mercredi 15 juin 2011

Ragoût de limaces, pas avant dix ans!

 Depuis plus de trente ans, la puériculture c'est mon affaire,  ayant eu sept enfants en vingt ans, j'ai vu bien des choses et modes changer, bien des méthodes contestées. Je me souviens m’être sentie tellement coupable d'avoir couché Charlotte, Yann et Camille sur le dos en un temps où les pédiatres et médias nous traitaient de meurtrières en puissance si nous dérogions au diKtat du bébé sur le ventre.

Je m'étais trouvée rassenérée cependant par une innocente remarque de ma grand mère:

Tiens tu couches ton bébé sur le côté? Tu as bien raison, je sais bien que les médecins ne veulent pas, mais moi, il me semble que sur le ventre, les poumons sont comprimés, le nez dans le matelas, on respire moins bien!  Enfin je ne suis pas médecin, mais cela me parait logique.


J'avais décidé assez vite que la puériculture c'est un peu comme la cuisine chacun en fait à sa tête avec ses recettes, de famille ou pas, glanées ici où là ou bien encore d'instinct. Je cachais systématiquement aux médecins  le nombre effroyable de tétées que mes bébés  s'engouffraient, je consultais même le "Françoise Dolto, J'élève mon enfant" avant une consultation pour voir ce qu'il était diplomate d'avouer  pour avoir la paix.

J'asquieçais machinalement à toutes les lubies à la mode

5g de viande tous les jours  à trois mois, 3 c à soupe de jus d'orange, frais, non sucré, surtout ne rajoutez pas de sucre (ils n'avaient jamais vu l'horrible grimace du bébé à qui on essaie de faire boire du jus d'orange non sucré? Suivi de  l'apprentissage instantané du rejet par la commissures des lèvres?)

Nous avions décidé John et moi de suivre nos enfants,  comme de jeunes chiots, en les laissant faire, ils  sauraient grosso modo ce qu'il leur faut, nous limitions néanmoins certains débordements en chocolat ou  saucisson...

Nos enfants ont eu des régimes très variés selon leurs âges et leurs tempéraments.

Je me souviens de Yann qui ne prenait que du Nesquick sans lait le matin, un demi bol, arrosé d'un peu d'eau ou à la rigueur de jus d'orange; Alice voit encore Guillaume mangeant à la petite cuillère du beurre que son père ne faisait même plus semblant de tartiner sur du pain, il en avait assez de manger du pain pré-mâché et tout mouillé,  restes de Guillaume. Beaucoup de mes enfants dévoraient le gruyère râpé sur le dessus de leurs purée de légumes sans effleurer les légumes, de guerre lasse, ils ont eu rapidement de petits bols de râpé à leur portée. Guillaume (20ans) arrête tout juste de saupoudrer toute sa nourriture de gruyère!

Valentin ne buvait presque  que du jus de pomme, Camille a dix huit mois avait une passion pour les épinards et le saucisson. Aucun de mes sept enfants ne suivait les menus idéaux concoctés par des nutritionnistes.

La base du régime de mes  petits était essentiellement les pâtes et les produits lactés (parfois juste de la glace), quelques uns aimaient  par période plus ou moins longue la purée de légumes variés. Seuls Charlotte et Camille adoraient le poisson, je me suis rapidement blindée faute d'arriver à leur faire ingurgiter ce qu'ils ne voulaient pas.

Mes enfants pour leurs petits appliquent chacun des méthodes différentes. Alice donne  des biberons de bouillie chocolatée à Victoria dès qu'elle déjeune mal, ce qui arrive  souvent à la maison. Naturellement, chez elle il en est tout autrement, ou pas. Charlotte arrive à convaincre ses lascars la plus part du temps à avaler leur menus établis en tenant compte de leurs goûts.

LHom a une théorie que je trouve géniale et surtout qui a surement une base de réalité. Il dit que les touts petits détestent  diversifier leurs régimes alimentaires car il subsiste en eux la crainte ancestrale de l'empoisonnement. Du temps des cavernes, les petits n'avalaient que les nourritures reconnues comestibles par eux, jusqu'à l'âge où la raison domine l'instinct, inutile de les obliger à manger du caviar ou des sauterelles ils ne reconnaîtront  pas ces mets dans leur cerveau au rayon comestibles




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Il y a surement des enfants plus méfiants que d'autres et probablement des aventureux qui mâchouillent toutes les petites bêtes et baies, mais cette théorie a ceci de fabuleux, elle explique scientifiquement pourquoi Lucas louche sur sa ratatouille d'un air méfiant. Ratatouille mijotée par sa grand mère adorée, à l'heure des déjeuners d'été familiaux, cela peut s'avérer bien pratique. Cette théorie sauve l'enfant  sa mère et sa grand mère, donc, soyons clair, toute l'ambiance d'un déjeuner. Dix ans plus tard, prévenir la dite grand mère que Lucas adore la ratatouille, en prévoir un plat supplémentaire ne serait pas de trop....


Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage."

Jean de La Fontaine

8 commentaires:

Anne** a dit…

Et bien, disons que tu es une cuisinière des mots, et ta ratatouille, ce jour, est tout à fait délicieuse ! Merci, Lady.
P.S "J'élève mon enfant", c'était Laurence Pernoud, non ? Ce livre m'agaçait, pourtant je l'ai lu et relu. Françoise Dolto était tellement plus libératrice. Tiens, tu dois lui ressembler, le bon sens et l'amour et la perspicacité étaient toujours premiers dans ses écrits.

Pauline a dit…

Chacune fait ce qu'elle peut avec les enfants qu'elle a, non ? Les miens ne supportent pas le hachis parmentier (ma fille n'aime pas la purée, et mon fils la viande), mais sautent de joie devant du poisson (non pané) et des épinards. Après tout, si ça leur fait plus plaisir, du moment que c'est équilibré, ça me va. Par contre, c'est vrai que ça doit être plus dur quand on a un enfant qui refuse complètement de manger.

Clo a dit…

Oh que oui, entre les principes et la réalité... bien obligé de s'adapter ;-D
J'ai adoré l'idée de réviser pour avoir le discours ad'hoc face aux autorités, quel bon sens.
Pour ma part,maman débutante, j'avais imposé par instinct à mon mari, de toujours taire à la famille qui prenait des nouvelles, les rhumes et autres petits tracas routinier de la petite enfance : hors de question de construire à nos chérubins une "réputation" maladive ;-D

Pauline a dit…

J'oubliais une anecdote amusante...
En bonne élève, il y a 4 ans à la naissance de ma fille, j'ai lu tout ce qui passait à ma portée en terme de conseils sur la conduite à tenir quand on a un bébé. Je me suis vite rendue compte qu'on ne lit jamais deux fois le même discours, voire des discours totalement contradictoires. Quand ma puce a eu 7 mois et qu'elle tenait un peu assise, ma maman m'a suggéré de la mettre sur le pot, contrairement à tous les avis de spécialistes. J'ai donc repris les bouquins délaissés et potassé mon sujet, jusqu'au moment où j'ai lu, écrit par un pédiatre, qu'on pouvait mettre un enfant sur le pot dès qu'il tenait assis, mais uniquement pour faire popo, et qu'il fallait attendre 18 moins pour faire pipi sur le pot. J'ai relu au moins 10 fois l'article en me disant que j'avais dû rater quelque chose, un sens caché à la phrase, mais non. J'ai donc bien rit en m'imaginant expliquant à ma fille de 7 mois qu'elle pouvait aller sur le pot, mais qu'elle n'avait pas le droit d'y faire pipi, et je n'ai plus ouvert un seul de ces livres !

SylvieT a dit…

Bonjour! me revoilà! j'ai bien aimé ce billet, car ce n'est pas toujours facile d'être confronté aux réflexions des environs (famille, école,amis)!!Les autres pensent toujours pouvoir élever vos enfants mieux que vous ggrr! Ma devise est "avec les enfants on fait ce que l'on peut pas ce que l'on veut"!Et avec les ados c'est encore plus vrai!Il faut se faire confiance!

Ladywaterloo a dit…

Chacune fait effectivement ce qu'elle peut avec ses enfants en essayant de faire pour le mieux. Il vaut mieux cependant comme pour la cuisine lire les recettes des autres et on se dit

Tiens bonne idée!

Oh, ça je n'aime pas.

Effectivement Anne, c'était Laurence Pernoud dont je parlais, Dolto a été assez libératrice et mon préféré fut Dodson, un temps, puis j'ai bifurqué vers un pédiatre australien fabuleux dont j'ai oublié le nom, si ça me revient, je mets!

Clo a dit…

quand mes enfants étaient petits, il y avait une pédiatre merveilleuse qui donnait des conseils tellement simples, elle m'a vraiment aidée à suivre la voix du bon sens...
au fil de vos billets et des commentaires qui les accompagnent, c'est un régal de lire les interventions de vos enfants, c'est tellement vivant, spontané et sympathique, certainement à l'image de l'ambiance chez vous

Lysalys a dit…

Tellement vrai...