Nettoyer la violence au kärcher.

 Il y a des faits divers qui bouleversent, lorsqu’ils s’accumulent l’incompréhension puis la révolte nous gagne :

Amar, 12 ans, tué en allant acheter du pain, chez nous en France, pays où il fait si bon vivre,  à Lyon.

Hakim, 18 ans, tué alors qu’il allait demander une explication dans le couloir de son lycée, à l’heure de la récré, à un « gars » qui avait parlé avec désinvolture à sa sœur de 16ans.

                                                                   photo France-soir.  Hakim

A la mort d'Amar, j’ai été ulcérée de constater que nombre de journalistes qualifiaient Amar de « jeune » ou « d’adolescent » voulant ainsi gommer un peu de l’atrocité de ce meurtre d’enfant. Amar a été tué, car il s’est trouvé malencontreusement sur un trottoir où il n’aurait pas dû être, là aussi une fille  était, bien malgré elle, la cause d'un meurtre.

Dans le second fait divers, la mort d'Hakim, je me suis demandée ce que pouvait donner "parler avec désinvolture" à une fille pour lui demander qu’elle passe son effaceur. Islam, 18 ans, voulait « sortir » avec Amel qui en parlé à son frère, afin qu’il la défende. Hakim a voulu s’expliquer avec Islam, il en est mort. Le procureur n’a parlé ni d’injure dans l'incident qui a eut lieu entre Islam et Amel ,ni même d’irrespect mais juste de désinvolture:

« Eh, Amel, ma chérie tu me files ton effaceur ? Fais pas la gueule je sais que tu m’aimes… »   Quelque chose comme ça ?

Pourquoi Amel en a parlé à son frère ? Une jeune fille occidentale règle le problème elle-même, mépris, réponse, ou gifle, si vraiment l’outrage est trop fort.  Notre difficulté d’appréhender cette violence qui nous apparait gratuite vient de notre incompréhension, méconnaissance complète de leurs règles, trop différentes des notres.

En lisant les réactions des internautes, l’écœurement me vient bien souvent, entre

 Le  « tout répressif » : Uniforme, rangs et hymne national tous les jours. Inapplicable, et chère ,  je doute fort de l’efficacité de cette méthode.

 Les «  méprisants » : « de toute façon ils n’élèvent pas leurs enfants, ils  sont comme des lapins,  " à eux de se débrouiller, entre eux… "  racisme totalitaire stupide qui parfois se termine par un “renvoyez les chez eux”(Ils sont chez eux, en France.). Racisme qui n'est parfois qu' aveu d'impuissance  "mettez les en pension" "le service militaire"

Fadela Amera hurle à juste titre contre cette injustice faite aux plus faibles en première ligne dans l’insécurité des « quartiers », et reprend intentionnellement cette phrase mythique de Sarkosy:

« Il faut nettoyer les quartiers au kärcher », phrase prononcée lors de l’assassinat d’un gosse de 11 ans, qui lavait la voiture de son père.

Valérie Pécresse réfléchit à des " surveillants tuteurs ". 5000 personnes en difficulté seraient employées ainsi, sans vocation, sans formation, sans expérience dans l’éducation ?

Aucune solution ne sera miraculeuse, ni les portiques aux portes de lycées, ni la fouille des sacs, ni même la multiplication des « surveillants tuteurs » la précédente politique des « grands frères » avec ses multiples dérapages avait échouée.

Plus de surveillance, plus de dialogues éviteront peut être une  multiplication des drames.  Je raillais il y a deux mois,  la maladroite initiative du débat sur l’identité nationale, ce débat prouve ici sa justification, en permettant à tous de réfléchir sur l'intégration. 

Accélérer l’intégration est une urgence absolue,  que la prochaine fois une  Amel réponde vertement à un Islam « désinvolte »  et que les choses en restent là, dans la désinvolture.

J'ai hésité avant de mettre la photo d'Hakim, je trouvais surprenant qu'aucune photo ne paraisse dans les grands médias, que je consulte habituellement, aussi j'ai fait des recherches élargies, seul France-Soir, a publié, à ma connaissance, cette photo, fournie par la famille, je suppose que la casquette "gênait" les autres. Oubliez la casquette elle n'a là, aucune importance,  et voyez plutôt un jeune homme à l'air franc et sympathique.