samedi 20 septembre 2014

Le Mas Dieu.

Maman habite près du Mas Dieu, le nom de village est une publicité mensongère, joli village de pierres sèches, accroché aux rochers de la colline sèche,  la vie y a toujours été rude, et aujourd'hui, encore pas si simple.

Mes parents n'ont jamais brillé pour leur sens pratique,  aujourd'hui encore je suis épatée par leur idéalisme, leur jeunesse d'esprit, lorsqu'ils ont acheté, puis rénové ce mas. A la mort de mon père ma mère s'y installa, qu'importe que l'escalier en pierre extérieur fut mortel, qu'importe que seuls des manges-pauvres poussent naturellement sous ces cieux brûlants entre pierres et feux. Je n'ai jamais aimé cette région enfant, adulte je la trouve belle mais profondément inhospitalière.


6h53 ce matin, réveillée,  j'allume la radio et Alès fut présentée comme sinistrée des eaux, aussitôt cette vieille inquiétude se réveilla, comment maman survit elle? Ne va t-elle pas prendre sa voiture afin d'aller voir les catastrophes de plus près, profiter aussi des points de fidélité doublés chez Cora le samedi?

Maman n'a jamais eu le moindre bon sens, jeudi mon coeur avait fait quelques triples salkos avant et arrières quand benoitement elle me raconta que son compteur ayant sauté la nuit précédente, elle est descendue dans le noir tenter de remettre l'électricité, l'escalier est très ancien, en hautes marches de pierre les nez de marches sont des couteaux de pierres, lorsqu'il pleut, l'eau pénètre partout, en rigoles par endroits. Imaginer ma mère mourir ne me perturbe pas trop, elle a 81 ans, l'âge de partir ou peu s'en faut, imaginer ma mère agonir des heures dans cet escalier est au dessus de mes forces.

Aussi ce matin, je me suis inquiétée, enfin presque paniquée. Tentant de téléphoner je n'arrivais pas à la joindre, quand miraculeusement elle répondit au téléphone, sans eau, sans électricité et sans téléphone fixe. Mais son teléphone portable marchait et au bout de deux ou trois essais elle me répondit.




Je fus soulagée d'apprendre qu'elle avait plusieurs packs d'eau en réserve, même si pour les toilettes, celà sera vite impossible à gérer, réserves de nourriture et de bougies sont toujours importantes, elle cuisine au gaz (bouteilles, indépendantes de la distribution urbaine) aussi je ne tentais que de la persuader de ne pas prendre sa voiture, ni pour aller chercher le pain, ni pour le journal, pas même pour savoir ce qui se passait près de chez elle, routes coupées, coulées de boues, éboulement... Maman n'ayant plus de radio aurait pu être tentée de descendre "voir".


Le survivalisme c'est ça, avoir des réserves en eau et nourriture, quelques bougies, du bois pour la cheminée, prévoir un poêle à bois si on fait des travaux, une radio à piles.. Dès que l'on achète un paquet de pâtes "okou" on est déjà dans l'esprit survivaliste.

Je fus navrée d'apprendre que maman a tenté par trois fois de tenter de remettre son compteur en route, pour.. Deux ou trois litres de soupe au pistou, mourir pour sauver sa soupe, fut elle délicieuse, vaut il le coup? Maman, naturellement ne s'était munie ni de son bip de secours, pieusement posé sur sa table de chevet, ni de son portable, elle ne pensait ni recevoir ni passer des coups de téléphone à ces heures indues.

Ma tête se cogne contre les murs, pourquoi les gens sont ils assez stupides pour croire que cela ne leur arrivera jamais?


5 commentaires:

zelindor a dit…

laisse la donc tranquille. Faire ce qu'elle veut
Elle m'a l'air courageuse, la dame,
encore une Lady ????

Ladywaterloo a dit…

Ne pas confondre inconscience et courage.

Maman est inconsciente mais pas courageuse, l'idée de tomber dans son escalier la fait flipper, alors elle n'y pense pas et ne prend ni son bip ni son portable.

Martine a dit…

Si tu savais comme je connais cet état d'esprit: "je fais ce que je veux" disait ma mère à 100 ans! maintenant à près de 101 ans, elle ne le dit plus, elle s'est fait peur!!!

Anonyme a dit…

Comme j'aime vous lire quand vous parlez de votre maison, de votre maman ... Je m'éclipse quand vous abordez ces sujets qui divisent !

Ladywaterloo a dit…

A la mort de mon frère ainé, j'ai J'ai compris à vie, marquée au fer rouge, qu'on ne vivait pas que pour soi, on vit aussi pour les autres, ses parents, peut être mais surtout ses enfants;dès qu'on est parent on est responsable, à vie.

D'avoir tant souffert de l'inconséquence de ma mère, je ne ferai pas souffrir ainsi mes enfants.

Si on dit et explique que l'on accepte la mort fut elle douloureuse, l'handicap éventuel les enfants peuvent accepter.

Si je meurs, un jour, chez moi, mes enfants savent que je l'accepte, maman refuse de parler de sa mort, et même d'un accident.

Ma belle mère est toujours très claire dans ses projets, tout est balisé, elle sait où elle va et elle assume, maman? Elle met des bouts de cartons pour réparer ses volets, et part danser. L'idée de mourir l'effraie, elle refuse sinon d 'y penser de nous en parler.

Ma mère est une femme "enfant" selon mon mari, elle adore aller danser, et ne jamais penser à rien de ce qui la contrarie, on peut trouver cela bien, je trouve cela pitoyable et crucifiant.