vendredi 11 décembre 2009

Noël de mes sept ans



Noël de mes sept ans, Noël où je vis ma vie bousculer,  basculée le temps d’une traversée. Cela faisait des mois et des mois que nos parents en parlaient. Ils nous prévenaient et nous alertaient. Nous allions rentrer en France après Noël, d’abord pour vivre quelques mois en France, à Marseille,  après, ils ne savaient pas.




              petites filles qui auraient pu être dans ma classe,j'étais la seule européenne

                       

La France, drôle de pays dont je ne me souvenais pas,  malgré des séjours  en vacances d’été. Nous n’allions plus vivre à Yaoundé. Je n’aimais pas ma vie au Cameroun, je haïssais l’école, et détestais que l’on m’oblige à sortir de la villa, seul lieu où je me sentais vraiment en sécurité. La villa et son jardin.

Je me souviens de ces longues discussions où les parents essayaient d’expliquer la France, rien ne m’était connu, je n’avais jamais pris ni de bus ni de train dans ma vie,  je n’arrivais pas à m’imaginer une ville, je ne connaissais pas même le goût des cerises….. Un grand plongeon dans un inconnu que l’on nous présentait comme froid et difficile.





Dernier Noël à Yaoundé.  Chez moi, seule une crèche changeait le décor, pas de sapin, ni rien….  Naturellement, j’ai gardé peu de souvenirs, car peu de choses bouleversaient nos habitudes …  Ma mère ces jours-là était nostalgique, sa famille, l’ambiance de Noël lui manquait sûrement, mais nous, enfants ne le savions pas. Nous n’avions aucune idée de ce que nous manquions.





                   marché  central, Yaoundé


Nous allions à la messe le matin, y avait-il seulement une messe de minuit ? Probablement pas, nous évitions de sortir  à la nuit tombée, les temps n’étaient pas surs. Seuls une messe, des cadeaux et un « bon » déjeuner signalaient la plus grande fête familiale européenne, ni  chocolats, ni douceurs aucune de ces petites choses qui marquent la fête chez les enfants.  Rien ne résistait au voyage, long à cette époque. Le transit Douala Yaoundé était déjà tout un périple. Autour  de nous, la vie continuait comme tous les jours. J’attendis, une éternité, un an, avant de découvrir, un Noël en France.

Nous partions  du Cameroun juste après Noël, un Noël, fabuleux et étrange où mes parents nous donnèrent nos cadeaux en avance car sitôt déballés ils allaient partir avec  la caisse maritime. Noël merveilleux où tous mes rêves de petite fille furent comblés. Mes parents s’étaient surement donnés beaucoup  de mal pour faire venir, à temps,  toutes ces merveilles : une poupée, très jolie et de la dînette, surtout, je sais avoir reçu bien plus de cadeaux, mais mes priorités étaient là : Une jolie poupée et ce qu’il faut pour s’en occuper.

Trois jours plus tard, je suppliais afin que l’on me permette de garder avec moi toutes mes poupées, je pleurais à l’idée de m’en séparer et de les imaginer dans ces caisses, froides dans le noir et toutes seules. Je ne sais pas si j’avais eu gain de cause, je crois me rappeler que je pouvais en garder trois avec moi. Pas plus que ce que je pouvais en transporter dans mes bras d’enfant.

Départ de Douala le 5 janvier avec le Maréchal Lyautey  qui nous ramènera peu à peu à la civilisation.  Trois semaines en sas, vacances luxueuses, dont nous profitions sans jamais penser au lendemain. Jusqu’au moment où le bateau est entré dans le port de Marseille,  passant sous la terrasse  d’une villa que j’habiterai des années plus tard avec mon mari et mes enfants. Petite fille je pleurais, je trouvais cela si beau et si froid du haut du pont. Devenue adulte j’ai eu la joie de saluer ces paquebots pleins de rouille, sales qui rentraient en France,  pensant à tous ces gens qui changeaient de vie, je saluais aussi mon enfance perdue.


             paquebot Maréchal Lyautey,signe du retour au pays, qui en fait, n'était pas le mien.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bel article

Ladywaterloo a dit…

Merci, drôles de souvenirs surtout.. Difficiles à partager!

bon week end