Dimanche soir en retard.

Nous avions quitté les Invalides, un peu avant 17h 45, pour rejoindre Bercy, nous pensions avoir pris assez de marge.

Les stations de métro avaient été fermées bien plus que ce qui était prévu. La foule compacte, les pieds en marmelade, nous empêchaient de marcher  très vite. La RATP savait que nous serions nombreux, mais pas autant que nous l'étions réellement.

            Toutes les photos illustrant cet article viennent du Salon Beige, site (très catholique) le plus complet sur les événements en cours.


Remontant en toute vitesse le chemin parcouru nous avons renoncé d'essayer d'entrer dans les premières stations de métro, l'énorme file d'attente débordait sur le trottoir, les agents de la SNCF pour des raisons de sécurité régulaient l'entrée. Nous avons renoncé alors à prendre cette ligne  et sommes allés chercher plus loin une  autre ligne. La situation n'y était guère meilleure les premières rames de métro sont passées, plus que bondées, sans pouvoir prendre un seul  passager de plus. Les gens sur le quai se refiler des informations, certains étaient dépités

Ils disent que nous n'étions que 150 000!

Nous savions que cela serait ainsi mais cela nous exaspère encore plus et nous encourage malheureusement à des extrémités, à nous radicaliser. Le mépris avec lequel nous sommes traités est une humiliation profonde.

Le chemin jusqu'à la gare fut pénible,  escalators et tapis roulants à l'arrêt, nous nous pressions alors que nous savions avoir raté notre train.

Nous sommes arrivés avec 20 mn de retard,  il n'y avait plus de train jusqu'au lendemain. Nous avons décidé alors d'aller dormir à Nevers, arrivé un peu avant  23 heures, ne connaissant pas la ville je m'apprêtais à passer la nuit peut être sur un banc public. Je sentais le vieux phoque ayant passé sa journée à crapahuter dans la jungle...

Jusqu'à présent notre sac de manifestant était conçu au gramme près excepté les livres que mon mari emporte en trop.  A mon kit du bon manifestant je rajouterai pour les prochaines fois, peigne et brosse à dent et un minimum de linge de rechange, de quoi camper, en quelque sorte.



Par chance, un vieil hôtel en face de la gare faisait partie de la chaîne Baladins, ouvert en permanence, nous avons pu prendre une chambre sans difficulté.

Notre nuit fut moins horrible que je ne le craignais. Sans brosse à cheveux, ni brosse à dent, sans linge de rechange, la douche avec du savon et les draps propres étaient un immense luxe.

Le lendemain dans le train nous reconduisant à Clermont,  après avoir poinçonné nos billets le contrôleur nous dit

Vous étiez hier à la manifestation?

Je lui répondis

Oui nous faisions partie des 500, si peu nombreux que nous avons raté notre train hier soir,  nous n'avons pas réussi à prendre tous le même métro!

Il sourit et me répondit

Je sais que la police dit que vous étiez 150 000, mais vous étiez au moins 750 000!

Ce jeune homme ne saura jamais à quel point il m'a rassuré en me disant cela. Il m'a donné une preuve que les mensonges de l'état sont de moins en moins crus.