jeudi 16 mai 2013

Platon, le prophète.

Un homme se suicide devant des enfants de maternelle, une femme noie ses deux enfants dans la baignoire, un enfant  de cinq ans est tué par sa mère à coup de marteau... Petits faits divers du matin chagrin.  La misère prend le pas sur la raison, misère morale et matérielle..

Chômage, misère, drogue, alcool, familles qui se disloquent, morale qui se perd, plus rien ne tient, et le gouvernement légifère encore plus pour tout démolir...

La responsabilité morale n'est pas que des mots et ne relève pas de la pensée magique, la morale d'une société a un effet double de murs, murs  nuisant aux libertés de ceux qui s'en entourent, mais murs  aussi protégeant ceux qui s'en entourent.

D'une morale stricte du XIX nous sommes passés au relativisme total, on a un enfant comme on veut, si on veut, parfait bien entendu. On fait de son corps ce qu'on veut, on change de sexe si on en a envie, on change de partenaire quand on en a envie... On choisit un prénom qui ne veut rien dire pour ses enfants, enfants souvent sans repère, parfois sans filiation, ils se nomment: Térébenthine, Toscane, Imre ou Jumpol, qu'importe....

Plus rien n'est tangible, ni solide.

Je suis profondément attachée à la liberté, mais force est de constater que cette liberté devient enfer.




Alors je pense aux propos de Platon:  
Eh bien, ce que la démocratie définit comme bien, n'est-ce pas un désir insatiable à son égard qui la détruit ? 

Mais dis-moi ce qu'elle définit ainsi.
La liberté, répondis-je. Cela en effet probablement, dans une cité gouvernée démocratiquement 
, tu l'entendrais : que c'est ce qu'il y a de plus beau et que, pour cette raison, c'est seulement dans une telle cité qu'il convient qu'habite quiconque est par nature libre.
On entend en effet, dit-il, ce mot répété à tous bouts de champs. 

Eh bien, dis-je, comme j'allais le dire à l'instant, ce désir insatiable d'elle et l'indifférence à l'égard de tout le reste, c'est cela qui fait changer ce régime et le prépare à avoir besoin de la tyrannie. 

Comment ? dit-il.
Quand, me semble-t-il, une cité démocratique assoiffée de liberté 
 a le malheur d'être dirigée par de mauvais échansons, et qu'elle s'enivre plus que de mesure d'elle à l'état pur, alors, si ses dirigeants refusent de filer doux et de lui laisser une totale liberté, elle châtie ceux qu'elle tient pour responsables, comme des meurtriers et des tenants de l'oligarchie. 

Ils agissent en effet, dit-il, ainsi.
Et ceux, repris-je, qui obéissent aux dirigeants, elle les couvre de boue, les accusant de se livrer eux-même à l'esclavage et d'être des moins que rien, alors que les dirigeants qui se laissent diriger et les dirigés qui dirigent, aussi bien dans les affaires privées que publiques, elle les loue et les honore. N'est il pas alors inévitable que dans une telle 
 cité la soif de liberté vienne à tous ? 

Comment en serait-il autrement ?
Et qu'elle s'insinue, dis-je, mon très cher, jusqu'au plus profond des maisons et qu'en fin de compte il n'y ait jusqu'aux animaux en qui l'anarchie se développe ?
Que veux-tu dire ? demanda-t-il. 

Que, répondis-je, le père s'habitue à devoir traiter son fils d'égal à égal et à craindre ses enfants, le fils s'égale à son père, n'a plus honte de rien et ne craint plus ses parents, parce qu'il veut être libre ; le métèque  s'égale au citoyen et le citoyen au métèque, et la même chose pour l'étranger. 

C'est bien ce qui se passe, dit-il.
À tout cela, dis-je, s'ajoutent encore ces petits inconvénients : le professeur, dans un tel cas, craint ses élèves et les flatte, les élèves n'ont cure de leurs professeurs, pas plus que de tous ceux qui s'occupent d'eux ; et, pour tout dire, les jeunes imitent les anciens et s'opposent violemment à eux en paroles et en actes, tandis que les anciens, s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries 
 et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréables et despotiques. 

C'est tout à fait ça ! dit-il.
Mais en fait, dis-je, le comble, mon très cher, de l'excès de liberté, tel qu'il apparaît dans une telle cité, c'est quand ceux et celles qui ont été achetés ne sont en rien moins libres que ceux qui les ont achetés. Et dans les relations des hommes avec les femmes et des femmes avec les hommes, le point où en arrivent l'égalité des droits et la liberté, nous étions près de n'en quasiment rien dire ! ....

Et le résultat, dis-je, de tous ces abus accumulés, tu le conçois, c'est qu'ils rendent l'âme des citoyens si délicate qu'à l'approche de la moindre apparence de servitude, ils s'irritent et ne peuvent le supporter. Et tu sais bien qu'au bout du compte, ils n'ont plus cure des lois écrites ou non écrites afin de n'avoir jamais 
 nulle part à supporter de maître.
O combien, dit-il, je le sais !
Eh bien, dis-je, mon très cher, tel est le beau et vigoureux commencement duquel naît la tyrannie, ce me semble.
République, VIII, 562b-563e

4 commentaires:

Anonyme a dit…

ce matin, sujet du partiel :
la démocratie athénienne au 5 ème siècle avant JC
Je constate que tu aurais eu une bonne note
je me mets en anonyme mais tu me reconnaîtras...

Ladywaterloo a dit…

Ciel, un enfant qui passait un partiel? Voyons lequel^^^^

Anonyme a dit…

Bjr Lady Waterloo,
Je suis votre blogue depuis quelques temps et partage certaines de vos idées et convictions.A propos des prénoms que vous avez cités les 2 premiers en l'occurence, sont d'origine malgache, Coulouina plutôt Koloina veut dire chouyé et Herizo fort et droit.Bonne continuation

Ladywaterloo a dit…

Désolée pour les prénoms Malgache, je vais les changer, car si ceux ci sont des syllabes sans signification pour moi il en est pas de même pour d' autres.

Chouyé est pour choyé?