vendredi 7 octobre 2016

Le monde des paysans d'autrefois.

Ce matin je réalise que je suis probablement témoin d'un mode de vie qui disparaît à jamais. Si les paysans auvergnats vivaient au fin fond de la forêt à Bornéo, des ethnologues viendraient à leur chevet, mais l'Auvergne n'a jamais fait déplacer des foules ni intéressé les intellectuels.

J'ignore si la France compte encore beaucoup de familles avec un mode de vie presque immuable depuis des siècles, mais lorsque je me suis installée il y a 14 ans, le hameau que j'habite n'avait pas changé depuis très, très longtemps, les vieux vivaient en quasi-autarcie, se chauffant et cuisinant au bois, ils n'allumaient la gazinière que l'été, fort rarement. Certes ils avaient l'eau courante, mais ma vieille voisine lui trouvait un goût et préférait l'eau de sa fontaine, des sanitaires avaient pris place au fond de la remise et la machine à laver avec la télé étaient presque les seuls témoins de notre époque.


La vieille tante pas trop cuite, relevait ses jupes dans la cour puis allait tirer ses légumes du jardin, les poules couraient partout, les chiens gueulaient attachés à leurs chaînes. La dureté et la rusticité de leurs vies  m'effrayaient, je me calfeutrais chez moi, dos au hameau face à la ville à peine cachée par les bois qui nous en sépare.

Les vieux sont morts en peu de temps il y a quelques années, une nouvelle famille "des parisiens" se sont installés dans une vieille maison qu'ils retapent avec acharnement, n'ayant pas trop d'argent, ils ont du courage. La vieille ferme est toujours fermée, le dernier fils est resté vivre dans sa maisonnette à côté. Cet homme encore jeune, vit à cheval entre deux ères, il possède  voiture et téléphone portable mais, ce sont presque les seules concessions à la vie moderne, il n'a jamais vécu ailleurs que dans le hameau, ne part jamais en vacances, pas tant par manque de moyens mais par manque d'envie, sa femme est plus curieuse, plus désireuse de changer, elle s'est acheté un ordinateur et a découvert avec joie Facebook et le Bon Coin, le décalage entre sa vie et la vie des autres lui apparaît de plus en plus inadmissible.

Chez ces gens là, les femmes sont les servantes des hommes, depuis toujours.  Jamais Pierre ne fait quoi que ce soit chez lui, il est passé de la table de sa mère à celle de sa compagne, et n'est jamais resté 24 heures seul, lorsque sa femme était à la maternité, il retournait chez sa mère. Lorsque Carole part travailler, elle prépare le repas qu'ils prendront sans elle et dresse le couvert, à son retour, elle débarrasse la table et fait la vaisselle.

La théorie du genre n'est pas encore arrivée chez eux. Pierre ne sait ni cuire un œuf ni où se range l'aspirateur dans sa maison,  il ne s'est jamais servi d'un lave-linge n' a jamais touché quoi que ce soit du domaine qu'il pense être exclusivement réservé aux femmes, la maison. Il y a quelques années je tentais de le faire évoluer, en discutant avec lui, mais il secouait la tête d'un simple

C'est pas comme ça chez nous

C'était définitif, heureusement il n'a pas eu de fils auquel il aurait transmis ce droit inaliénable de la masculinité de se faire servir en toute chose par les femmes. Mon voisin est peut-être le dernier homme du genre, je ne sais pas si c'est une espèce digne d'être protégée, j'aimerais croire qu'il ne représente en rien, le monde des paysans d'autrefois.







8 commentaires:

margo a dit…

Ah oui quand même, c'est du lourd le voisin... je comprends sa compagne. En même temps il devait être exactement pareil quand elle l'a choisi mais elle a évolué entre-temps et se rend compte sûrement qu'une autre vie est possible.
Ils ne sont quand même pas tous comme ça même dans les coins reculés, du moins je l'espère.
Ceci dit, chez certaines familles issues de l'immigration et venant elles aussi de régions du monde où l'homme règne en maître, les femmes aussi "se tapent" tout le boulot domestique et ça ne viendrait pas à l'idée de monsieur d'entrer dans la cuisine.
Le plus drôle c'est que certaines jeunes filles pensent que c'est une preuve d'amour (!!!) de leur part de tout faire pour que leur "homme" soit bien pendant que lui ne fait rien et joue aux jeux vidéo avec ses potes.
On refait la roue...

Le chêne vert a dit…

Je crois que vers chez moi, il y en a aussi de bien gratinés... C'est ça les campagnes reculés. ça change, c'est sûr mais est-ce vraiment pour du mieux?

Ladywaterloo a dit…

Je suis affreusement mortifiée, ne sais ce que je dois faire, ou pas.
Je confirme, la situation ressemble à des trucs du moyen âge, j'ai envie, besoin, enfin je crois mon devoir de protéger les deux petites filles qui seront au mieux, chez leur père, traitées comme des servantes, au pire, comme des esclaves, et en mon âme et conscience, l'an dernier j'ai cru le pire et je surveillais, je ne sais pas.
Comment accuser quelqu'un sans savoir, la responsabilité est affreuse, et en ce moment, je dors très mal, je ne sais tout simplement pas ce que je dois faire, ou pas>>

Anonyme a dit…

A mon avis s'il y a des soupçons de maltraitance il faut prévenir la DASS. Il vaut mieux qu'ils enquêtent pour rien plutôt que de laisser passer des sévices sur des enfants. Signaler n'est pas accuser.

Ladywaterloo a dit…

Pas d'accord, mon imagination féroce ne doit en aucun cas détruire, et là, je peux pas, je resterai vigilante, mais pas malveillante, je ne peux détruire la vie des gens, car j'ai une attention trop présente et une acuité trop forte.
Que sais je de leur mode de vie? Pas grand chose, vraiment
La DASS? un truc assez zarbi, avec des gros chars parfois, qui passent à côté des vraies maltraitances.
Je ne peux dire des choses sans être certaine que la ligne a été franchie, on détruit sinon, plus d'innocents que de coupables.
Je serais vigilante mais m'en voudrais d'être malveillante.

Parfois, comme moi, on croit la campagne épargnée d'horreur et on a raison et tort, parfois on croit se réfugier en ville et la réalité nous rattrape

je viens de livrer un combat avec Alain, et heureusement son frère aîné, pour simplement faire comprendre à Alain, qu'il crèvera si sa femme part. Ce ******* m'a simplement dit que je n'ai jamais travaillé et donc que je suis nulle. Pauvre type, heureusement, son frère aîné était heureux de me voir livrer cette bataille, pour rien, si ce n'est peut-être aider?

Pffutt des batailles pour rien, je le sais, si ce n'est d'avoir ma conscience en paix, j'ai dit prévenu, et ne dors pas de savoir mes voisins se brûler en vain

Anonyme a dit…

J'ai connu cette façon de vivre, prendre l'eau gratuite et fraîche, de la fontaine juste devant, plutôt que payer celle du robinet...
La mère servait, et faisait cuire son repas, au feu de bois... même l'été, des bonnes choses, naturelles, sans pesticide...
L'homme faisait tout à l'extérieur... labourer, moissonner, faner, etc, plus les bricolages de la maison et des véhicules...
J'aimais beaucoup aller chez ma belle-mère... La vieille grand mère, lisait son livre de Prières, en gardant quelques chèvres, nous mangions ses fromages...
Nous repartions avec des saucissons, de porcs élevés sans rien de mauvais pour nous, sans antibios.
Non je n'aurai pas vécu ainsi... mais le fils de la maison, mon premier mari, faisait tout, de la vaisselle, au ménage, et s'occuper de notre fils...
Avec ma belle mère, très croyante, qui faisait 6 kms à pied pour aller à la Messe, j'ai appris beaucoup... l'indulgence, l'empathie, elle ne connaissait pas le mot, c'était naturel chez elle... la bonté... etc.
La vie en ville ne me plait pas...
Bonjour Lady !

margo a dit…

Il y a bien une maman? elle est là pour veiller sur ses enfants, essayez de voir avec elle ce qu'elle décide de faire et s'il y a un vrai problème(pas juste une mésentente entre époux) vous saurez vous en rendre compte.
C'est sûr qu'il ne faut pas accuser sans preuve et c'est parfois difficile de se faire une opinion juste et dans le doute que doit-on faire? s'abstenir ou dénoncer peut-être à tort?
vous avez raison les services sociaux c'est une usine à gaz. Pour avoir eu à faire à eux lors de nos différentes procédures d'adoption j'en garde un très mauvais souvenir. Trop procédurier et pas assez de bon sens.

Ladywaterloo a dit…

Bonjour Anonyme, merci de votre témoignage, ma "petite sainte" à moi vivait pas loin d'ici, mon fils Camille l'appelle encore "la petite vieille aux beaux yeux bleus", elle avait la vie d'Amour, enfin du vrai, de gentillesse, et toussa. Elle était fille de paysan, femme de paysan.
@Margo, ma jeune voisine me fuit, et je la comprend elle a peur que je tente de la raisonner, elle n'aurait pas complètement tort, mais pas tout à fait raison.
Je ferai comme du mieux qu'il me pourra faire.