La famille Maboul

Cela fait un mois que nos voisins se sont installés, le hameau a été bousculé, il sera je crois chahuté encore longtemps. Je rêve de plus en plus d'aller vivre dans un ermitage.

Je me demande encore ce qui a poussé ce maçon à vendre sa maison  restaurée en Seine et Marne, puis à donner sa démission pour venir s'installer en plein hiver dans une maison sans aucun confort, ni chauffage, ni salle d'eau correcte au fin fond d'un hameau au bout du monde...

La première semaine a été chaotique, les suivantes éprouvantes,  je dormais très mal je ne dors plus depuis une semaine.

Leur quatre enfants semblent avoir pour objectif de faire la scolarité la plus pourrie possible,  il sont dys-tout, dyslexiques, dysorthographique, dyspraxique et dyscalculiques, j'espère ne rien avoir oublié. Seul un des enfant n'a pas doublé de classe mais elle semble vouloir rattrapé son retard, elle n'a pas mis les pieds au collège depuis trois semaines et sa maman a dit du bout des lèvres qu'elle ira "peut-être" à l'école à la rentrée. J'ai adoré le "peut-être", en attendant elle coure tous les médecins de la vallée pour trouver la maladie rare qui donne des vomissements à sa fille.

Dimanche dernier, Manon a expérimenté le service d'urgence de l'hôpital de proximité, les médecins l'ont gardé en observation toute la journée puis l'ont renvoyé chez elle en disant que c'est "psy" , dans la tête, ont ils précisé. je savais que notre hôpital possède un service  très compétent, cela a confirmé mon opinion. Manon fait de l'allergie scolaire, c'est une vraie maladie, incurable.

Léa (7 ans) copine avec Léna (8 ans la semaine prochaine) la dernière Maboul, je savais que Léa rêvait d'emmener Léna dans ma salle de jeux,  Manon étant à l'hôpital l'occasion s'était enfin présentée.  Un dimanche après midi qui restera à jamais dans ma mémoire, la petite Léna m'a raconté de telles horreurs que mes cheveux se sont dressés sur ma tête et sont restés ainsi empêchant tout repos de mon esprit, je ne peux même pas mettre de mots sur ces abominations.

L'aînée, Loïs, 17 ans est déjà tombée deux fois dans les escaliers, vendredi, après sa seconde chute, sa mère l'a conduite après  aux urgences de Clermont Ferrand, elle en est sortie avec des béquilles,  une attelle et quelques médicaments, elle en fut très déçue, pas la moindre petite opération ni même un petit séjour à l'hôpital? L'Auvergne est vraiment une région  médicalement arrierée.

Cet amour des complications est héréditaire,  il y a environ quinze jours, le grand père Maboul  a signé une décharge à l'hôpital où il restait hospitalisé après une opération afin de venir au plus vite vois ses enfants. Quelques jours plus tard se tordant de douleur, il s'est présenté aux urgence de l'HP, les médecins ont défait ses pansements, se sont pincés le nez et ont déclaré qu'ils ne toucheraient pas à cette plaie infectée, ils l'ont renvoyé aux urgences de l'hôpital où il avait été opéré, à environ 400 km d'ici.  Notre service  de santé est vraiment  remarquable, les médecins savent détecter les emmerdes d'un seul coup d'oeil.

La famille Maboul est FDS (française de souche) comme quoi  même avec les AOC  la qualité n'est pas toujours au rendez vous.

Madame Maboul a occupé sainement son samedi, elle a convaincu Céline, ma jeune voisine de l'emmener voir la rabouteuse pour Loïs, je ne sais pas si la rabouteuse sait rabouter les cerveaux,  et pourtant cela serait probablement nécessaire, je n'ai pas eu de comptes-rendu de cette expérience sûrement très interessante.  Puis Madame Maboul est partie chez le coiffeur avec ses filles, car Noël sera aussi dans le hameau.

Mon mari et moi partons passer Noël à Barcelone, j'espère y retrouver le sommeil, en rentrant je devrai peut-être tenter de convaincre de nommer une assistante sociale à temps plein pour le hameau, enfin pour la famille Maboul, il faudrait une femme calme, expérimentée et capable de miracles. Je croise les doigts et si le miracle de Noël existait?