dimanche 26 août 2012

Grand mère bonniche?

Mon amie ayant eu cette remarque est une femme optimiste gaie et enjouée,  en général, en cette fin d'été elle s'est sentie, probablement exploitée par ses enfants sans savoir redresser la barre. De nature bohème, artiste, elle a toujours reçu famille et amis simplement sans se casser la tête acceptant avec bonhomie tout ce que cela peut entraîner....

Lorsque Brigitte me fit cette confidence, je vis son visage fatigué et un peu aussi son angoisse, elle savait être devant une difficulté pour laquelle elle n'avait aucune solution.

Je n'ai pas pu lui parler longtemps, son mari et elle ont cinq jeunes adultes, dont quatre sont mariés ou en ménage et deux ont eu des enfants il y a deux ans. Cet été,  elle s'est retrouvée, je crois pour la première fois dans une situation pas très cool, coincée, dans une tripotée de jeunes très sympas en vacances et devant assumer le matériel.

Ce problème de fond, selon moi est le problème fondamental dans les relations parents, jeunes adultes. La maison est là, accueillante, les jeunes ont envie de rire et de profiter de leurs vacances pour se reposer et se détendre, mais le matériel coince.

On peut avoir plusieurs attitudes, en tant qu'adultes recevant:

-On prend tout en charge, normal on est chez nous. On imagine parfois que les jeunes se rendront compte et aideront, d'expérience je dirais, parfois oui, parfois non.

Le pire pour moi étant d'arriver à ranger le soir, maison grosso modo, ordonnée, cuisine, rangée, lave vaisselle qui tourne... Sinon le lendemain, je retrouve une maison déprimante, cuisine sale, évier qui déborde. Je souhaite terminer avant 21h dernier délai,  difficile, vraiment.

-On râle

Très agaçant pour tout le monde mais est ce évitable?

-On s'en fiche

Qui y arrive?

Les trucs qui gavent:
-Etre la seule à se préoccuper des repas
-Trouver toujours son lave linge plein de linge propre prêt à être étendu, sans jamais avoir mis de machine à tourner.
-Avoir l'impression que personne ne sait où se trouve le balai et encore  l'aspirateur ou la serpillière (LA quoi????)
-Ne pas pouvoir ranger à 20h, avoir la promesse que cela sera fait et constater le lendemain que rien n'a bougé, table à peine débarrassée, verres sales qui traînent, plats éparses, miettes oubliées sur les tables du jardin, oiseaux qui ont adoré les miettes...

Les trucs qui tuent
- Se faire reprocher de faire le ménage de la cuisine, à 9h, à 10h, à 11h, A treize heures , le déjeuner, n'est pas prêt?
-Manque de pain, on vous regarde vous devriez avoir honte...

Enfin, la liste est longue et souvent stupide, car un peu de distance aide. Les leçons que j'applique (enfin que j'essaie)

Essayer de ne pas me sentir responsable de tout, je ne suis pas hôtelière.
Fermer les yeux sur votre maison, visualiser mentalement, la même dans trois semaines, rangée, bouquets frais, vous regretterez, alors vos enfants!
Arriver à se faire des sandwiches avec son mari, tranquillou, car vraiment assumer le dîner pour dix, ce soir, vous ne pouvez pas.
Prendre un café, le matin très tôt avant vos petits enfants et vous enfuir au jardin, pas envie d'assister au repas des fauves? Assumer.
Se sauver, parfois, pas trop souvent, avec son homme pour une fête des plantes ou un vide grenier....

Je me suis fixée des signaux d'alerte perso, je déteste faire des super  marchés, normal, mais lorsque l'été
j'arrive au super marché, en me disant, Enfin une heure de tranquille je sais que j'aborde ma côte d'alerte.Lorsque je préfère rester au lit le matin que de me lever, je sais que j'ai besoin d'une pause.

Je peux estimer, à juste titre, que ma résistance est faible, cela ne changera rien.  Trop de bruits me tuent, trop de désordres m'angoissent et trop de boulot me crève. Le postulat est là. Cet été s'est très bien passé.

Depuis quelques années, après avoir, dans un premier temps, accepté sans comprendre, souffert en me culpabilisant,  je  mets mes limites, celles de ma tolérance, elles sont faibles, je sais, mais si je regarde autour de moi, il y a de bien meilleures maîtresses de maison, tant mieux et aussi  de bien pires, il y a des femmes exceptionnelles grand mères admirables mais aussi d'épouvantables. Savoir où sont ses propres limites rend les choses, au moins pour vous, moins compliquées, se culpabiliser ne sert à rien.


Après, en lâchant prise, en faisant éventuellement faux bond lorsque vous n'en pouvez plus, en posant vos limites, peu à peu, votre maison se videra peut être un peu, mais, vous aurez l'immense satisfaction d'arriver à la fin de l'été, non seulement vivante, non seulement crevée mais pas morte, et surtout pas aigrie.

Cette année, encore une fois je n'ai pas compté, mais nous dépassons allègrement les 500 nuitées en deux mois, et je ne suis pas Shiva, je suis certes fatiguée mais ni aigrie, ni amère, cet été fut un bel été, et j'ai renoncé définitivement à l'image de la femme parfaite, de la bonne mère pire de la grand mère, je suis moi tout simplement, enfin, j'essaie.


















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