Il y a un peu plus d'une quinzaine d'années, en vacances dans mon Auvergne profonde, je fus une non-victime du contrôle au faciès, ou si vous le préférez une victime du non-contrôle au faciès.
C'était un moment de rasso du coeur de l'été, qui voyait fondre sur la cité des motos, des hard-rockers et un tas de gens bigarrés bizarres, qui envahissaient la ville. La plus part se donnaient rendez vous dans des cafés sympas, ou hantaient les chambres d'hôtes, certains étaient plus en marge de notre bonne société: sales, les cheveux hirsutes, jeans roides de crasses, allongés sur le trottoir, souvent des chiens les accompagnaient, parfois des filles aussi....
Ce rasso n'existe plus, il m'a un temps manqué, mais certains motards ont fait racines en achetant des maisons et notre région est toujours une région de motos et de bars à motards.
Ce jour là, un samedi matin, j'avais quelques courses à faire au centre ville avec les enfants et aussi devais en profiter pour acheter au Casino quelques trucs que j'avais oublié d'acheter la veille. Sans problème, je me suis garée, en ayant jeté un rapide coup d'oeil sur la place, j'ai bouclé la voiture contrairement à mon habitude. Rapidement je me suis faufilée avec mes deux enfants entres les jambes des jeunes afin de faire mes courses. En sortant du magasin, j'eus la surprise de voir trois équipes de policiers (ou gendarmes?) effectuer des contrôles d'identité à la sortie.
Je fus ennuyée, je n'avais pas de pièce d'identité sur moi. Pire je n'avais peut être pas du tout de pièce d'identité, mon permis était en miettes depuis un bout de temps, je ne possédais pas, conformément à mes convictions, de carte d'identité, depuis que je sais que le passeport n'est pas une preuve d'identité française contrairement à la CI je m'en suis fait faire une. Même mon passeport n'était peut être pas à jour, et d'ailleurs où était il? En ville sûrement.... Je me préparais mentalement à un interrogatoire serré des horribles policiers, trouvant des justifications pour tout, mon dernier venait de manger la photo du permis (dévoré par un des ses aîné, de nombreuses années auparavant, alors que je lui donnais ce document pour qu'il arrête de pleurer en voiture), ma carte d'identité? J'en avais une, quelque part, datant de mes treize ans, suffirait elle?
J'ai toujours eu des relations conflictuelles avec les papiers, particulièrement les papiers d'identité, car ils me mettent dans une case et j'ai peur des cases. J'ai très longtemps prétexté un vol de sac à main pour ne plus jamais en porter sur moi, mes clefs de la maison étaient en poche.
A la caisse du Casino, le vélo de mon angoisse, grimpait, grimpait, grimpait, je me jurais in petto de refaire tous les documents manquants, devrais je en baver... Mon homme de surcroît ne pouvait m'être d'aucun secours, il était je en sais plus où, loin, très loin. Tremblante je suis sortie enfin avec mes sachets de courses et mes deux enfants, habillés made in Cyrillus, of course, ou un truc pareil, et plongeais dans cette masse que j'imaginais très fortement hostile.
Ma sortie ne provoqua qu'un vague coup d'oeil alors que l'on houspillait une toute jeune fille. J'en fus révoltée. Je suis alors allée voir un policier et lui demandai
Pourquoi contrôlez vous ces jeunes et ne me contrôlez pas?
L'homme me jeta un regard et sourit:
Parce que vous êtes une dame avec des enfants!
Et alors vous ne me connaissez pas! Si ça se trouve je n'ai pas mes papiers!
Il se mit à rigoler franchement
Madame, c'est possible mais très peu probable, nous essayons de ne pas perdre notre temps! Il y a très peu de risques que vous contreveniez à nos lois. Nous sommes peu nombreux et devons gérer beaucoup de monde.
Je lui dis alors ne pas avoir de papiers, il s'en foutait. Je fus un peu vexée, mais repartis.
Quelques années plus tard faisant des courses de Noël avec Charlotte dans un grand centre commercial, elle a halluciné de voir que je n'étais jamais contrôlée, je rentrais dans des magasins avec des grands sacs de courses et en ressortais sans que personne, aucun flic, aucun vigile ne vérifiait jamais mes sacs.
J'ai passé ainsi des frontières en voiture, pire en train, échappant même sur ma bonne mine au contrôle des gendarmes, ils contrôlaient les jeunes pas moi, j'en fus souvent soulagée, la dernière fois, il y a six ans, j'avais réellement oublié de prendre des papiers alors que je me rendais chez ma fille en Espagne pour la naissance de Pierre.
Je fus peut être une super pick pocket, ou passeuse de drogue, ou pas, très probablement pas. J'ai des regrets, j'aurais peut être dû... Cela aurait amélioré notre ordinaire, et incité les flics de se méfier des petites dames "très comme il faut".
Depuis quinze ans j'ai un nouveau permis, depuis cinq ans, j'ai enfin définitivement grandi, j'ai une CI valide. Je sors toujours sans rien, ni sac, ni papier, ni téléphone, ni souvent sans un sou, juste mes clefs en poche, et encore, je ne risque pas de perdre ainsi ce que j'ai eu tant de mal dans ma tête à acquérir.
11 commentaires:
Je me suis trouvée, par hasard, à Cunlhat, un jour de fête-motard, j'avoue avoir assisté à des spectacles surréalistes pour moi.
Je crois que la concentration a changé d'endroit.
Bonne journée Lady.
ouf Jacqueline répond à mes interrogations, je cherchais la petite contrée d'Auvergne où il y avait le rassemblement des motos
bon, merci
au fait, on dit CNI, chère LADY, et si tu la perds, pour la faire refaire, il te faudra débourser 25 €, en timbre fiscal...
bref, ton texte me plait, moi non plus je n'ai jamais été contrôlée, il est vrai que je ne vais jamais nulle part,
sauf à CLE FD
ZUT, je ne me rappelle plus ce que je voulais encore dire...
un jour, dans un concert rock (quand on pouvait encore fumer dans les salles) un jeune homme m'a tapé sur l'épaule et m'a dit "eh, t'as pas un joint ?". J'ai tourné la tête et quand il m'a vue de face il a dit "oh, pardon madame !"
Comme quoi...
Que voulez-vous, on n'a pas des mauvaises gueules, c'est tout. Peut-être devrions-nous nous teindre les cheveux en violet et et se faire faire des tatouages sur les joues. Tiens je suggère des anneaux à la langue aux sourcils et on en reparle après.
comme quoi t'es plus jeune de dos que de face
et que t'as plus la classe de face
cqfd
hein Francine...
J'ai toujours été tentée par des cheveux vert, d'un beau vert prairie, mais les piercings et tatouages non... Sauf les faux! Mes enfants et petits enfants ne devraient cependant pas me voir ainsi ils crèveraient de honte.
Les codes vestimentaires sont en général très respectés, partout. Essayez d’habiller un jeune normal en jeune bourgeois, il aurait l'impression de devenir un bouffon...
Les flics se basent souvent sur ces codes qu'ils connaissent plus que sur tout autre chose pour vérifier les identités, cela peut être trompeur, mais statistiquement non.
Nous analysons tous ces codes consciemment ou pas, si on étudie un peu, cela devient très intéressant.
Lorsque nous étions jeunes (ppsshh!), mon mari et moi habitions, l'un dans les Yvelynes, l'autre dans le Val d'Oise. Nous étions souvent gare du Nord pour nous retrouver. Lui, métis malgache avec une tête très typée, moi cht'i blonde. Un jour nous nous sommes fait controlé 3 fois en 2 heures!!Enfin, lui, pas moi!!Dont une fouille en bonne et due forme,"retourne tes poches, donne ton paquet de cigarette, t'as pas d'chit?" Tutoyement de rigueur!!Allez dire après ça qu'il n'y a pas de contrôle au faciès!!Ici, aujourd'hui, au milieu des vaches, on est plus tranquille, et mon mari a perdu ses cheveux frisés!!A bientôt.
et toi Sylvie t'es toujours blonde ?
Martine, si seuls les gens qui ont une mauvaise gueule étaient dangereux, ce serait tellement plus simple... Les pires escrocs ont une bonne tête, c'est pour cela qu'ils sont efficaces. Bernard Madoff, par exemple, a l'air d'un bon vieux monsieur.
Tu as tout à fait raison Francine c'est pour cela que parfois je me dis ne pas avoir saisi ma chance! Mon homme est moi ferions de fabuleux passeurs de drogue... Sauf pour aller vers la Suisse, enfin, je crois.
Je songe d'ailleurs à planter des papaver somniferum, je pense pouvoir en planter devant chez moi sans que nul n'y prête garde, la culture du cannabis requiert un climat que je suis loin d'avoir!
Ceci est de la pure provoc par dérision, rassurez vous, je ne vendrai jamais un gramme de saloperie à quiconque
pour le cannabis, tu as toutefois la solution de la serre...je plaisante bien sûr!
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