lundi 20 juin 2011

Le partage.

Mes jeunes voisins ont  été surpris par la rapidité de leurs frères et soeurs, à vouloir partager tout de suite, meubles et affaires de leur mère disparue et  vouloir ensuite très vite mettre en vente la ferme. Eux, auraient bien attendu, mais la majorité des enfants souhaitaient "en finir"" au plus vite.

Samedi matin, alors que j'étais en pyjama dans mon jardin, elle est venue me saluer et me parler des problèmes que cela posait. Je lui proposais de l'accompagner dans la ferme afin de faire un tour avec elle, de pièce en pièce et répondre à ses questions, lui donner mon avis, d'amoureuse d'antiquitailles connaissant un peu le marché. Elle accepta bien volontiers, n'y connaissant rien.

Nous fûmes finalement quatre pour cette drôle de visite, nos maris nous ayant accompagné. J'étais contente de découvrir la maison, dont je ne connaissais que l'entrée, la cuisine et la salle, c'est une très jolie maison et si des choses ont besoin d'être remaniée, elle n'en sera encore que plus belle après. De pièces en pièces, je soulignais l'étrangeté de la valeur des choses, telle table jolie, de la fin du XIX siècle avait de la valeur mais telle autre, probablement plus ancienne, qu'une toile cirée cachait dans la cuisine aussi. Certains des meubles qu'elle aurait aimé récupérer, à sa grande surprise, ne valaient, en euros, pas grand chose.

Qui achète aujourd'hui de ces superbes lits bateaux  mesurant 1,78X 1, 17? J'en ai plusieurs à la maison, les enfants les adorent mais n'en veulent pas chez eux, et personne ne dort plus dedans. Seul, celui qui fait office de lit de repos dans le retrait du petit salon a trouvé une réelle utilité. Mes jeunes voisins furent estomaqués lorsque je m'exclamais en voyant une vieille cafetière en tôle peinte prête à être jetée, Surtout, gardez là! Les gens adorent!. A leur grande surprise je m’intéressais aussi aux objets qu'ils ne voyaient plus: vieux outils, anciens objets du quotidien, j'ai essayé d'attirer leur attention sur de magnifiques poteries,  bidons de lait et maie oubliés dans la cave.


J'ai tenté de bien leur expliquer que les meubles dédaignés par les modes d'aujourd'hui, donc bradés pouvaient néanmoins être très beau, telle cette chambre 1950, aux grosses poignées  en laiton. Il m'est difficile  aujourd'hui, d'imaginer ma vieille voisine, jeune mariée, s'offrant cette folie, un lit, une armoire très modernes et même deux fauteuils pour sa chambre.


Ma grande crainte est qu'ignorant le parti  décoratif que l'on pouvait tirer des "petites choses", ils les oublient et laisse un vide-tout les dépouiller de leur passé. Baratte à beurre dans un coin de la cave, vieille chaise haute au grenier, pile de torchon anciens et draps brodés dans l'armoire, presque toutes les vieilles fermes, recèlent ici de véritables trésors, que les" bobos", dont je fais partie s'arrachent avec tant de plaisir.


Un peu plus tard, j'ai montré à Céline ma collection de poteries dans la salle à manger, les paires de sabots déposés en déco sur le rebord d 'une fenêtre, les lampes dont les pieds sont des vieilles bouteilles en grès, et  tant d' objets anciens détournés de leurs fonctions d'origine. Elle vient parfois à la maison mais n'avait jamais fait attention; après avoir hésité, j'ai renoncé à lui faire remarquer les trois pots de chambre posés sur une étagère du salon,  au milieu d'autres objets en faïence de Longchamp, je  ne crois pas que cela lui aurait plu.

Hier soir, elle nous a dit au revoir, contente et soulagée, les frères et soeurs ne se sont pas déchirés, ce premier partage s'est bien passé. Ravie d'avoir pu garder la vieille machine à coudre Singer, si jolie, et les assiettes en Limoge, dont  plus personne ne veut, les décors s’effaçant au lave vaisselle. Elle m'a proposé une vieille poterie, la plus ancienne cerclée, j'ai refusé, je ne veux pas abuser de sa gentillesse. Je lui au fait promettre de ne rien jeter sans que je sois passée avec elle  imaginer quelle vie donner à tout cet héritage, pour son mari et ses filles, garder l'histoire de leur famille se fait aussi


                                  L'antre d'une collectionneuse, chez Bruyère curieuse

5 commentaires:

Françoise a dit…

Il est souvent bon de réaliser très vite un partage à la mort du dernier des parents. Les tentions sont moins vives car la présence du dernier survivant des parents est encore forte. Mais il est vrai que peu de gens connaissent la valeur des objets.

Ma maman qui a comme la vôtre un amour important pour mon époux.. m'a demandé de l'aide pour réamenager sa maison récemment...

Elle souhaitait mettre en valeur les choses qu'elle aime et après 50 ans, ne plus devoir voir les choses qu'elle n'aimait pas mais que mon père adorait..

Et c'est sur que pour passer une journée à monter et descendre.; elle préfère me le demander plutot que de fatiguer un de ses fils chéris..

La vente d'une maison est toujours un acte qui entraine une grande nostalgie, d'autant plus si on y a eu de bons souvenirs.

SylvieT a dit…

J'aime ce billet. C'est toujours difficile de vider une maison, et on préfère fermer les yeux, mais il faut garder et transmettre. J'ai réussi à sauver les papiers d'identité de mon arrière grand-mère (tout à fait symbolique!), son chapelet et sa collection de cartes postales (là je crois que c'est un trésor!)...Il ne faut pas aller trop vite. Les petits enfants et arrières petits enfants ont besoin de liens avec leurs ancêtres.

Sylvie L a dit…

Ma maman nous a quittés il y a 3 mois, nous sommes 4 et n'avons encore rien touché chez elle ...

Ladywaterloo a dit…

Après un moment de réflexion, je crois que finalement c'est une bonne chose, d'agir vite, on est encore anesthésié par la douleur; il y manque peut être le délai de réflexion mais du coup aussi moins de déception car moins le temps de s'imaginer la place que l'on donnera à tel souvenir que l'on chérira pour le voir s'échapper chez un de ses frère ou soeur.

Vider une maison l'été est une bonne idée, c'est moins horrible que l'hiver dans une maison glacée.

Ma belle mère a vendu sa grande maison de bord de mer, contre uen très jolie villa, elle a fait les tris nécessaires, et je suis soulagée, égoïstement de savoir que cela sera en moins à faire "après"

Je crains le pire pour le mas de mère, qui accumule tout, ne fait aucun tri.Je lui ai déjà demandé depuis très longtemps d'avoir pitié de nous. je m'étais déjà occupée des affaires de mes frères et de certaines de mon père, j'en suis encore éprouvée.

Anne** a dit…

Et lire de Lydia Flem "Comment j'ai vidé la maison de mes parents". ed du Seuil, mars 2004, collec. La Librairie du XXIe Siècle.