mardi 1 juin 2010

Mort de l'école laïque.


Mort de l’école laïque, républicaine, gratuite et accessible à tous.  Par touches et avec l’assentiment des organisations des parents d’élèves (FCPE et PEEP) les réformes souhaitées par  Chatel sont hyper populaires  et démantèlent peu à peu l’école publique.

Moins d’heures de cours, OK, moins d’heures de cours. Plus de notes ? Pas de problème . Fin des notes traumatisantes. Plus de redoublement considéré comme un échec, revenant cher et inutile. On supprime les redoublements.

Si ces réformes sont mises en œuvres, elles  signeront  la fin de l’école républicaine, chance d’ascenseur social. Il y aura obligatoirement bien plus  d’écoles privées hors contrat, celles qui sont sous contrat respectant bien évidemment toutes les règles édictées.

J’ai évoqué la semaine dernière le grand changement de rythme envisagé pour les scolaires. A la clef, diminution des heures de cours. Car en écoutant attentivement Stéphane Guillon, qui n’est pas si con et est père de quatre enfants. On comprend rapidement que personne ne pense  sérieusement à maintenir dans les établissements les enfants de 8h 30 à 18h30. Les coupes se feront donc par une réduction des  horaires de cours  fondamentaux (math, français, anglais..)

Actuellement les fédés frétillent d’aise on parle de la suppression des notes,  jugées comme traumatisantes, sanctionnant des échecs. Certes, mais elles soulignent aussi les réussites, les progrès. Et si elles sont bâtons elles sont aussi carottes. Sans système de notation solide, mes enfants ne foutraient rien. Ils sont normaux, jeunes et leur avenir est demain « on va à la piscine ? » Plus loin, c’est trop loin pour eux.  Supprimer les notes enlève de plus un argument de poids pour aider les parents à faire bosser leurs enfants.

« Mais t’inquiète, maman, ce n’est pas noté ! »

Double joie, double peine, plus de redoublement, cher et inutile pour l’enfant, comme la peine de prison pour un crime passionnel est inutile pour un criminel : chère et inutile, il ne retuera pas. Je suis plutôt contre les redoublements, mais je sais, que sans note et sans redoublement, les enfants travailleront encore bien moins, le niveau baissera encore plus.

Et les enseignants pousseront les enfants sans état d’âme vers des « classes arc en ciel » puis des classes « passerelle » avant de les évacuer discrètement. Il y aura pour les parents avertis, motivés et pouvant le faire plusieurs solutions :

-les faire suivre par des cours privés en sus des heures de cours légales, par Acadomia, Complétude ou autre, cela revient à environ 20euros/heure, mais  donne droit à des réductions  d’impôts (pas de crédit d'impôts).

Les parents souhaitant éviter à leurs enfants les classes poubelles, sans note ni redoublement avant le grand tri (niveau lycée) seront dans l’obligation absolue de confier leurs enfants à des écoles privées hors contrat (prix minimum 300 euros/mois, cantine bien plus chère, études également, livres payants.. )

Ne nous leurrons pas, ces méthodes sont déjà à l’œuvre. Si les notes existent, bien des écoles laxistes et populaires ne sanctionnent que rarement les enfants, ne donnent que très peu de travail à faire à la maison, et les jeunes peuvent arriver ainsi benoitement au  lycée, où là, ils passeront sous les fourches caudines de l’orientation.

Orientation d’autant mieux acceptée par les parents que tout le monde leur ment :

«   Mais Madame, la série STT  est idéale pour entreprendre des études de gestion à la fac ! Comme ES ! »

Ah oui ? Et pourquoi ne pas mettre ces jeunes en série ES alors ? Même niveau ????

« Monsieur, la série SI est exactement du même niveau que la série S »

«Ah oui ? Et pourquoi ne pas les laisser passer en S alors ? De même niveau ?

Parce que dans la première série on prépare les jeunes à des métiers basiques de compta, et si les jeunes veulent autre chose, ils devront s’arracher comme des malades. Et dans la seconde série on les prépare à des métiers de techniciens supérieurs et s’ils souhaitent devenir ingénieur, il leur faudra faire des prodiges et se battre comme des dingues.

Mais tout cela favorise, la sélection dans la paix sociale. L’éducation nationale  fait des économies fabuleuses. Transférant la charge de l’instruction aux parents comme dans bien des pays. Mort de l’école universelle française ; place à l’école à trois vitesses ! 

Justice, vous avez dit justice ?




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