Valentin vient juste de partir pour Lyon, en covoiturage, mon mari accompagne Hubert à son internat tout à l'heure et la chambre des jeunes se vide pour quelques jours, le week end prochain, encore une fois à rallonge verra leur retour.
Je n'ai rien dit aux garçons, je me demande s'ils laisseront une chambre rangée avec des lits faits, sans aucun vêtement à terre, ni pile de bouquins encombrant leur table de nuit et leurs bureaux. Tout à l'heure, en passant la tête par la porte j'ai surpris Hubert résigné qui tente de terminer à temps de lire Jacques le Fataliste. A midi, son frère narquois lui avait conseillé de se contenter de lire le petit résumé "en guise de" en passant à travers les gouttes ça pourrait le faire lui a t-il assuré, haussement d'épaules de mon benjamin qui se plaint déjà, du désamour suspecté de leur prof de français pour les "scientifiques". Je ne connais pas ce professeur mais je pense qu'il doit lui être plus difficile d'enseigner à ces jeunes qui ont plus souvent en livre de chevet des livres sur la programmation que de véritables œuvres littéraires.
Valentin a fait son lit en partant, il ne le faisait strictement jamais autrefois, je m'y habitue peu à peu, mais ce fut un véritable choc la première fois, la corbeille à papiers m'est plus familière, encore débordante, avec des sachets de chips vides tombés à côté. Cette semaine, je crois que je n'ai pas râlé une seule fois contre le fouillis de leur tanière, tout me paraissait sympathique, les jeans avec les caleçons encore dedans, tombés à terre là où ils se changeaient, les tee shirts et chandails roulés en boule et leurs chaussettes semées au hasard, la vie de leur chambre m'était réconfortante.
Les jeunes cohabitaient sans trop nous croiser, ils ont fait spontanément leur changement d'heure en se levant invariablement entre onze heures et midi, prenaient leurs douches à l'heure où je préparais le déjeuner, puis s'enfermaient tout l'après midi ensuite pour travailler ou regarder ensemble des vidéos. Nous ne nous sommes même pas retrouvés tous les soirs pour diner, ils casaient leur rituel goûter avec du Nutella vers 18 heures et ne revenaient hanter la cuisine que tard le soir, liquidant tous les restes, attaquant parfois un saucisson à l'heure où je dormais depuis longtemps déjà.
Demain, mes fils ont cours à 8 heures, je suppose que les premiers cours du matin sont étrangement calmes après des vacances, tous les jeunes ou presque vivant en décalé dès qu'ils le peuvent.
Le début des vacances fut un peu étrange, il y a dix jours, Valentin et Hubert se retrouvant après une séparation un peu longue, il leur a fallu quelques heures pour se re-familiariser l'un à l'autre. Bizarrement ils partagent toujours la même chambre alors que l'un et l'autre savent pouvoir faire sécession, et coloniser un autre territoire. Apparemment ils n'y tiennent pas vraiment, et ils conservent encore cette vieille habitude de leur enfance.
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