Préface, ce message est une suite au précédent, je ne sais comment faire un retour d'expérience pour aider sans paraître pontifiante et je vous en demande pardon. J'avais une amie, que j'aimais mais que je sentais toujours sur la réserve avec moi, elle avait tout, médecin travaillant, mari adorable, de beaux enfants, une magnifique maison, et un jour en pleurs elle me dit: "Tu ne t'es jamais rendu compte, pénélope que tes gosses réussissent tous!" Je lui arguais alors Camille,, mais même Camille s'en sortait, finalement, pas tous les siens. Ses enfants sont beaux, intelligents, bien élevés, des jeunes vraiment super, tous ont été malmenés par le système éducatif (école+collège+lycée+études supérieures).
Sur mes sept enfants, six sont soit adultes soit étudiants, vous constaterez que je ne parle pas ici de majorité qui tombe sur des enfants franchement bien avant la maturité. Le bac en poche, (ou après l'abandon de leur scolarité), mes jeunes marcottes ont du faire racines, loin de la famille, berceau rassurant. Ils ont tous survécu, bien entendu, mais je crois qu'ils ont tous laissé des plumes, ne serait ce qu'une ou deux dans la difficulté de vivre seul.
L'année dernière, Valentin a eu son bac, j'avais très peur qu'il parte vivre au loin, je ne le sentais pas assez fort pour affronter la vie dans un petit studio.Nos jeunes étudiants doivent faire face, en partant étudier en fac ( prépas, écoles..) à plusieurs types de difficultés.
La première à laquelle les parents pensent reste de l'ordre matériel, ménage-course-cuisine-lessives, c'est effectivement une grosse difficulté pour eux et en tout état de cause une perte en confort de vie énorme. Un jeune étudiant mangera moins bien que chez lui, aura un cadre de vie plus spartiate dont l'entretien quotidien lui pèsera, je ne connais personne qui adore faire du ménage. Le manque de lave linge, lave-vaisselle... contribue à une perte de qualité de vie qu'ils ressentiront parfois crument le matin devant leur évier débordant de vaisselle sale et ne trouvant même plus un bol pour le café réconfortant.
La seconde grosse difficulté réside dans l'isolement qu'ils ressentiront, même si parler à leurs parents, frères et soeurs, voisines indiscrètes n'est pas toujours très réconfortant, l'isolement complet est terrible à un âge où parler à un voisin ou à une caissière, une inconnue, leur parait une honte extrême. La perte simultanée de leurs bons copains, est ressentie parfois comme un deuil, si votre enfant part avec un bon copain en colocation dès la première année la séparation se fera bien plus facilement.
L'environnement est aussi très important, un jeune habitué à vivre dans une grande maison haïra de devoir loger dans 14m2 dans un immense immeuble noyé dans d'autres immenses immeubles, lui permettre de s'entourer de meubles et objets qu'il aime peut l'aider à compenser ce stress.
Deux mauvaises idées des parents, que je tente à tous les coups (N'est ce pas Guillaume?)
- Pas de télé, pas de connexion internet, tu pourras mieux travailler, sors dans un bar pour voir les matchs.
Sans réseau social les jeunes sont encore plus paumés, mettez les en prison tant qu'à faire. Ils ne peuvent, en général pas se passer ni de leur téléphone portable ni de connexion internet.
- Tu devrais travailler quelques heures pour nous aider à boucler le budget.
Entre la fac, le boulot perso et le job, ce seront des zombies, ils laissent en général tomber un truc, voire tout. Patienter un an avant qu'ils puissent participer à ces dépenses monstrueuses est nécessaire, sauf cas rare.
-Mets toi en coloc, même avec des inconnus, si ça ne marche pas, tu partiras!
Gérer les colocations est compliqué, les jeunes se mettent en coloc lorsqu'ils connaissent bien les copains, avant le risque est grand que les parents se retrouvent avec des jeunes soit à la rue soit à devoir payer, seuls, un loyer énorme.
-Prends plein d'activités, profites en, tennis, danse, escrime, théâtre, .. Tu te feras plus vite des copains.
Un peu ça va, beaucoup, les jeunes risquent quand même de ne trouver plus de temps pour travailler.
L'équilibre travail-loisir dépendra uniquement de votre jeune, et il lui sera extrêmement difficile en perdant le cadre parental de savoir doser, certains travailleront beaucoup trop mais risqueront de craquer aussi nerveusement d'autres, plus souvent, sous doseront les efforts à fournir.
On ne peut pas tout donner à nos enfants, même si on aimerait les meilleures conditions possibles, il faut rester réaliste et privilégier toujours ce qui est le plus important pour eux, Guillaume sans connexion internet aurait fait une déprime grave, un autre sans télé ne peut vivre...
Certains parents acceptent que leurs jeunes de 18ans se mettent en cohabitation avec leur amoureux(se), cela réduit grandement le budget et offre, à priori un confort moral, à deux ils ne se sentiront pas seuls, personnellement je trouve que le risque est grand en cas de rupture de le voir s'effondrer complètement. Il devra affronter, alors que leur égo vient de souffrir toutes les difficultés de l'apprentissage de la vie en solo.
Lorsque la fac n'est pas trop loin, il peut être préférable que le jeune fasse l'aller-retour tous les jours de cours, le temps passé dans les transports sera parfois moins pénible à supporter que l'exode dans une vie qu'ils ne sont pas prêts à affronter. En prenant le bus un jour pour aller à la campagne, j'ai vu que bien des étudiants bossaient dans le car, ces jeunes avaient trois heures d'aller-retours, chaque jour de cours, un covoiturage régulier peut de plus en plus souvent se trouver, où se créer pour les jeunes possédant permis et voiture.
Parler avec ses enfants, essayer de déminer les problèmes, les envisager avec eux, tenter de trouver une solution ou avouer qu'il n'y en a pas dans l'immédiat, le fait simplement d'engager un vrai dialogue avec eux leur permet de sentir que nous savons les difficultés.
Il n'y a aucun remède miracle, mais si vos enfants sont jeunes, vous pouvez les préparer, même si, instits et profs vous le reprochent,
Une ancienne voisine, m'a dit, un jou
r, "Je croyais que tu étais trop exigeante avec tes gosses, que tu les faisais trop bosser si, j'avais su, j'aurais fait comme toi! " Mère et instit, elle avait choisi le concept éducation nationale, j'ai choisi de m'adapter au concept, mais de devancer pour dépiéger les demandes futures. Foin de méthode de "Sainte Anne" ou autre méthode suisse, oublier aussi le trop plein d' activités qui privent nos enfants de rêves et de temps à ne rien faire, style: piano, tennis, latin grec! Il faut vraiment faire des choix, le dessin ok, mais le dessin+ le théâtre +la natation+ le piano, pas possible, il faut simplement un vrai retour au simple bon sens, laisser du temps aux enfants pour souffler, tous les jours, développer la mémoire et anticiper les exigences, sans oublier ce qui faisait défaut autrefois: dialogue, amour, compréhension et accompagnement. Au final on gagne du temps, de l'argent, des cheveux blancs, et on a l'immense satisfaction d'avoir au mieux aider nos petits, d'avoir réussi notre mission sans trop avoir ramé et pouvoir contempler nos poussins devenus des adultes bien dans leur peau et dans leur vie.
Tout cela est extrémément pontifiant, j'en suis désolée, il se trouve que j'ai pu déjouer des pièges de l'EN grâce à mon histoire perso, éducation qui ne m'a pas permis de maîtriser l'écrit autant que je l'aurais dû, pas d'études au delà du bac car mes parents ne connaissaient pas le système et ne comprenaient pas l'importance de s'y adapter et en fait, s'en moquaient... Comme quoi, d'un mal peut survenir plein de biens, j'en ai retiré toutes les leçons et pour le moment, ça marche, et j'adorerais que tous nos enfants puissent réussir comme ils le devraient.