mardi 10 novembre 2015

L'enfer de Saint Georges.

En une poignée de jours nous avons parcouru tout le littoral guyanais, du Maroni à l'Oyapock, dernière étape de notre périple avant de retourner à Cayenne.

 Empruntant systématiquement les petites routes qui nous menaient de carbets en villages, sans jamais tenter les pistes qui vous font rouler dans un nuage de poussière rouge, 2500 km à travers jungle et savane.

J'ai le grand regret ne pas avoir  eu de combinaison légère, réfrigérée et anti-moustiques qui m'aurait permis de randonner comme il m'aurait plu, faute d'un équipement adéquat j'ai renoncé aussi aux promenades en pirogue sur les fleuves et dans les marais, je n'ai  certes pas vu de caïmans en liberté, mais ai évité de servir de repas à une floppée d'insectes qui m'auraient adoré.

Notre dernière étape était certainement la plus difficile, Saint Georges de l'Oyapock est un bourg sur le fleuve du même nom, fleuve qui sert de frontière entre la France et le Brésil, la seule route qui dessert cette grosse bourgade a été terminée il y a cinq ans environ, un an plus tard un grand pont été prêt à être inaugurer, depuis 2011,  mais il n'est toujours pas en service, un vrai désert des tartares pour les 80 douaniers affectés à la surveillance du trafic et des trafics..

Sarkozy était venu lors de son mandat à Saint Georges, j'imagine son effarement devant l'état du village, son  total isolement, son délabrement et il avait promis un pont, le pont fut construit, une zone d'activité a été préparée, tout est en sommeil faute d'une route côté brésilien, il paraîtrait que cette route est en cours de réalisation.

Hier soir ayant à peine mis le pied dans le meilleur hôtel du bourg j'ai cru craquer et supplier mon mari de retourner aussitôt à Cayenne, Il y a résolument quelque chose de Bagdad Café dans Saint Georges, un désespoir m'envahit, augmentant à chaque rencontre de chien éthique, de tas d'ordures stratifiant à même le trottoir, aussi avec un peu d'avance nous sommes retourné à la civilisation, avec une pensée émue pour tous ces fonctionnaires, élus et volontaires qui se battent aux côtés de la population.



2 commentaires:

Martine a dit…

Je crois avoir ressenti un peu la même chose au milieu des populations indiennes déracinées de leur village et qui errent en ville en recherche de petite boulots. mais tout ça c'est la vie, il faut s'y plonger et finalement on y prend goût et ça nous fait relativiser notre petit confort égoïste vers lequel on retourne néanmoins.
Pourtant il ne faut pas oublier et le chemin élaboré dans notre tête poursuivra sa route, peut-être vers un changement d'attitude, des gestes d'entraide?

Ladywaterloo a dit…

@Fredi M, j'ai passé mon enfance au Cameroun et en Algérie, mon adolescence à la Martinique et ai vécu aussi en Nouvelle Calédonie.. Ai effectué aussi maints voyages, aussi bien pour aller chez mes parents à la Réunion que pour rejoindre mon marin de mari..
Le charme des moustiques m'a laissé un souvenir impérissable j'ai fait du paludisme (probablement en vomissant la Nivaquine), depuis je m'en méfie comme de la peste qu'ils peuvent m'innoculer, Dengue ou Chicunguwa aussi.
La poésie tropicale est un enfer vert, les gosses ici vivent bien heureusement, la France ne délaisse pas ses ultra marins, en revanche la natalité est bien trop forte, il y a environ 30% de la population au chomage, qu'en sera t-il demain?
Ca nous fait relativiser notre petit confort, mais un grand sentiment d'impuissance nous saisit si on cherche à imaginer ce que sera leurs demains.