jeudi 6 décembre 2012

Je ne serai jamais admirable comme ma mère!

Jamais, jamais  je n'égalerai ma mère, si merveilleuse, se consacrant depuis toujours et avec abnégation aux autres, d'abord à sa famille, père mère et frère et soeur, puis à son mari et nous, ses enfants . Elle a consacré sa vie à nous, ses enfants, elle a été mère exemplaire, mère sacrificielle, mère adorable, inégalable et jamais égalée, en simplicité, et surtout en tout.

Il ne se passe pas de jour sans que certains de mes automatismes ne trouvent leurs justifications à essayer de vivre en "dehors de ma mère". j'ai renoncé à coudre, ma mère coud si bien, à tricoter, maman le fait si bien, à faire tant et tant de trucs que ma mère faisait si bien, bien mieux que je ne ferai jamais.

Je me surprends encore moi même, à mon âge, pourtant, croyez vous que ce soit raisonnable? L'an dernier, je lui ai porté des pâtes de coings dont je savais qu'elle était friande, j'en faisais pour la première fois, elle me remercia d'un air distrait  je les ai rangé  alors discrètement dans un coin en laissant les "Mon Chéri" que je lui avais aussi offert et qu'elle adore à portée de main, plus jamais elle ne me parla de ces pâtes de coing, ratées ou pas, je ne sais pas, mon homme les a adoré, mais qu'en sait il, lui au fond? Cette année, mes coings pourrissent dans une coupe.

Je suis toujours meurtrie par tout l'égard qu'elle me refuse.

Ma mère me blesse depuis que je suis toute petite, elle dira volontiers Mais, penelope était si difficile petite, elle pleurait tout le temps pour un rien.

Peut être, mais j'étais si petite, la vie était difficile pour moi, je m'en souviens, j'avais peur de mourir, je me souviens du fusil, je me souviens de trop de choses. Maman est persuadée que les enfants ne se souviennent de rien et qu'ils inventent. Elle a tort.

Elle a surement raison, tout le monde lui donne raison depuis toujours, elle a tellement souffert, et moi, maintenant je suis la mauvaise fille, celle qui refuse d'aller plus loin, avec elle. J'aurais préféré qu'elle meure puisque depuis tellement de temps elle dit vouloir mourir, elle n'est pas morte et moi, je ne peux plus avancer avec elle.


Par chance, jamais maman n'a réussi à me faire, vraiment,  douter de mes capacité de séduction, elle a essayé, m'a enlaidi avec des cheveux courts et mes vêtements moches,  je me souviens du moment où, alors que j'étais jeune adolescente,  elle tenta de me faire porter une cravate avec une chemise blanche à pans sortis sur un pantalon noir "Toi, tu peux te le permettre!" 

Peut être, mais j'en avais pas envie, même pour lui complaire, entre la petite fille en velours rose et la virago, ma mère ne voyait pas ma place ou ne l'acceptait pas. Sa petite fille devenant une femme mettait sa propre séduction en danger, elle m'aimait, en faire valoir, tant que je ne lui faisais pas d'ombre mais comme la mère de Blanche Neige, elle  ne souhaitait pas me voir grandir. Sauf à devenir un clone, elle se serait alors retrouvé en moi,  mais je ne lui ressemblais pas, du tout, et ne pouvais tenter de la satisfaire ainsi.

Elle a essayé  de me dissuader de devenir femme, elle me disait, que je ne pourrais pas devenir une jeune fille qu'un homme aimerait, tout au moins aimerait épouser, ou alors il faudrait que je change beaucoup. De nos jours, si j'étais dans une famille "tratra" je me précipiterais dans un couvent, si j'étais dans une  famille plus moderne mon côté Yang  prendrait le pas et peut être préférerais je des amours saphiques.


Les gens n'imaginent pas ce qu'une mère toxique, même sans faire exprès, peut faire comme dégâts. Il m 'a fallu beaucoup de courage pour la fuir, encore plus pour tenter par moments de l'aider, mais je sais que si je suis femme,  et heureuse ce n'est pas avec elle, mais malgré elle.

J'étais destinée à être "vieille fille" ma mère m'avait prévenue, j'étais immariable, je m'en fichais, je plaisais aux gars et ce, depuis toute petite, heureusement, j'ai eu le regard de mon père qui me renforçait dans ma féminité de petite fille, sinon que serais je devenue? Sans père, je ne crois pas que je serais arrivée à devenir femme.

On a tous du Yin et du Yang en soi,  si ma féminité avait été encore plus bafouée qu'aurais je fait pour vivre ma vie?

Ma mère a écrit une lettre fantastique à mon  (futur)mari en réponse à sa demande en mariage, en la lisant il a éclaté de rire,  en gros cela ressemblait à:

Penelope est une jeune fille qui parait merveilleuse mais qui n'a aucune stabilité, aucune maturité, ne sait rien faire de ses dix doigts et entourloupe tous les gars. Vous me paraissez charmant, mais réfléchissez! Une fois engagé vous ne pourrez plus rien faire,  je compte sur votre réflexion et me démets de toute responsabilité.

Signé, mame Bérézina

Lui,, ça l'a beaucoup fait rire, moi, nettement moins, depuis toujours ma mère me sabotait tout, elle me faisait arborer des coupes de cheveux de garçon,  me confectionnait des vêtements immondes, tout cela sous une couche insoupçonnable d'amour maternel dévoué, elle chantait mes louanges partout, mais essayait toujours de me faire chuter.

Ma mère merveilleuse avait même réussi à convaincre mon père et le directeur de l'établissement où j'étais scolarisée  de me faire doubler ma 1ère, sous le prétexte que j’étais trop jeune (j'aurais eu 16ans à mon  bac, que tous, savait que j'aurais). j'étais en 1 ère C, j'étais juste en physique chimie, très bonne élève ailleurs,  j' ai obtenu 15 et 16 au bac français cette année là. Comment démolir un enfant? Comme cela, elle avait pleuré, supplié, disant mon immaturité, sa crainte de me voir partir loin d'elle si jeune,  bac en poche. Ils y ont cru, personne ne m'en avait parlé, ils ont décidé de ma vie sans moi. J'ai doublé donc, sachant que c'était injustifié, mais sans poser de question. Je n'ai plus jamais consacré un instant à des études si scélérates. La vérité me fut avouée par ma mère plus de vingt ans après.

Les mères narcissiques sont des poisons, immatures ou pas, parfois terriblement sympathiques, attachantes, intelligentes,  personne ne croirait en  leur capacité de destruction massive, elles ont l'air si gentilles, si dévouées. Il ne faut pas croire à ce qui parait, mais regarder les gens. Parfois pour savoir la vérité je regarde juste les photos, les vidéos, je coupe le son, les mots et je sais alors la vérité.

Une mère narcissique parait souvent bien plus belle que son enfant, qu'elle encense par ailleurs, tout tourne autour d'elle, mais elle ne parait  parler que d'eux. Couper le son dominant et écouter, la mère  ne parle t'elle pas d'elle en fait? D'elle par rapport à eux, semblant les encenser alors qu'elle n’encense, de fait, que sa maternité?

Cendrillon n'a pas une marâtre mais une mère, qui veut la garder enfant, soumise ou tout au moins non critique, à jamais admirative. Une mère narcissique ne laisse guère de choix à ses enfants, ses filles ne pourront jamais la rivaliser, en quoi que ce soit, elles lui doivent tout, et à jamais devront le proclamer.

 Les filles de mères narcissiques ont bien du mal à s' épanouir, elles doivent sortir des sentiers battus pour que leurs mères les laissent tranquille, renonçant souvent à une vie normale épanouie, leurs seules voies possibles sont dans la lutte ou le renoncement d'une vie ordinaire.

Peut être n'aurais je pas dû regarder Once Upon A Time, rien de pire que les contes de fées. (sur la 6, le samedi soir)...










10 commentaires:

Cath64 a dit…

A la fin de la lecture, j'étais essoufflée comme après une course, sans doute parce qu'au fil de tes mots je retenais mon souffle devant cette abomination.
Je ne sais quoi dire d'autre, sinon que je t'admire d'avoir réussi ce travail sur toi, et que je suis tellement triste pour cette petite fille à qui une vilaine mère a volé son enfance et son adolescence. C'est tellement injuste.
Et puis, attaque donc le tricot, c'est tellement agréable et gratifiant. Et les tricots d'aujourd'hui n'ont tellement rien à voir avec ceux d'hier :-)
Très amicalement, Catherine.

Guillaume a dit…

Je suis d'accord avec Cath64 pour le tricot, d'autant que ton fils adoré aimerait bien pouvoir parader avec une belle écharpe que sa chère maman lui aurait tricoté... (et qui lui permettrai certainement d'avoir d'autant plus de succès auprès de la gente féminine).

Hum, hum, du chantage ? Pas du tout, je plaisante bien évidemment !

=).

Anonyme a dit…

bienvenue au club ! oui c'est énervant de ne pas arriver à se remettre de tout ça. Moi aussi à chaque fois que je vois ma mère c'est comme une apnée du moment où j'arrive au moment où je pars, pour ne rien dire qui pourrait m'exposer, pour ne pas l'envoyer balader avec ses remarques désagréables pour tout... En plus ma soeur se charge de me faire passer pour bien mauvaise auprès de ma mère et de ma grand mère que j'aimais tant mais qui aujourd'hui commence à faire des reproches... je m'éloigne pour me préserver, je suis mieux loin et je l'assume...
mais se défaire de tout ce bagage je ne crois pas que je pourrais non plus.
Allez bonne journée à vous !
Anne

Martine a dit…

Ah, nos mères!!! Les mères parfaites n'existent pas, bien entendu et la mère qui se croit parfaite rend ses enfants malheureux (et surtout ses filles parce qu'elle préfère les garçons le plus souvent).
La mienne fut une bourgeoise, qui se voulait bourgeoise et voulait nous éduquer dans un milieu fermé. Pour moi ce fut raté mais je fus hyperactive. J'avais des habits cousus par elle (elle cousait très bien) mais je me sentais si décalée et on se moquait de moi car je vouvoyais mes parents.
J'ai aussi tout refusé, redoublé trois classes et maintenant qu'elle a 99 ans, je n'arrive toujours pas à aller la voir sans en resortir avec une crampe d'estomac... Est-il si terrible de dire: "Je n'aime pas ma mère"? Le ciel va-t-il me tomber sur la tête? d'autant que je n'ai rien à vraiment lui reprocher sinon d'avoir voulu me mettre dans un moule que je détestais.
Et puis, que diront mes enfants de moi? Parfois j'ai peur de reproduire ce modèle bourgeois que j'ai vécu et je sais que parfois, je le fais!

margo a dit…

Ma mère je l'ai perdue à l'âge de 20 ans, elle venait d'en avoir 42. J'étais fille unique et elle aussi. Elle était peu démonstrative mais aimante. Elle avait une riche vie professionnelle qui la passionnait car elle avait réussi à "la force du poignet". Nous nous étions pas mal disputées lors de mon adolescence car j'étais très rebelle et réclamais beaucoup de liberté, que j'obtenais en fin de compte. Je n'ai jamais su quelles relations adultes nous aurions pu entretenir si elle n'avait pas mis fin à ses jours, brutalement, du fait de l'infidélité de mon père. Finalement je me dis que malgré l'immense détresse que j'ai ressentie alors (et la stérilité qui s'en est suivie) je garde un merveilleux souvenir de ma maman, qui n'est pas entaché par les remous de la vie quotidienne. Dans mon esprit elle reste jeune, belle, active, la peau lisse et les cheveux foncés pour toujours. Je suis bien plus vieille qu'elle ne l'a jamais été et c'est très troublant d'être plus vieille que sa mère.

Anonyme a dit…

à Martine... c'est ça le plus dur pour moi, quand je me rends compte que je fais comme elle, malgré moi. Ca prend beaucoup beaucoup de forces et d'énergie de changer le fonctionnement qu'on a absorbé étant enfant... mais si on en est conscient on progresse et c'est ça qui compte le plus pour nos enfants, qu'ils sachent qu'on peut évoluer, changer... c'est la plus grande liberté qu'ils puissent apprendre de nous. bonne journée
Anne

Anonyme a dit…

Que l'on ai des reproches en tout genre envers ses parents est normal. On peut aussi ne pas les aimer, mais il faut d'abord savoir le reconnaître et être assez mur pour l'assumer. Nous ne changerons pas nos parents, nous ne changerons pas le passé, une fois adulte rester en conflit est inutile et mauvais pour tous, sauf en cas de faits entraînant des suites pénales. Mais pour ce qui touche aux ressenti, aux sentiments, inutile de s'en rendre malade. Je n'aime pas spécialement ma mère, je lui rends des services comme à une voisine,(dans un sens c'est une "voisine de vie") je pense qu'elle m'aime à sa façon et je me rappelle 2 phrases plus ou moins biblique : tu honoreras tes parents et tu ne feras pas aux autres ce que tu ne voudrais qu'ils te fassent.

mariannette a dit…

je suis fille, je suis mère,
je ne voudrais pas ressembler à ma mère,
elle est morte
j'ai beaucoup aimé ce texte, je te comprends
la lettre au fiancé est terrible,
cette mère là est vraiment exceptionnelle, extraordinaire,
no comment supplémentaire
courage fuyons !!!!

Anne** a dit…

"Honore ton père et ta mère" est un des dix commandements. Il n'est dit nulle part qu'on doive aimer ses parents. Les honorer signifie les reconnaître pour ce qu'ils sont et les respecter. En cela, il me semble, "Anonyme", qu'il est difficile de rendre à sa mère des services comme on le fait pour une voisine ....
Chère Lady, voici un sujet inépuisable. Nous pourrions y passer quelques longues soirées d'hiver, devant un beau feu, la neige tombant silencieusement au-dehors. J'apporterais des boîtes en fer remplies de bredele alsaciens, des parfums de cannelle, d'anis et de girofle pour nous consoler de l'inconsolable.

Ladywaterloo a dit…

Il est évident que d'écrire de tel texte en sert à rien pour ma situation perso, mais peut être peut il faire prendre conscience à des mères élevant leurs enfants ce à quoi il faut faire attention.

Nous sommes toutes plus ou moins des mères narcissiques, le tout est d'en être conscient et de faire très attention à nos enfants qui sont des personnes humaines pleines et entières, dépendant de nous, mais différents de nous.

J'ai trouvé un texte très complet, et précise que bien entendu jamais ma mère ne m'a maltraité physiquement et surtout jamais volontairement enfin je ne crois pas.

On développe, enfant maltraité le syndrome de Stockholm ou un truc comme ça, on a bien du mal à raconter, on se culpabilise beaucoup. Tous les enfants d'une fratrie ne sont pas traités pareil.

http://forum.doctissimo.fr/famille/relations-parents-enfants/narcissique-attention-long-sujet_7660_1.htm

Le respect n'est possible que lorsqu'il est réciproque. Mes enfants me traiteront comme ils le souhaiteront, je les aime mais n'attend rien d'eux, et heureusement. Lorsqu'on est parent, on se consacre à l'éducation de ses enfants à fond perdu, il n'y a aucune raison que les enfants nous doivent à vie reconnaissance.

J'ai eu des enfants car je le voulais bien, et ils ne me doivent rien!

@Anne** faudrait vraiment s'organiser....