois de plus...tout à fait d'accord avec vous
Juste un petit commentaire car je suis une grd mère surbookée en ce moment. Je passe quand même ici mais en silence.
A bientôt.

Guillaume a dit…

Faire ses devoirs à la maison était un véritable supplice ! C'est chiant, on est fatigué, on a plus envie de se détendre et de profiter un peu de sa journée... Néanmoins, il est vrai que sans ça et bien on apprends pas vraiment à travailler seul et c'est tout de même indispensable !

J'ai effectué 2 ans d'internat, avec 1h30 d'étude obligatoire tout les soirs... Je ne faisais RIEN ou presque. On s'arrangeait entre pote, on se répartissait le boulot selon la spécialité de chacun et on passait le reste du temps à lire, dessiner, écrire...

Bref, je suis pour les devoirs à la maison quitte à mettre un système d'entraide en place pour les foyers qui auraient moins de temps à y consacrer.

mariannette a dit…

bien Guillaume, la voix de la jeunesse,
belle réflexion de Lady, une pro des devoirs avec 7 enfants dont 5 gars
en fait je viens là car je suis maso et je vois que j'ai beaucoup raté
dommage les blogs n'existaient pas il y a 38 ans...

Martine a dit…

Je suis d'accord avec toi, Pénélope. Les devoirs sont importants, ils nous permettent à nous parents de voir où en sont réellement nos enfants? ceci dit, le temps aux devoirs ne devraient jamais dépasser 1/2 heure. Pour certains enfants qui mettent plus de temps (dyslexiques par exemple, il faut diminuer la dose de devoirs du soir. La règle absolue: NE JAMAIS DEPASSER 1/2 HEURE!!! Il est vrai qu'en général, les filles posent moins de problèmes que les garçons. Combien de fois, en rentrant de mon travail j'ai constaté que la télé était toute chaude alors que mes 4 chères têtes blondes étaient sensées être dans leur chambre, livres et cahiers ouverts. Je suis aussi une inconditionnelle des devoirs de vacances (au moins la moitié des vacances, 1 heure par jour pendant 4 jours). C'est ainsi que c'est avec moi qu'ils ont appris la grammaire et les règles d'orthographe si joyeusement survolées de nos jours!
Je ne pense pas que supprimer les devoirs réduira les inégalités sociales: un enfant qui voit tous les jours une bibliothèque remplie de livres aura toujours plus de chances que celui qui n'aura sous les yeux que des jeux vidéos.

Cathy a dit…

Moi aussi je suis tout à fait d'accord avec vous Lady ! Les rares fois où mes enfants sont restés à l'étude ils n'y ont pas fait grand chose.
Je trouvais important de revoir avec eux certains concepts et d'éclairer d'une façon différente certains propos de l'enseignant, sans parler des débats que cela peut entraîner ! Surtout à partir du collège.
Et puis comment, pendant l'étude, apprendre une leçon quand on a besoin de la lire à haute voix ? Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autre.
A force de faire en lieu et à place des parents, peut-être aide-t-on certains élèves (quoique je doute), mais surtout on prive de nombreux parents de ce temps parfois compliqué mais essentiel auprès de ses enfants......
L'école ne peut pas tout malgré ce que l'on veut nous faire croire.....