mardi 24 mars 2015

L'ombre du malheur.

Parfois on sent que l'ombre du malheur aurait pu passer sur nous,  toucher l'un d'entre nous et notre vie à jamais être meurtrie.

Ce midi, alors que je préparais notre déjeuner, je n'avais rien dit à mon mari, le coeur serré lorsque j'ai appris ce crash dans les Alpes, les mots Barcelone-Düsseldorf ont glacé mon esprit, mais, je me suis tue. Je n'étais pas certaine que mon gendre allait  vraiment à Düsseldorf, lorsqu'il se rendait en Allemange, hier Charlotte ne m'avait pas parlé non plus de déplacement  ces jours-ci de son mari et en fait une grande entreprise, même allemande,  fait-elle voyager ses cadres sur une "low-cost"?

Je me demandais comment prendre contact avec ma fille en toute discrétion, un lundi, sachant qu'elle bosse et rentre tard le soir et que depuis hier, où nous nous étions téléphoné nous n'avions, il est vrai pas grand chose à nous dire de plus.


Un message de Charlotte plus tard, je fus soulagée, son homme n'était pas dans cet avion, alors qu'il emprunte régulièrement cette ligne, soulagement purement égoïste tant de familles pleurent la perte des leurs et, moi,  je suis heureuse car les leurs ne font pas partie des miens, un peu minable mais si humain.

Avant tout ça, j'avais des idées de message,  je les ai oublié, l'ombre du malheur est passée au loin,  et pas si loin pourtant de lieux que j'aime tant, j'ai presque l'impression que ces lieux seront marqués à jamais, j'aime tant Barcelonnette, la région sera tatouée par quelques mots, crash-avion-attentat-morts.

Je ne sais pas s'il s'agit d'un attentat, je le crains simplement, les avions sont si sûrs et la Lufthensa est une compagnie si sérieuse.

J'ai eu froid quelques moments, puis heureusement cette ombre s'est éloignée, mais les questions angoissantes demeurent comment ce drame peut il être alors que Barcelone est une ville où on ne néglige pas la sécurité,  l'avion est entretenu, la compagnie sérieuse et la météo sans problème?


3 commentaires:

Anonyme a dit…

« Nous sommes sans arrêt confrontés à des séparations. La vie a une main qui plonge dans notre corps, se saisit du cœur et l’enlève. Pas une fois, mais de nombreuses fois. En échange, la vie nous donne de l’or. Seulement, nous payons cet or à un prix fou puisque nous en avons, à chaque fois, le cœur arraché vivant…
Chaque séparation nous donne une vue de plus en plus ample et éblouie de la vie. Les arrachements nous lavent. Tout se passe, dans cette vie, comme s’il nous fallait avaler l’océan. Comme si périodiquement nous étions remis à neuf par ce qui nous rappelle de ne pas nous installer, de ne pas nous habituer. La vie a deux visages : un émerveillant et un terrible. Quand vous avez vu le visage terrible, le visage émerveillant se tourne vers vous comme un soleil.

Il reste d’une personne aimée une matière très subtile, immatérielle qu’on nommait avant, faute de mieux, sa présence. Une note unique dont vous ne retrouverez jamais l’équivalent dans le monde. Une note cristalline, quelque chose qui vous donnait de la joie à penser à cette personne, à la voir venir vers vous. Comme la pépite d’or trouvée au fond du tamis, ce qui reste d’une personne est éclatant. Inaltérable désormais. Alors qu’avant votre vue pouvait s’obscurcir pour des tas de raisons, toujours mauvaises (hostilités, rancœurs, etc.), là, vous reconnaissez le plus profond et le meilleur de la personne. Toutes ces choses impondérables qui rôdent dans l’éclat d’un regard, passent par un rire, par des gestes, qui faisaient que la personne était unique, reviennent à vous par la pensée.

Mon père, mort il y a maintenant 13 ans, n’arrête pas de grandir, de prendre de plus en plus de place dans ma vie. Cette croissance des gens après leur mort est très étrange. Comme si la vie ne finissait pas, comme si elle était un livre dont aucun lecteur ne pourra jamais dire : « Ça y est, je l’ai lu. » La vision de mon père change avec le temps, tout comme moi-même je change. Ceux qui ont disparu mêlent leur visage au nôtre. Nous sommes étroitement liés, souterrainement, dans une métamorphose incessante. C’est pourquoi il est impossible de définir aussi bien la vie que la mort. On ne peut que parler d’une sorte de flux qui sans arrêt se transforme, s’assombrit puis s’éclaire de façon toujours surprenante. La mort a beaucoup de vertus, notamment celle du réveil. Elle nous ramène à l’essentiel, vers ce à quoi nous tenons vraiment. »

Entretien avec Christian Bobin
extrait du numéro spécial de La Vie : "Vivre le deuil"

Martine a dit…

Nous ne pleurons jamais que sur nous-même, c'est bien connu!
C'est terrible, ce crash, c'est sûr mais Est-ce nécessaire d'en abreuver les médias jusqu'à l'écœurement. J'ai tout lieu de penser que ces mêmes médias se repaissent du tragique... pain béni pour eux, audimat presque assuré et l'occasion pour les gens à la tête de notre gouvernement de paraître un peu plus. Je plains les familles confrontées à tout celà qui se passeraient sûrement de toutes ces caméras sur leur chagrin.

Ladywaterloo a dit…

Les familles des lycéens ont appris la mort de leurs enfants par les médias, c'est abominable.
J'espère que les journalistes auront la décence de ne pas filmer (ou tout au moins de ne pas diffuser) les images de dépouilles ou d'affaires personnelles.