Boltanski au Grand Palais (Paris), Boltanski expose des amas de vêtements dans ce qui ressemble à un hangar, mise en scène dramatique de simples dépouilles. Grue prenant au hasard dans une foule d’oripeaux ceux qui se laissent attraper.
Froid, bruit stressants, battements de cœurs qui semblent lutter pour continuer à vivre. Les fantasmes peuvent-ils être à eux seuls l’expression d’un art ?
La voix calme de Boltanski demande : "Dis moi, as-tu chié sur toi ?", "Dis moi, y avait-il une lumière ?", "Dis moi, comment es-tu mort ?"
« Vous souhaitiez qu’il fasse froid dans le Grand Palais, vous y avez créé une ambiance oppressante, bruyante, inconfortable. Pourquoi conditionner ainsi le spectateur ?
Christian Boltanski. Parce que l’art est une chose sérieuse, qui n’a rien de joyeux. Parce que l’art a perdu sa véritable fonction au profit d’un courant bling-bling qui le transforme en marchandise et qui m’amène à réagir. On n’est pas là pour s’amuser, mais pour poser un questionnement existentiel ! »
L’art serait alors ce qui « pose question » et pas une marchandise, il est vrai que les émotions peuvent être à l’origine d’œuvres artistiques, il est aussi vrai que les obsessions, agréables ou pas, sont aussi à l’origine de bien des créations.
Alors des papillons qui volent dans un buddleia sont de l’art car ils suscitent en nous une émotion plaisante tout en nous donnant un vertige immense à la vue de ces papillons tous destinés à mourir au coucher du soleil et qui l’ignorent. Alors l’art est aussi dans le sourire d’un bébé, car on sait inéluctablement qu’il va devenir un enfant charmant, puis un adolescent ***, avant de devenir un adulte perdu dans l'immensité des foules puis décliner et mourir, tout est une histoire d’échelle, tout est dérisoire, tout est désespoir.
Je me suis souvent demandé si ces « artistes » exploitent la faiblesse de l’âme de leurs contemporains ou s’ils sont vraiment honnêtes avec eux-mêmes. Dans le cas de Boltanski, ma réponse est sans appel, il y croit. C’est un des plus grand artiste contemporain français. Enfin un des grands actuellement car demain il ne restera rien de ce qu’il a fait, il le clame et le sait. Restera t-il simplement même une mémoire de son "œuvre"? Demain d’autres artistes plus ou moins obscurs aujourd’hui, seront dans la lumière.
Et restera dans l’étude de notre société cette interrogation sur la valeur que nous accordions aux obsessions exposées révélant nos propres fragilités.
Je déteste l’art « moderne » je n’ai aucune émotion particulière pour ces amas de vêtements qui me rappellent les entrepôts en tôle du Secours Catholique débordant de vieux (ou pas vieux) habits donnés pour la bonne conscience et qui ne serviront jamais, sinon pour témoigner de l’hyper consommation de notre société.
Pour moi, l’art est tout autre chose, sans valeur marchande particulière mais témoignant d’un fragile équilibre, d’une grâce divine, pouvant hurler à tous toute la gamme des émotions avec virtuosité sans obligatoirement nous heurter. L’art ne pose pas de question, il imprime ses vérités et s’impose.
Economisez les quatre euros de cet inconfort et prenez un café, ou mieux donnez cette somme, là, à celui qui en a besoin, assis dans le froid.
3 commentaires:
je ne comprends rien à l'art moderne et j'ai souvent l'impression que c'est du foutage de gueule. mais il y a 15 ans j'étais tombé par hasard sur une expo Boltanski avec des photos et là j'ai eu un choc. même chose quelques années plus tard au musée de St Etienne.
j'espère trouver le temps d'aller au grand palais et je sais que j'en sortirais bouleversée en ayant touchée à la fois l'unicité de chaque humain et le fait qu'il n'est rien ou presque
erreur bien sur ce n'est pas fantomette mais olympe
Merci à Olympe-fantômette!
Je n'ai jamais vu d'expo de Boltanski, je sais qu'il touche à l'émotion, il peut faire prendre conscience à chacun de nous que nous sommes à la fois unique et précieux mais poussière retournant en poussière.
Une des dérive de notre société est de vivre plus sur ces émotions dans l'instant au détriment de l'analyse (réflexion)
Si j'étais à Paris je vérifierai mes impressions en allant au grand palais et réviserai peut-être mon opinion.
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