Quatre de mes enfants sont vraiment adultes, le cinquième le devient peu à peu, le sixième est étudiant et le septième lycéen, depuis très longtemps je me demande quels seront les liens qui substitueront entre eux, adultes, et à présent, peu à peu se dessinent des histoires qui ne m'appartiennent pas et dont je ne suis pas responsable.
Souvent lorsque les enfants sont petits, les liens entre les enfants passent dès que le moindre problème surgit par la mère, érigée en juge de paix, mère de justice donnant raison à tel, ou désapprouvant l'autre. Il est difficile de faire autrement, souvent nous, parents, portons aux nues la scolarité de Xylophène mais rayons celle de Térébenthine, soulignons la sportivité de Marx et trouvons un peu paresseux Engels. Il nous parait évident qu'un exemple illustré sera plus frappant pour le reste de la tribu, il reste surtout pendant des dizaines d'années l'image de bonne élève qui colle à la peau de Xylophène comme celle de flemmard à Engels...
On devrait peut être apprendre à gérer notre parentalité avec plus de recul, cela nous éviterait à tous de faire ce type d'erreur, nuisible à la cohésion fraternelle, déjà que Marx et Engels se disputent dès qu'ils en ont l'occasion et que Térébenthine se moque des lunettes de Xylophène, notre management est plus que nul. Si nous voulons avoir des enfants qui s'entendent bien je crois que l'idéal est de les valoriser sans les comparer et aussi de leur donner l'occasion de se réconcilier sur notre dos, dès que possible. Trois enfants râlant de l'interdiction de télé, décision injuste, seront solidaires, au moins quelques moments.
L'interférence des parents sans arrêt dans les relations entre les frères et sœurs est usante et souvent inefficace. L'idéal serait de les laisser se débrouiller tant que péril n'est pas en la demeure.
Rassurez vous, j'ai été tout à fait normale sur ce plan là, bien que connaissant la théorie, j'ai été nulle, et ai commis énormément d'erreurs pendant des années. Je le sais, et cela fait une différence, car je le sais, et en fais amende honorable, enfin,plus ou moins, mais mieux j'ai la certitude, que rien n'est figé, même lorsque nos enfants sont adultes. Les parents peuvent souvent, encore changer la donne, en changeant d'attitude en se fixant alors un nouvel objectif et tenter d'y arriver.
A la naissance de mon dernier fils, mon aînée avait 20 ans, j'étais désolée à l’idée que mes enfants ne seraient pas vraiment frères et sœurs, bien qu'ils soient nés de la même mère et même du même père, j'ai alors décidé de tout mettre en oeuvre pour qu'ils ne soient pas de parfaits inconnus, ce qui était le risque premier.
De nos jours fixer des obligations trop nombreuses est voué à l’échec, à la maison le rendez vous, théoriquement incontournable est une fois tous les deux ans, un Noël tous les deux ans. De fait, le tam tam familial sonne bien plus souvent, mais à l'initiative des enfants, nul anniversaire de mariage, ni fête des mères ni rien d'autre n'est programmé. Cependant à l'occasion de Pâques, de baptêmes ou de rien la tribu se réunit, Camille, Alice ou Guillaume font un ram dam et tous ou presque se retrouvent, les absents ont toujours tort et regrettent d'avoir raté l’événement, ou alors font semblant de regretter. Je voulais éviter les réunions de famille trop formelles où les pater et mater familias trônent et délivrent leurs lois, la chose est tentante mais désormais révolue.
Les enfants ont décidé d'accepter que l'un ou l'autre d'entre eux puisse sécher une réunion sans qu'il ne lui soit tenu rigueur. Je ne me souviens pas du dernier baptême où ils furent tous réunis. A la maison, les choses paraissent plus faciles, logement et habitudes ont fait leurs nids, en dehors il y a toujours plus d'incertitudes.
Lorsque nous avons eu l'occasion de reprendre notre maison, mon mari et moi avions clairement l'idée d'en faire une maison de famille, maison que je prête aux uns ou aux autres pour y réunir des amis, en nous esquivant, maison où, ils ont tous, plus ou moins leurs chambres, leurs habitudes, ils y entreposent des affaires, y établissent des règles en dehors de nous, et je trouve cela bien.
L'arrivée des "pièces rapportées" est toujours délicate, période d'observation, d'adaptation puis d'adoption ou non, période de méfiance parfois d'incompréhension, chacun doit trouver ses marques, la tribu comme le nouveau venu, cela peut prendre des années.
Laisser les enfants seuls entre eux est, je crois, la meilleure méthode pour qu'ils se connaissent, on peut l'improviser discrètement ou le planifier. Souvent, le soir, ici, les jeunes se retrouvent dans la salle à manger après dîner pour jouer à un jeu de société, entre eux, réunion informelle où nous n'allons jamais. Ils peuvent ainsi à loisir, rigoler, papoter et même casser du sucre sur notre dos si nous l'avons mérité.
Camille est le plus" famille" de mes enfants, il suscite réunion, invite tous ses frères et sœurs chez lui, les derniers y séjournent tous régulièrement, ses sœurs partent en vacances avec lui (enfin avec eux: Camille, Amélie et Perrine), seul Yann un peu plus en retrait de la famille ne le fait guère. Yann est parti hier en Guyane, Camille l'a accompagné à Charles de Gaulle, où il prenait son avion . Lors que je sais que mes enfants vont les uns chez les autres en vacances, mieux partent ensemble camper où dans un gite, je sais que leurs relations ne passent plus par moi et que les liens se font sans nous, et cela est bien.
Et la maison? Plus on est nombreux, plus grandes sont les contraintes, le grand luxe n'est pas nécessaire, mais une grande adaptabilité obligatoire, autrefois, les enfants posaient des tentes dans le jardin et c'était bien. Mais, ils doivent pouvoir se sentir libre chez nous. Je me souviens de mon beau père adorant son jardin, je ne peux que le comprendre, furieux de tulipes cassées, de rosiers abîmés.
A la maison, je suis souvent déçue en retrouvant une branche de rosier cassée, mais suis ravie en me souvenant de la partie de foot qui l'a meurtrie, partie réunissant une dizaine de gars, de l’aîné de mes gendres à un trop jeune petit fils.
Avoir un peu d'argent pour adapter la maison afin de réunir ses enfants est plus facile, mais n'est pas obligatoire et ne garantit rien, il n'y a pas de corrélation entre le niveau de confort et celui de la joie de se retrouver. Les jeunes préfèrent une maison ouverte, pas trop luxueuse et se fichent du nombre de salle de bains, si ils peuvent se retrouver pour un barbecue à midi, une partie de boules à l'apéro et de tarots en soirée. Le plus difficile pour moi est de savoir m'effacer, je n'y arrive guère et commence tout juste à savoir prendre mes distances et à moins m'impliquer.
Mon attitude évolue peu à peu, j'avais acheté et aménagé une maison pour mes enfants mais en avais fait une maison pour mon homme et moi, les deux ne sont guère compatibles, je m' hérissais au moindre tapis à langer qui "traînait" dans la véranda, et rangeais, parfois sans rien dire, souvent en râlant, les jouets abandonnés dans le salon. Récemment, j'ai pu réévaluer mes objectifs, bizarrement cela se fait depuis que j'ai enfin pu clarifier ma situation avec ma mère, et que j'ai pris des distances avec ma belle mère, je ne suis pas l'une et ne ressemble pas à l'autre, elles ont toutes deux leurs qualités et leurs défauts, moi, je suis différente. On peut changer à tout âge.
Il y a un objectif que je garde cependant en tête, faire en sorte que mes enfants soient solidaires, cela me parait essentiel, une famille solidaire est une famille forte, avoir des frères et sœurs solidaires me parait être un des plus beau cadeau que je puisse faire à chacun de mes enfants.
Et la musique est pour moi, un accompagnement de la vie, Victoria adore lorsque Valentin joue lors des repas des enfants, concerts que nous apprécions tous. Magie des tribus, magie de la vie.
8 commentaires:
Une famille c'est un ensemble complexe d'équilibre à gérer. A vue humaine ça pourrait sembler impossible à gérer sans un accident au moins par jour. Et pourtant de cet ensemble hétéroclite nait une harmonie dont, sans une foi profonde, il peut être impossible de déterminer la source.
Continuez à la raconter avec simplicité et talent comme vous le faites chaque jour ou presque. Je n'écris pas souvent dans vos pages. Simplement parce que je trouve qu'elles se suffisent à elles même et qu'il n'y a rien à y ajouter.
Je vous souhaite une très bonne année en vous laissant à votre guise déterminer les endroits où le surcroit de grâce de vœux amis pourrait être d'un quelconque effet.
Une fois n'est pas coutume alors je vous embrasse.
L'art d'être grands-parents est un art complexe, je suis d'accord et ça s'apprend tout le temps et à chaque fois qu'un fait nouveau se présente.
Merci Jacques et Martine, je suis en parfait accord avec ce que vous dites.
Je trouve miracle, au vrai sens du terme que de nos imperfections, de nos erreurs peut néanmoins naître une vraie famille.
Pour le surcroît de grâce, donnons le aux malades, aussi aux personnes souffrant, celles qui sont en deuil, enfin, il y a tant de personnes qui en ont encore bien plus besoin pour simplement ne pas trop souffrir.
Hello Lady. J'ai deux filles âgées de 10 et 12 ans. Mon mari qui a un sens inné de l'éducation m'a soufflé un conseil ,un jour. Il m'a dit:" ne nous mêlons pas des disputes de nos filles: laissons les s'arranger entre elles et gérer seules. De toute façon, on se sait jamais faire un bon juge lors de ces disputes3. Ce fut un conseil en or car grâce à ce principe, je constate qu'elles se disputent très peu. Bien sûr, les fois où la situation s'eveinime entre elles, nous intervenons en disant que ça suffit qu'elles doivent monter dans leur chambre et redescendre quand elles seront calmées. Et là comme par miracle, deux minutes plus tard, elles se réconcilient. C'est toujours comme ça. Autre principe de base dans notre éductaion, nous leur enseignons qu'il faut se respecter et s'aimer entre soeurs. Et... ça marche! Il y a vraiment des clefs dans l'éducation: des règles simples mais qui fonctionnent! Belle année à vous! Bénédicte
l(heure actuelle, ils ne se côtoient pas trop, n'ont aucun centre d'intérêt commun. je crois qu'en matière d'éducation il n'y a aucune recette possible. Un truc marche chez les uns et pas chez les autres. l'essentiel est de ne jamais accorder le lendemain ce que l'on a refusé la veille, les limites doivent être données une fois pour toutes et révisées en fonction de l'âge. Chaque enfant est différent, ce qui va pour l'un ne va pas à l'autre, c'est toute la complexité de l'éducation et ce qui en fait aussi sa richesse.
N'oublions pas qu'on n'a jamais demandé à nos enfants s'ils voulaient naître et qu'on leur impose la fratrie. pourquoi les obliger à s'aimer? Cela ne va pas de soi même si à la longue on découvre que la famille c'est important et qu'il faut être solidaire pour subsister.
Il me manque la moitié de ce que j'ai écrit, c'est loupé. Je disais que mes filles ne s'étaient pas trop disputées mais que mes fils, c'était épouvantable, ils se seraient tués ou blessés gravement, la colère était violente et je ne tempère pas mes mots. Aucun jeu ne durait plus de 10 minutes. Il faut dire que le dernier, hyperactif, était très difficile et irritant. En général mes filles sortaient de leurs chambres, les attrapaient par le colbac et les flanquaient dans leurs chambres respectives!!!
Martine, effectivement, il n'y a pas de recette magique en matière d'éducation mais je trouve qu'il y a des principes généraux qui donnent un cadre aux enfants, qui leur permettent de se structurer et qui évite que ce soit la foire totale à la maison. Il y a aussi des enfants qui peuvent "être" plus difficile à gérer c'est certain. Concernant mes filles, je ne les oblige pas à s'aimer, c'est de toute façon pas possible mais on leur apprend à se respecte, ça c'est possible. On leur dit que c'est mieux quand même plus sympa de s'aimer que de s'ignorer ou se détester. Maintenant, on verra quand elles seront adultes…
Dernière chose, on ne m'a pas demandée si je voulais naître mais j'en suis ravie…J'espère que ce sera pareil pour mes filles.
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