16 ans et souci de formes...

Valentin a 16 ans, bel âge, beau gars, il a très vite grandi, cela le satisfait mais le pèse-personne dénonce des kilos qui l'affolent, c'est vrai peser genre 72kg c'est gros lorsqu'on songe que quatre ans auparavant l'aiguille ne décollait pas  du 43.5. Depuis Valentin a  grandi également de plus de 30 cm.  Il trouve cependant son corps lourd et  encombrant  et tente en ce moment de l'apprivoiser.

Rentré du lycée, il râle contre Hubert qui prend un gouter et étale impitoyablement pain, Nutella et  jus d'orange sur la table de la cuisine où Valentin s'aventure néanmoins afin de prendre un verre d'eau, louchant sur ces tentations obscénement étalées. Les éclats de voix à chaque fois m'obligent à intervenir.

Valentin hurlant contre son frère, qui va devenir gras comme un petit cochon, il dit un gros porc, et Hubert affamé par sa croissance qui riposte qu'il a fait du sport et qu'il a faim. Deux voix en baryton et baryton basse qui se disputent comme les enfants qu'ils étaient hier, mais ayant gagné une telle puissance qu'ils nous  assourdissent dès q u'il quittent le ton de la conversation à voix basse.

Valentin a décidé sauvagement de ne plus jamais gouter, de se satisfaire de deux repas par jour, et de faire de la gym tous les soirs dans sa chambre afin de muscler sa grande carcasse. Je ne lui ai même pas fait remarquer qu'avant qu'il se retrouve en maillot de bain, il avait le temps et bien des embûches d'agapes seront à surmonter d'ici là,  à commencer par Noël.

Vendredi soir, je vois Valentin s'éclipser pendant la pub en enfilant des gants de foot, dont il se sert pour faire des abdos suspendu à sa mezzanine. Ironique je lui dis:

Ah, c'est vrai, régime et gym les deux piliers de la santé.

Il me regarde goguenard et me répond

Maman je ne ferai jamais de gym  ni de régime, j'exerce un simple contrôle alimentaire et j'entretiens mon corps, c'est tout.

je me le tiendrai dorénavant pour dit, les mots signes d'effort et restriction ne sont plus de mise. Valentin connait les méandres rédhibitoires qu'exercent certains mots  sur notre moral et donne un substitut plus attractif et surtout positif à ces tortures quotidiennes.

Valentin aimerait faire du marketing plus tard, je crois qu'il possède de manière innée cet aspect nécessaire dans le savoir-vendre pour lequel  le savoir- présenter est aussi important que le réel.