vendredi 19 février 2010

Bisounoursville


J’habite depuis peu une grande ville de province.  Avec deux grands lycées face à face, je voulais raconter ces bahuts mais sans raconter le contexte, c'est-à-dire la ville c’était impossible, aujourd'hui donc, Bisounoursville.
La paix sociale  qui règne  dans cette ville est un rêve pour tous, police, agents municipaux, lycées. Tout fonctionne sans heurts. Depuis environ trente ans les autorités locales ont dessiné leur ville idéale. De grands « pôles » ont été disposés loin en banlieue afin de créer artificiellement des lieux de dynanisme péri-urbain. Complexe sportif avec son stade nautique, palais des congrès, parc des expositions, hôpital 2000, médiathèque géante avec ses espaces de créativité. Tout cela relié au centre de la ville par un tramway, neuf et silencieux. Simplement il n’y a pas eu assez d’argent pour relier  toutes les banlieues, loin de ces pôles et la cité.  Les banlieusards sont de fait  boutés en dehors de la ville, où d’ailleurs ils n’ont rien à faire, sinon éventuellement travailler.


            
                                                  photo prise dans un blog photos

Ces banlieues de ma ville sont de plusieurs sortes, la plupart sont simplement composées de  modestes petits pavillons, parfois quelques quartiers plus huppés se regroupent autour d’un ancien village. Quelques quartiers sensibles sont disséminés un peu plus loin.

Bisounoursville dispose de son vélib, et sur la plus grand place un Carrefour Market ainsi qu’un Picard nous permet de rester entre nous. Galerie Lafayette et Monop ont réussis à survivre et prospèrent de nouveau aux côtés des Fnac, Micromania, Nature et Découverte. Le centre ville dispose de sa palette complète de magasins  ainsi que de cinémas et cafés que les jeunes squattent dans le quartier des antiquaires.

Bisounoursville a des parcs parfaitement peignés deux fois par jour par des agents municipaux en surnombre, le moindre papier sur un trottoir  n’a guère de chance de survivre plus d’une journée à l’efficacité de cette armée de l’ombre.

Des frontières invisibles se sont tissées, par type de loisirs, consommation, lycées, la ville est devenue un ghetto ouvert de riches, expulsant les ménages modestes assommés par les impôts. Bisounoursville  est de gauche, depuis des temps immémoriaux, ainsi que les cantons, la région et j’en oublie surement tout à gauche et depuis longtemps. Les impôts sont aussi de gauche, énormes pour les bourgeois habitant en ville, l’équivalent de quatre mois de loyer (taxes foncières et locatives). Dans la ville habite des vieux, beaucoup, des étudiants énormément et des riches pas mal, qui peuvent payer 30% de taxes en plus de leur crédit logement, pour une  ville où l'immobilier est déjà fort cher, qualité de vie, oblige...

Chaque matin des bus bruyants envahissent Bisounoursville pour y déposer son flots de travailleurs, vivement que les bus soient électriques, la gêne de l’envahissement sera moindre.

Les autorités arrosent trois fois par an, les associations de petits vieux, pot de la rentrée, galette des rois, puis pot de la fin d’année (en Juin) cette année il ont du fêter  mardi gras, en plus. Il y a eu quelques manifestations et réunions pour protester contre les impôts, mais les autorités ont expliqué que c’est la droite au pouvoir qui ne payait plus rien pour la région alors si la droite revenait au pouvoir à Bisounoursville , ils augmenteraient encore plus. En toute vérité de toute façon, il n’y a aucune chance que cela se produise, et même si cela se produisait elle devrait payer les dettes contractées.

C’est la première fois que j’habite une région si à gauche, et c’est la première fois que je constate que la ségrégation par l’argent  se fait par l’impôt. Je n'y resterai pas , ses revues en papier glacés verts décrivent avec justesse qu’avec les meilleures intentions du monde, on arrive au résultat inverse de celui espéré ou avoué?. En attendant j’élève mes gars dans une cité qui ressemble à celles rêvées dans le passé, il n’y a pas d’insécurité, pas de pauvres, et pas de minorité visible autre que les nombreux étudiants étrangers.

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