vendredi 1 novembre 2013

Pas de fleurs pour les "morts"!

La Toussaint est la fête de tous les saints,  saints reconnus parfois, et saints anonymes la multitude des hommes et femmes "de bien",  l'Eglise dans sa grande sagesse a donné deux fêtes pour ces deux jours consécutifs, la Toussaint et le jour des morts, jour où l'on se souvient et où on prie, ou pas, pour nos proches disparus.


Jusqu'à il y a peu, les français, fleurissaient de chrysanthèmes, énormes aux couleurs flashies leurs tombes de famille. Il y  avait presque un sentiment d'honneur à garder, il fallait faire une tombe propre, mettre les plus grosses potées, au risque sinon d'avoir honte face à la tombe voisine, plus "belle".



 


Chacun fait ce qu'il lui plait, mais je doute fort que les personnes inhumées soient sensibles aux potées de chrysanthèmes ou autres. Cela peut contribuer à lutter contre la mauvaise conscience des survivants, éventuellement ou même  faire la fierté d'avoir une si belle tombe en granit noir, brillant croulant sous les fleurs artificielles et naturelles.  Il est probable que de plus en plus de français se moquent du quand-dira t-on du cimetière familial, ils ne connaissent plus personne ou presque de leurs village natal.

Vous avez vu les Deschamps, ils  n'ont rien fait cette année pour leur tombe.

Ah oui, Madame Meunier, certes pour toucher l'héritage ils étaient là, mais depuis....

S'en suit de longs hochements de têtes. Ma jeune voisine a acheté des potées, avec des hiérarchies, les plus belles pour celles des parents, d'autres plus modestes pour des parents un peu plus éloignés, elle va régulièrement au cimetière et rend visite ainsi à d'anciens voisins ou autres connaissances.  Honnêtement elle me trouve barbare de n'y attacher aucune importance, pire à pouvoir m'imaginer sous une pierre tombale ignorée de tous. Elle me dit

Ca c'est toujours fait, il faut le faire! Ils sont mieux comme ça, sinon, les cimetières sont tristes

Je ne partage pas son point de vue, elle le sait,  je lui ai expliqué  me moquer d'avoir des fleurs,  une fois morte, mais en revanche, souhaiter une jolie pierre tombale, en pierre, blanche de préférence, une de celle qui s'use avec le temps et pour laquelle on devra après quelques dizaines d'années déchiffrer avec difficulté ce qui est écrit. Jusqu' à dans la mort des goûts et des couleurs, des modes et des coutumes...

Cette année,  il y a une bonne nouvelle. Cette année, pour la première fois, Carrefour Market n'a pas organisé une méga vente de chrysanthèmes, bruyères colorées d'un coup de bombe et autre, encombrant habituellement l'entrée du magasin dès la mi-octobre. J'imagine que le chiffre d'affaire des dernières années devenait trop faible.  Halloween ne rameutant pas les foules non plus, le super marché a commencé Noël depuis  la fin de la foire aux vins qui succède à la rentrée scolaire. 

La grande braderie de cet hommage  stéréotypé a disparu, place peut être  à d'autres formes du souvenir.

8 commentaires:

Martine a dit…

Hier soir, à 22 heures des gamins sont passés chez moi pour des bonbons. Je n'en ai jamais chez moi, je leur ai donc donné du chocolat!
J'aime les cimetières fleuris. J'aime ces fleurs sur les tombes et je trouve cette tradition plutôt agréable et puis... tant mieux pour les producteurs de fleurs, il faut bien vivre.
Plus tard, je veux qu'on me brûle et qu'on disperse la moitié de mes cendres aux 4 vents, l'autre moitié dans un coin d'une tombe familiale, au moins, je ne prendrai pas trop de place. Bien sûr que je me foutrai des fleurs, elles sont faites pour les vivants... Alors, qu'ils en profitent, même au cimetière.

Bretonne a dit…

Les fleurs de Toussaint je les ai mises dans mon jardin !

Clo a dit…

aujourd'hui sur France Inter, l'histoire d'un parc, lieu de vie pour familles d'incinérés, dit comme ça, ça a l'air atroce, le reportage était vivant et chaleureux ;-D

Christine a dit…

Eh bien moi j'aime les cimetières à cette époque de l'année ! En ce mois de novembre souvent gris, j'aime cet éclatement de couleurs sur les tombes ; Ces couleurs vives nous rappellent que la mort n'est qu'un passage qui s'ouvre sur la Vie ailleurs et autrement ; dans ma région, les cimetières restent très fleuris en cette période de l'année.
Et je ne trouve pas que cela puisse être comparé à Halloween ou à Noël ; cela n'est pas du folklore, ni quelque chose de commercial, juste une jolie manière de dire merci à ceux qui nous ont précédés dans l'ailleurs pour ce qu'ils nous ont apporté.

Ladywaterloo a dit…

Merci à Christine, Clo, Bretonne et Martine de vos témoignages, différents, la richesse de la vie, son équilibre vient de la différence, rien de pire que l'uniformité.

Hier, j'ai cherché une tombe qui m'aille, et l'ai presque trouvé, ironie du sort elle est classée "tombe écolo" :)

margo a dit…

J'ai acheté une potée de cyclamens blancs pour mettre sur la tombe de ma maman et je vais y aller cet après-midi. Je n'aime pas cet endroit cerné par les tours de la Défense et elle ne l'aurait pas aimé non plus, c'est pourquoi j'avais fait faire une tombe en briquettes flammées, afin de ne pas faire trop "triste".
J'avais 20 ans quand elle est partie et le côté empesé du marbre me faisait peur, ça ne lui ressemblait pas non plus. Alors que ces couleurs de feuilles mortes me donnait l'impression qu'elle était "spéciale", jeune et peut-être pas tout à fait morte.
Je vais régulièrement fleurir sa tombe et je m'arrange pour trouver des fleurs pas trop banales. Comme elle l'était. Et j'aime voir les autres tombes, fleuries par les êtres chers au défunt et même, en été, j'arrose souvent les plantes sur des tombes de parfaits inconnus!

Clo a dit…

Ma grand mère allait au cimetière et m'emmennait enfant. J'amais beaucoup l'accompagner, elle était très très moderne, très sportive, assez excentrique. Elle me laissait redispatcher les fleurs en porcelaines ou les potées en surnombre vers les vielles pierres aux noms effacées...
Et pourtant maintenant adulte, je ne vais jamais au cimetière, je ne suis jamais allée sur sa tombe alors que je pense souvent à elle. Pareil pour plusieurs autres personnes chères, Passées la douleur et l'éventuelle injustice de leur décès, elles m'accompagnent tendrement au fil du temps mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas besoin d'un lieu pour me recueillir... c'est plutôt dans les petits riens du quotidiens que j'immisse (mais comment ça s'écrit ce truc ???) mes "morts"

Anne** a dit…

Pour Clo : "j'immisce". Tu y étais presque !
Je n'ai aucun mérite, j'ai toujours à portée de main le vieux Bescherelle de mes enfants "l'art de conjuguer". c'est tout un art, en effet !