lundi 18 juin 2012

Faut il réformer le Bac?

La majorité des parents et des jeunes, je ne sais pas pour les enseignants, sont pour la suppression du bac dans sa forme actuelle, et plutôt pour  le remplacement par du contrôle continu.

Evidemment je soupçonne l'EN mais surtout le gouvernement d'être pour la suppression du bac dans sa forme actuelle car la correction d'une copie revient à environ 5euros/pièce. Le coût est énorme, certes, pour quel résultat? 85% de l'ensemble des candidats obtiennent ce diplôme et  un candidat recalé a  94% de l'avoir au second essai.

J'ai entendu un humoriste dire:

C'est tout juste si tu  dois pas écrire à l'académie pour leur demander de t'exempter du bac obligatoire  si tu ne le veux pas!


On confond très souvent tous les bacs, ce qui est regrettable. 85% des élèves passant leur bac l’obtiennent, certes mais  il y a trois grandes filières de nos jours et ce nom regroupe en réalités des examens aux enjeux très différents.

-La filière professionnelle,  (14% des jeunes) dit bac pro, qui comme son nom l'indique est une filière débouchant sur de vrais métiers et qui permet néanmoins aux étudiants qui le peuvent et le souhaitent de continuer dans des filières courtes (deux ou trois ans) afin d'obtenir une meilleure qualification.

-La filière technologique (16% des bacheliers), débouchant sur un bac dit techno, qui propose des enseignements où des matières pratiques seront enseignées à côté de matières classiques.  Cette filière permet d'accéder à des études le plus souvent courtes, l'accès aux étapes suivantes étant très difficiles (prépa puis grandes écoles), pour le moment elles ne répondent pas toujours  exactement aux attentes des professionnels et  certaines devraient être "boostées" par des réformes en cours.

-Le bac général, que passent 35 % des jeunes présentant cet examen,  bac auquel tout le monde pense lorsqu'on prononce le mot  "bac",  premier diplôme qui ne sanctionne aucun enseignement professionnel et qui doit être absolument être complété par une formation supérieure, courte (deux ou trois ans) ou plus longue en 5ans voire bien plus.

 Les bacs classiques  offrent trois sections,  littéraire (L) , économie (ES) et  scientifique (S), chacune étant déclinée avec un nombre très étendu d'options.

Certaines épreuves du bac  général se déroulent déjà dans les lycées où sont scolarisés les jeunes.  TPE et sport sont ainsi notés par les professeurs des jeunes. Ces notes  présentent bien souvent des incongruités actuellement; les profs faisant  parfois leurs petites salades. J'ai vu des élèves avoir leur note abaissée, malgré le barème,  afin de pouvoir remonter celle d'un  élève risquant de rater son bac, et de respecter la moyenne à laquelle chaque  prof  correcteur est tenu pour une classe.


Le risque est réel que certains jeunes échouent pour des raisons qui n'ont rien à voir avec leurs connaissances et inversement que certains jeunes obtiennent leurs bacs par complaisance ou empathie. La note de gueule n'entre pourtant  pas actuellement dans les épreuves de cet examen.


Je ne sais pas comment se fera  l’harmonisation des notes entre les différents établissements mais je vois mal comment on pourra  aussi évaluer les lycées, donc leurs élèves, en toute impartialité au fil du temps.

La disparition du bac entraînera presque obligatoirement la mise en place d' examens très souvent à places limitées donc des concours à l'entrée de chaque formation (DUT/IUT/ Facs/prépas..).  Beaucoup de formations ne sont déjà accessibles  qu'après avoir montré patte blanche en présentant  un dossier en béton, qui complète le sésame obtenu, précautions qui ne garantissent  d’ailleurs pas la réussite dans les études entreprises, d'autres nécessitent déjà  d'avoir réussi  à un concours (infirmières, écoles en cinq ans..).

Actuellement tous les bacheliers s'étant inscrit en bonne et due forme dans les facultés dont ils dépendent voient leur dossier aboutir, certaines facs  délocalisent une partie de leurs étudiants devant l'afflux des demandes.

La mise en place de sélection à l'entrée de tous les établissement supérieurs ne pourra qu’accroitre encore le parcours du combattant des élèves de terminale : choix des filières, dossiers, concours.. . Faute d'anticipation et devant la complexité des inscriptions  encore plus  de jeunes ne pourront accéder à la filière choisie ou choisie par défaut.


Alors le marronnier de fin juin que l'on nous sert  encore cette année ne devrait pas se nommer "Faut il supprimer le Bac" mais bel et bien  aux nom d'économies bien plus substantielles, "Doit on limiter le nombre d'étudiants selon les filières?"

On peut rajouter d'autres interrogations, doit on adapter le nombre d'étudiants par filières  au marché du travail ?  Comment éviter qu'environ la moitié des étudiants échouent en première année de fac? Mais ces interrogations entraînent inévitablement une remise en question du système dans son entier, de la mauvaise préparation des élèves aux études supérieures  et surtout de la liberté d'entreprendre ce que l'on veut au risque d'échouer.




6 commentaires:

Guillaume a dit…

J'ai fait 3 ans de fac au sein d'une iae (sorte de fac d'éco amélioré se revendiquant école universitaire de management).

Le taux de rebus en fin de 1ère année était de 75% (pourtant ils sélectionnent un minimum en amont et prenne les bacheliers sur dossier).

En fin de 2ème et 3ème année le taux d'échec était encore d'environ de 25%.

Au final ce sont donc un peu plus de 14% des étudiants admis sur dossier en 1ère année qui obtiennent leur licence en 3 ans.

Je ne connais pas le taux de personne qui s'accroche et l'obtienne en 4 ou 5 ans mais je doute qu'il ne soit très élevé (disons 5 % et encore je suis gentil).

Cela montre bien à quel point les choses sont bien faites déjà actuellement, supprimons le bac avec un peu de chance ce taux pourra passer en dessous de la barre des 10% !

(n'oublions pas que chaque redoublement et une année de 'perdue' qui aurait pu être évité déjà en commençant par orienter les élèves ...)

Mariannette a dit…

Bonjour Guillaume,
je suis dans les soucis pour mon fils de 19 ans, le mot "rebuts" m'a fait mal, mais malheureusement...
il a abandonné la fac, ou l'inverse après 2 premières années en fac d'histoire, il ne s'est pas habitué en ville, n'a pas fait ou pas pu faire l’effort,
il ne sait pas vraiment ce qu'il veut faire, n'a pas les moyens de ses désirs,
nous nous sentons seuls !
voilà, je ne veux pas m'épancher plus, ce serait indécent !
Mais au moins, il a le bac ES...
Alors je suis contre la suppression du bac
voilà !

Ladywaterloo a dit…

J'ai trouvé le mot rebut trop violent aussi.

Ton fils peut tout à fait rebondir, Yann (expert comptable) a bac+3ans, n'avait en fait que son bac, après il a brûlé les étapes.

Le seul truc à savoir c'est ce qu'il veut faire, dans quoi il se projette, il y a surement des trucs qui lui plaisent et qu'il peut faire.

Quels sont ses centres d'intérêt?

Guillaume a dit…

Mm.. Je suis désolé de vous avoir fait mal en employant le terme 'rebut' c'est un peu fort mais cela illustre la colère que j'éprouve ) l'égard du système. C'est avant tout l'orientation que je remets en cause. J'ai de nombreux amis (rencontrés en première année de fac) qui font maintenant complètement autre chose et qui se plaisent dans leurs nouveaux choix de vies.

En ce qui me concerne j'ai eu la chance d'avoir la famille que j'ai sinon je n'aurai vraisemblablement pas trouvé ma voie avant un bon bout de temps (au moment de passer mon bac il y a 4 ans je n'avais strictement aucune idée de ce que je voulais faire). Mon orientation pro a encore été bouleversé cette année, je m'oriente finalement dans un domaine qui ne me semblait vraiment pas fait pour moi. C'est le hasard de mes stages qui m'y a poussé.

Si j'ai un conseil à vous donner c'est tout d'abord de croire en votre fils et de garder courage ! C'est un message d'espoir que je veux faire passer, tout le monde fini par trouver sa place. Pour arriver à ses fins il faut croire en soi et avoir le courage de se donner les moyens d'assumer ses ambitions.

Ladywaterloo a dit…

Je pensais que ton terme outrancier était une injure au système, je suis en révolte contre ce système, mais j'essaie de donner des trucs pour s'en sortir.

De par mon histoire et ma personnalité j'ai bcp réfléchi et étudié le système, je ne le démolis pas, mais cherche à faire au mieux pour tous, mes enfants d'abord et tous ceux que je rencontre.

Mariannette a dit…

Guillaume,
j'ai beaucoup aimé votre message,
et je n'ai pas trouvé le mot rebuts trop fort,
il est malheureusement vrai, mais j'ai eu mal,
car les parents, en plus, nous sommes âgés, nous sommes désespérés, alors, il doit le sentir...
il faut croire en lui,
la vie à 19 ans est à lui
et j'ai bien aimé le texte et le commentaire,
pas de critique de ma part, bien au contraire,
j'en connais d'autre des jeunes qui sont dans le même cas
donc le problème est plus que personnel