lundi 25 janvier 2010

Dix ans avant un bicentenaire!



Autrefois, au moyen-âge, nous recevions tous, ou presque,  deux fois par an un catalogue énorme. Fin janvier il annonçait le printemps et je le dévorais, dès l’été il parlait d’hiver et je le remisais en attendant que l’automne arrive vraiment.


                                                                     image Taaora, tendance  mode

Les énormes catalogues "La Redoute" et son petit frère "Les Trois Suisses" ponctuellement envahissaient chaque maison. Au  fil du temps je m’amusais de voir notre société changer. Je me souviens de l’époque où on trouvait des «  blouses » sur une dizaine de pages, vêtements en nylon, coquets et fleuris, j’en mets une en illustration, parce que je pense que plus personne ne se souvient de ce vêtement  qui était à la ménagère ce qu’est devenu le jean. Reste t-il des ménagères?





Reflet de nos vies le catalogue a des chapitres qui n’existaient pas et d’autres réduits comme peau de chagrin. Je mets à présent en quarantaine tous les catalogues, dans un chevet dans l'entrée, proche de la descente aux enfers, la poubelle. Les dédaignant, les oubliant, les méprisant. Cela ne dure pas plus que quelques temps, des recherches difficiles passent souvent par la case: catalogues. Je recherche  encore dans "La Redoute"  "le" rideau occultant  qui me manque  et lorsque  j’ouvre ces 1214 pages je les feuillette toutes. Puis vais sur internet, vérifier, et passer commande éventuellement.

Page 291, il y a un truc de chez Cyrillus, autrefois les serviettes ne se rangeaient pas avec les torchons! Page 902 les fameux rideaux, je recherche un gris pas taupe, pas une nuance mode, donc difficile. Les recherches sont  devenues fort compliquées car avant  les  objets étaient  regroupés , d’une manière systématique mais un peu lassante , cela  permettait néanmoins  de régler la question rapidement. Aujourd’hui,  la mise en perspective des objets par thèmes de déco les éparpille sur des centaines de pages. Stratégie commerciale qui vous balade de boutiques en boutiques comme dans les rayons d’un méga--magasin, faire voir un maximum d’articles pour déclencher un maximum d’achats. A condition de susciter le fameux déclic : la pulsion d’achat…
Et pas de décourager la cliente  devant l'amas d'objets.


Cette année, le catalogue papier est tout petit, avant peut être aussi, je ne me souviens pas. Illustration de la discrétion  de ce géant des ventes par correspondance. Changement de stratégie de l‘ancêtre aux blouses fleuries .Économie, réduire à peau de chagrin ce qui représente un chiffre d'affaire en chute libre, commandes passées à partir du catalogue papier.

 Ce changement est une illustration  de nos modes  de consommation. Il y a trente ans, commandes soigneusement remplies avec un chèque, une enveloppe même pas pré-remplie  et un timbre et on courait à la poste. Et on acceptait, tout, article épuisé, substitué....  Il y a vingt ans, commande par téléphone en donnant  notre numéro de carte bleue, très facile, mais agaçant quand l'hôtesse disait que:" Non le sweat en 4 ans bleu marine n'existe plus, ni en rouge, il reste "prairie" et "orange", vous faites quoi, madame?" à présent commande sur internet, on se réfléchit avec nous tout seul, allons vérifier dans l'armoire que le sweat prune irait bien avec son pantalon mauve, de toute façon il ne mettra ni l'un ni l'autre.

Mettez des loupes si vous souhaitez commander par écrit, c’est écrit tout petit, pour ceux qui vivent comme avant. Les catalogues existeront ils dans dix ans ? Je ne le pense pas, dès que la rentabilité deviendra vraiment  trop faible, il disparaitra.

Les rideaux « bonne femme » à carreaux bleus ou rouge ont disparu remplacés par les brise-bise, rien que les appellations sont révélatrices, les brise-bise ont remplacé les « bonne femme » !

Je crois que je garderai quelques catalogues pour amuser mes petits-enfants, plus tard.
« Oh t’as vu la mode c’est trop moche ! »
« T’as vu la gueule des télés ? Ca existait encore les télés ? » (p1186, écrans plats)

« Mamina, ne me dis pas que les lits ressemblaient à CA ! »  (p 850, couvre lit, pardon on dit jeté de lit à présent, très kitchs.)

Je pense que cela peut occuper sereinement quelques après- midi pluvieuses d’été, à moins qu’ils ne pleuvent plus jamais l’été. En racontant l'histoire d'une presque bi-centenaire qui vit encore....



à lire sur un blog,  ma vie en blouse de nylon

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