Signes de printemps.

Ce matin je m'étais réveillée avec la sensation que le printemps ne serait qu'une imposture du calendrier, le jour se levait  comme d'habitude noyé par les nuages. Très vite le soleil a fait une première percée et je me suis précipitée dehors pour profiter de cette erreur de programmation, d'erreur point, on aurait presque pu déjeuner dehors enfin pas vraiment,  mais toute la journée le soleil nous a accompagné et seulement ce soir  des nuages noirs d'orage font semblant de nous menacer.

Mon mari et moi avons parcouru les différentes parties du jardin. Le vieux bassin se réveille et en ôtant de l'élodée nous avons aperçu nos dix poissons rouges qui s'y cachaient, mon homme les croyait morts, cette perte annoncée dimanche aurait signé un  définitif divorce entre le jardin et moi.

Nous avions eu l'an dernier beaucoup de pertes de végétaux, mes plus beaux rosiers, des hydrangéas, buddléias et bien d' autres arbustes avaient disparus, comble d'horreur une colonie florissante de surmulots avaient décidés d'élire domicile chez moi. Malgré le manque complet d'empathie que j'éprouvais pour eux, pas de nourriture,  pas d' allocations familiales, destructions régulières de leurs tanières, les rats taupiers allaient et se multipliaient, leur descendance étant presque aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel.

Le problème  que cette surpopulation me posait devenait éthique, lorsque j’apercevais des petits souriceaux je n'avais pas envie de les détruire, mais de fait, nous ne pouvions plus faire un pas sans nous tordre les pieds dans la pelouse, arbustes et fleurs  souffraient tous de leur appétit insatiable, certain en mouraient.  A la fin de l'été, pour la première fois, j'ai utilisé du poison, sans savoir si cela était efficace ou non. Aujourd'hui , constatant la nouvelle vigueur des travaux de terrassement des rats taupiers, j'ai décidé de réagir tout de suite, et dispose, en fermant les yeux du poison dans bien des trous, les recouvrant d'un morceau de tuile afin que les oiseaux  ne s'empoisonnent pas eux aussi.

Il fait si beau que j'ai réussi, pour la première fois à envisager que je pourrais retrouver un jour, de nouveau un lieu d'Eden là où je ne voyais plus que les cicatrices de l'hiver. Quelques projets naissent alors, et si je n'ai pas passé de commandes encore,  je commence à réfléchir à ce qui pourrait raisonnablement survivre chez nous, végétaux résistant aux grands froids, à la sécheresse passagère, aux ballons des jeunes et aux bousculades des plus jeunes, végétaux indestructibles, beaux et poussant vite....


Pour mon premier tour à la jardinerie de l'année  hier, je n'ai pas pris de plantes craignant encore de fortes gelées, mais ai rajouté à une paire de gants et une sarfouette de superbes sabots de jardinages roses fushia,  et ça c'était  probablement un signe précurseur. Ce soir je me dis que finalement  le calendrier ne nous a pas trompé.