vendredi 27 janvier 2012

La maison morte

En Auvergne, l'hiver ne fait grâce de rien, pas une année de passée depuis la mort de ma vieille voisine, la vieille tante handicapée est en maison, incapable de vivre seule même avec des repas pris chez sa nièce, pas de maison on on peut vraiment l'accueillir, elle a dû quitter cette ferme, trop grande, trop chère à entretenir, et qui revient, de droit à ses neveux et nièces. La maison  de retraite est toute proche, les visites sont fréquentes et finalement, cette vieille dame, aime bien avoir du monde autour d'elle, je ne sais pas si au printemps elle n'aura pas le mal de sa maison, mais pour le moment,  son humeur est heureuse, elle s'ennuie bien moins que dans son ancienne vie et elle n'a plus de travail. Autrefois, jusqu'à il y a peu, elle devait s'occuper des poules et aussi donner à manger aux lapins, et mille autres petites tâches qui lui pesaient;

La grande maison a été vidée, avant la fin de l'année, afin de ne pas devoir acquitter la taxe d'occupation. J'avais fait promettre à la jeune femme du fils cadet, ma voisine, de me faire faire "le tour" afin de ne pas rejeter les souvenirs charmants ou autres, je veille à ce qu'ils ne bradent pas leur passé.


A quinze heure, la sonnette a tinté et mon homme et moi, sommes allés faire le tour, afin de vérifier que rien n'a été oublié, là une charmante petite table, ici un vieux banc sous l'escalier. D'un tas de linges sur l'appui d'une fenêtre, j'ai tenté de sauver, un vieux dessus de lit en crochet, quelques taies d'oreillers bordées d'un simple volant en coton ajouré,  le drap en lin, ne suscita qu'une moue dubitative chez ma voisine ainsi que deux ou trois autres trésors d'armoires de grand mère; j'essaierai de vérifier que tout cela soit bien parti revivre plus loin, sinon, j'ouvrirai mes placards  et les adopterai ainsi que m' en exhortait Carole.

Nous avons ouvert bien des pièces, tristes et désolées, vides, de la  cave au grenier j'ai vraiment essayé de ne rien négliger, les bichettes contenant encore de la graisse pour les brebis, la vieille maie où de la paille encore attendait les fromages, tout parle encore de vies aujourd'hui disparues, d'un mode de vie, qui n'existera plus.

Ma jeune voisine ne veut pas déménager de sa petite maison pour la grande. Elle  a peur d'habiter cette ferme où des gens sont morts. Je lui ai fait remarquer que dans ma maison certainement aussi bien des gens ont vécus et sont donc morts aussi, dans leurs lits, à une époque où on n'allait pas l’hôpital, dans la sienne aussi, probablement, mais de ne pas connaitre ces disparus les lui font accepter. Je comprendrais qu'elle ne veuille dormir dans la chambre de ses beaux parents, j'ai du mal à accepter la vente de leur maison, tant aimée qui fut la fierté de leur famille.



Hier soir, j'ai eu la surprise de voir la maison visitée, pas mise en vente et déjà des visites. Une jeune femme qui a proposé, négligente 50 000 euros, il y a  tant de travaux.  Moins de la moitié de ce que cela vaut sur le marché, la maison est grande, belle et  très bien située. Je fus choquée, le sol est en ciment, au rez de chaussée, mais qui encore peut graver avec tant d'habilité et d'amour une pierre au dessus de la porte avec la date, une croix, des initiales et un coeur? Qui sait encore façonner une si jolie rampe d'escalier?  Qui ouvrage tous les détails pratiques et beaux si on le peut? Qui pense encore à orienter sa maison contre les vents dominants mais avec vue sur la montagne?





Je tremble parfois  lorsque je pense que mon avenir est lié aussi à ceux qui choisiront et aimeront cette maison, il me faut confiance garder, j'aimerais cependant que la maison ne reste pas trop longtemps, froide, morte, désolée.

J'ai pris ce matin quelques photos de portes et fenêtre, de cette  maison qui fut tant aimée et désirée. (ajout du samedi)








23 commentaires:

Martine a dit…

J'espère que cette maison va vite revivre, il n'y a rien de plus triste qu'une maison sans âmes, sans fenêtres éclairées, sans feu dans la cheminée.
Quand j'habitais dans le Lot, ma vieille voisine, vieille paysanne d'antan, est partie un jour aussi en maison de retraite où elle fut très malheureuse. Ses petits enfants vidèrent la maison. Un jour que nous nous promenions vers la "décharge" (pas les poubelles!), on a retrouvé sa vieille canne en buis, bâton qu'elle avait pour fourager dans son feu pour le ranimer, tandis que nous discutions dans son cantou? J'ai été très émue et j'ai maintenant cette canne chez moi à laquelle je tiens énormément!

Anne** a dit…

Pas morte, Lady, juste endormie. J'espère bien sûr que vous verrez bientôt de charmants voisins animer ces belles vieilles pierres.

francoise a dit…

un message comme ça, me casse le moral,
bon, qui va se repaître de mes petites affaires, de mes mots, jetés un peu partout, au petit bonheur la chance,
oh là là, vite l'oubli
et la vie...

Anonyme a dit…

Combien de maisons vides en Auvergne?
Trop grandes, trop froides, sans vrai confort...
Au cours de promenade, j'ai vu à travers les toiles d'araignée et la poussière, une fenêtre sur une vie arrêtée, les lunettes, le journal, la tasse sur la toile cirée...
Tristesse de ces maisons abandonnées.

jacqueline

zenondelle a dit…

Peut-être pourrais-tu donner un coup de pouce au destin ? ne connais-tu pas des fous de la vielle pierre que la perspective de longs travaux ne rebute pas ?
Belle journée

Anne** a dit…

Je pensais exactement ce qu'exprime Zénondelle ....

Ladywaterloo a dit…

Alors il me faut rédiger une annonce style:

Je cherche famille gentille pour aimer et restaurer très jolie ferme, juste au dessus d'une petite sous préfecture (commerces, médecins, écoles et même cinéma et théâtre!)

La maison laisse la place à tous vos rêves, autrement dit tout est à refaire, actuellement il y a quatre pièces par niveau, sur trois niveau, immense cave voûtée, bâtiments de fermes à raser si vous ne souhaitez pas entretenir environ 600m2 en plus de toitures de bâtiments en piètre état et récupérer du terrain...

Un budget d'au moins 250 000 euros est à prévoir, c’est cher la vie!

La possession d'un bull serait un atout certain, afin de faire place nette, fontaines, puits et jolies dépendances agrémenteront alors cette propriété .

Cette merveille est située dans un hameau où trois toits fument, une maison, occupée par un vieil homme, une autre par un gentil jeune ménage dynamique avec deux petites filles la dernière par une tribu fantasque, l'esprit du hameau est dans la solidarité et l'entraide.

zenondelle a dit…

C'est parfait !
Il ne faudrait pas trop me tenter ... je ne résiste pas aux vieux pierres ...
Bises

zenondelle a dit…

"aux vieilles pierres ..." les neurones sont en RTT ...

Anonyme a dit…

L'annonce est tentante...mais je l'ai déjà la maison en vieilles pierres et les travaux ont été rudes et il en reste encore à faire.
Belles ces portes et tellement typiques avec leurs beaux encadrements en pierres.
jacqueline

Clo a dit…

Lady, il faut la mettre sur le bon coin cette annonce ! Avec vos images.
(ma première réaction à votre billet fut la même que Zenondelle : et dans votre tribue élargie ? personne pour se lancer ?)
Les pierres ne se dévaluent pas, c'est un très bon investissement pour les jeunes (même en rase campagne)
Je comprends votre envie de la voir se réveiller dans des mains aimantes

Camille a dit…

pour ma part j'ai mon compte pour le moment et puis, les vieilles pierres en rase campagne ont perdu, hélas,beaucoup de valeur...
je pense que l'offre de 50k€ était loin d’être déraisonnable. Quand on connait le coup des travaux pour faire du beau, raser des bâtiments...
alors je maintiens que ce prix qui aurait surement pu être légèrement modifié a la hausse, était selon moi certes un peu bas, mais pas déraisonnable.

Anonyme a dit…

Je vais sûrement choquer du monde, mais en quoi cela vous regarde-t-il ? Comment pouvez vous juger leurs intentions ? Chacun est libre de ce qu'il veut faire et nul n'a le droit de penser à leur place.

Anonyme a dit…

oui mais chacun peut dire ce qu'il en pense aussi.
jacqueline

Anonyme a dit…

Ah, alors j'ai bien fait de dire ce que j'en pensais, merci !

Clo a dit…

Christine, Je ne crois pas qu'il s'agisse de juger, juste de vivre entourée et de réagir, d'avoir un avis sur les évènements qui arrivent. N'auriez vous pas une réaction en apprenant le décès de votre voisine, surtout si vous l'aimiez bien ? Ce n'est pas juger que de se dire "ce serait bien si..."
Et oui, c'est le propre des blogs : un espace où donner son avis
Lady, je n'aurais peut-être pas dû répondre, soyez bien à l'aise de supprimer mon commentaire si vous le voulez

Anonyme a dit…

Alors disons que lady Waterloo ne juge pas mais donne son avis, que les commentaires ne jugent pas mais donnent leur avis(et là en l'occurrence brossent lady Waterloo dans le sens du poil) et que de ce fait je peux donner mon avis qui n'est pas du tout dans le même sens que l'avis des autres commentaires (ce qui, hélas, me semble interdit). Voili, voilou.

Francine a dit…

Christine, je crois que c'était un commentaire à chaud, sous le coup de l'émotion de voir partir sa vieille voisine et tous les souvenirs. Il faut plutôt voir cela comme l'expression de la tristesse de voir une partie de sa vie qui s'en va et l'inquiétude de voir quelqu'un d'autre prendre la place de cette vieille dame qu'elle aimait beaucoup.

Anonyme a dit…

Houlala!! "brosser Lady dans le sens du poil", je ne pense pas que cela soit le but des commentaires.

A effacer si nécessaire.

jacqueline

Anne** a dit…

Les commentaires, pour moi, sont un espace extraordinaire d'échanges autour d'un article, ou même d'un commentaire qui nous touche particulièrement.
Pouvoir échanger avec d'autres lecteurs, grâce à l'écrit de l'auteur est il me semble, une richesse immense.
Merci à Pénélope de permettre cela. Ce n'est pas le cas sur tous les blogs. Il m'arrive parfois ici de "discuter" ou répondre à un commentaire, en me demandant si c'est vraiment correct de le faire.
Mais je crois qu'ici, c'est permis !
Après, il y a différentes manières de présenter son point de vue ... Il n'est pas interdit de dire gentiment les choses, ou avec humour et bienveillance.

Ladywaterloo a dit…

Je n'efface pas, tout le monde a le droit de s'exprimer. cette maison m’intéresse et me regarde, en fait la maison me regarde vraiment.

Une fenêtre regarde une de mes fenêtre, nos maisons se regardent. Dans X années quand ma maison sera "morte" je pense que les habitants de l'autre maison seront inquiets et intéressés par le devenir de ma maison.

Je surveillais la vieille dame, si ces volets restaient fermés le matin je m'en inquiétais.

Je ne te comprends Christine de qui tu parles en disant que je "juge leurs intentions", des intentions de qui?

Sophie a dit…

Joli article, chère lady, et je comprends ton émotion à la vue de ces objets possédant une âme pour toi, tout comme je peux comprendre l'attitude détachée de l'héritière, finalement moins proche de sa parente que toi ... Le principal étant que cette mémoire n'ait pas fini dans une décharge !
J'espère que cette maison finira par être achetée par des gens biens, qui sauront respecter son histoire et la feront revivre avec la leur à venir ...
J'aime ton blog entre autres parce qu'on peut y discuter comme on le ferait chez une amie, sans tomber dans l'adoration, la critique pour la critique, mais simplement parce qu'on s'y sent bien ...
Je trouve que tu écris de mieux en mieux, que tes textes naviguent aisément entre tranches de vie humoristiques, prises de position sociétales plus tranchées, confessions plus intimes (comme ta relation difficile avec ta mère), sans qu'il n'y ait pourtant jamais aucun exhibitionnisme ni côté donneuse de leçon : on se sent le droit de dire que l'on est pas toujours d'accord avec toi parce qu'on sait que tu le prendras bien, avec intelligence et bienveillance (comme sur la qualité de tes photos par exemple !)

Ladywaterloo a dit…

@ Sophie, côté photo j'ai encore du boulot!

Les héritiers adoraient leurs grand mère et mère, mais ils ne sont pas autant attachés que moi aux objets anciens. J'ai été élevée sans objet du passé, cela explique peut être mon attention extrême à ce qu'ils fassent attention de ne pas laisser partir des objets qu'ils regretteraient. La simple vue d'une taie d'oreiller peut faire souvenir.