jeudi 20 mai 2010

Femme objet et homme robot.


Ce matin, La Poste,  et en sortant j’ai pensé à cette expression stupide, que l’on entend parfois, lorsqu’on demande un service non dû :

« J’suis pas marqué la poste, là, sur mon front, donc c’est non ! »

Cela veut aussi dire que l’on instrumentalise l’autre en faisant de lui une boîte à service. Ce matin, bizarrement beaucoup de monde dans cette poste de quartier, comme on en voit rarement dans ma région, sauf aux périodes de Noël,  début ou fin de mois… Queue d’attente jusqu’à dans la rue, j’étais derrière une femme d’environ 40 ans. Au moment où celle-ci avance enfin vers la guichetière, son téléphone se mit à sonner , elle répondit tout de suite. 



 Au guichet, elle passe des papiers, sans parler à la préposée, signe en silence ce qu’on lui tend. On l’entend rire, raconter sa vie, à sa « maman », à aucun moment elle ne signale à son interlocutrice qu’elle est à la poste en train de se faire servir, puis elle repart ainsi. N’ayant ni dit bonjour, ni au revoir, ni même  un tout petit merci  silencieux à la femme qui l’a servi. Elle l’a  simplement ignoré, gommé, pas d’existence pour cette employée ; cette femme était pour elle  un simple distributeur de service, un robot.

Je me suis avancée, à mon tour en  disant bonjour, sourire revenu sur le visage contrarié de la postière qui me rend mon salut et me dit :
« Ne faites pas attention, je viens d’être contrariée, ce n’est pas grave »

Je compatis avec elle de l’horrible impolitesse  dont elle venait d’être victime, elle me répond :
« Vous savez, souvent on dit des jeunes, mais moi, je peux vous dire, que ce ne sont pas eux les plus terribles. Lorsqu’il y a personne, si le client est au téléphone, j’attends, parfois, il comprend d’autre fois, non. »

Sortie de la poste, je regardais un peu autour de moi, environ un tiers des personnes avaient leurs téléphones  à la main, doudou fétiche les mettant à l’abri du monde extérieur, les « isolant  » dans leurs bulles ; leur donnant peut être  aussi l’impression d’être « indispensables » reliés toujours à leurs proches, comme par un cordon ombilical invisible.

Je ne suis pas fan de La Poste, et verrais d’un excellent œil des robots les remplacer pour de multiples services, cependant en attendant, lorsque j’ai affaire à un être humain je le reconnais comme tel. A ma connaissance ni femme objet, ni homme robot sont encore en service.  Et cela, même si, c’est le quinzième appel passé depuis le Maghreb pour me vendre des panneaux voltaïques.

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