jeudi 21 octobre 2010

Peur des casseurs.

                                           Place Bellecour hier, (photo Le Figaro)


                                                

J'ai peur des casseurs, être entrainé dans une spirale de violence urbaines est la pire des choses qui puisse arriver pour la France en général et chaque français en particulier.

Du haut de ma fenêtre, je viens de contempler le carrefour qui donne sur le lycée de mes enfants, grand lycée provincial, prestigieux et peu atteint jusqu'à présent par les grèves. J'ai vu les CRS et j'ai un peu peur.

Hier Valentin et Hubert m'ont raconté le sit-in d'une cinquantaine d'élève, bloquant l'avenue. Ils ont du avoir froid, cela m'a rassuré, les CRS ne les délogeront pas, le  temps s'en chargera tout seul. Les si- in sont pacifiques. Avant hier ils m'avaient dit comment l'un et l'autre avaient escaladé les grilles de leur lycée, qui sont des grilles qui arrêtent juste les mémés et les bébés, afin de ne pas avoir à traverser un mur humain composé d'élèves d'établissements voisins..

Le lycée où vont mes enfants est un lycée où les cours continuent quasi normalement même les jours de grève. Mardi, Valentin (Tes) avait un contrôle annoncé depuis dix jours en SES, seuls 9 élèves manquaient sur 35. Seront ils sanctionnés ou juste avertis, je ne sais pas. L'immense majorité des élèves de cet établissement savent qu'ils ont de la chance d'être dans un excellent lycée, ils ne se plaignent pas du sur-effectif des classes, ils vont en cours même le samedi matin à 8h, et retourneront un jour plus  tôt que les autres, afin de rattraper, en avance le futur pont de l'Ascencion de 2011. Cela se passe dans le calme et la bonne humeur, les professeurs motivent leurs troupes, et chacun est conscient que bénéficier d'une instruction gratuite de qualité est un énorme privilège dans le monde, aujourd'hui encore. Ce lycée  vieillot  est le seul de la ville a ne pas participer aux manifestations.

Aujourd'hui l'arrivée des CRS aux carrefours m'angoissent, Hubert est petit encore, j'ai peur des débordements. Hier, à Chalon,  une élève de 16 ans a perdu un oeil,  jet de pierre d'un casseur, en voulant seulement voir ce qui se passait devant son lycée.

Alice et Guillaume vivent à Lyon, Alice passe tous les jours dans le quartier Bellecour, en métro, pour aller travailler. Guillaume, lui a une coloc dans ce même quartier, Arthur, un de ses coloc s'était fait courser en rentrant chez lui par une bande de jeunes, sportif, il s'en est sorti indemne. Alice, hier soir, a été débarquée de son métro, place Bellecour, et s'est retrouvée coincée entre des CRS et un énorme incendie derrière lesquels étaient des casseurs. Pas de bol, la bouche de métro donnait là.

Au delà de ces petites mésaventures pour le moment anodines, je crains que tout cela n'empoisonne encore plus le climat social, exacerbant les tensions communautaires. J'ai le sentiment que chaque soubresaut, nous fait reculer de dix cases dans la tolérance et le respect de l'autre. La reprise s'éloignant inexorablement chaque jour de trouble. Des entreprises fragiles vont fermer,  et 1500 chômeurs supplémentaires chaque jour pointeront au "pôle emploi".


A terme je pense que la sévérité du gouvernement sera payante, on ne peut laisser la France s'installer dans des troubles au moindre mouvement de protestation. On ne peut reculer devant la rue pour des réformes plus qu'urgentes. Il n'y a plus d'acquis sociaux dans la mondialisation, il y a des valeurs a sauvegarder des choix à faire.

Que se passera t-il chez nous lorsque comme nos voisins britanniques  nous annoncerons un âge légal de départ à la retraite de 66 ans? Un coup d'oeil sur les manifs des anglais? Parfois j'aimerais être anglaise, sans sauce à la menthe, svp! tiens les manifestants anglais contre la réforme des retraites sont vieux eux!   :)


 

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