jeudi 5 janvier 2012

Mes dix ans (la rupture n°2)

 Les instants choisis pour évoquer mes ruptures seront des ruptures de vêtements, d'autres instants  pourraient être évoqués, mais je pense que la façon dont maman nous "objetisait"  niant notre corps, nos désirs,  lorsque nous étions enfants étaient les plus significatifs,  car concernant notre image, je ne suis pas psychologue, mais je crois que si on ne s'aime pas physiquement enfant, on a du mal à s'aimer autrement, et si notre mère maltraite notre image, en lui imprimant sa toute puissance,  elle nous dénigre, elle refuse de nous accepter tel que nous souhaitons et nous maltraite, sans que nous sachions pourquoi.


Pour Noël, maman nous "habillait" allez comprendre pourquoi, je déteste m'habiller après. Une année maman avait acheté de superbes coupons de velours, lourds, l'un vert bouteille, l'autre d'un horrible rose sale "bois de rose"  disait alors maman, qui semblait boire du sirop en le disant, cela n'augurait rien de bon pour moi.

Ma soeur ainée, avait le choix, naturellement, elle choisit le coupon vert, je tentais vaguement et maladroitement de lui suggérer que le rose lui allait mieux à son teint de blonde et au bleu de ses yeux, mais elle resta inflexible. Ma mère adorait les yeux bleus, moi, je n'étais pas jolie, j'avais de yeux marrons, mon frère cadet avait de magnifiques yeux bleus, j'en conçus longtemps  une haine des yeux bleus, maman  me dit encore


Que veux tu, les yeux bleus sont si jolis, j'aime les yeux bleus!

Depuis fort longtemps, je me fiche de la couleur des yeux des gens, je pourrais avoir des petits enfants aux yeux vairons ou encore verts ou roses (enfin fuchsia, pas vieux rose, pitié!) cela m’indifférerait. Le coupon vieux rose (rose vieux bonbon) m'échut. Et ma mère, à mon grand effroi, me déguisa aussitôt en un énorme bonbon géant, rien ne fut trop beau pour ce bonbon, col en guipure, crème, forme improbable, montée sur ce col,  immonde, je fus obligée de porter ce chef d'oeuvre à Noël, appela mon ange gardien au secours et grandit au plus vite afin de ne jamais remettre cette  oeuvre unique.


Arrivée, là, je dois vous dire que je ne couds pas, et me comprends très bien!

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