Vider mes granges!

J'ai sauté le pas, il y a trois jours, et ai rempli mon coffre de brocantailleries, diverses et variées, nous sommes partis très tôt au matin et enfin arrivés au village, nous avons rejoint au plus vite notre emplacement.  Au déballage je fus surprise de voir les pros sauter sur tout ce que je disposais, je commis l'erreur de leur demander le prix que je souhaitais demander aux particuliers, c'est à dire, moins que pas grand chose. Ils me dévalisèrent en partie. En même temps, il faut bien qu'ils gagnent leurs vies.


J'avais emporté mon appareil photo pour prendre mon stand, comme très souvent la vie a pris le dessus sur le besoin de relater, voire de témoigner, j'ai oublier de photographier, à vrai dire, et n'ai pas pensé une seconde  à cette autre vie, que je mène ici, sur le "net".

J'avais réservé mon emplacement la veille et avais précisé que je souhaité être aux côtés d'une amie, afin de passer la journée avec elle, ce ne fut pas un problème et la dame prenant la réservation avait manifestement l'habitude de ce genre de demande, l'an prochain je lui demanderai d'être à l'ombre, nous avons cuit gentiment toute l'après midi.

Il y a eu, le déballage, le grand drap blanc sur lequel je disposais mes merveilles de trop, avec sur les côtés les petits meubles que j'avais emporté car ils s'ennuyaient de ne pas être utilisés. Il y a eu, les premières heures où je vendais beaucoup, au point que l'on m'a demandé à plusieurs reprises si je n'étais pas commerçante.

Je ne suis pas commerçante, mais j'ai toujours adoré jouer "à la vendeuse" et surtout j'adore le contact, les gens qui passent, les beaux et les pas beaux, les gentils et les pas gentils, les enfants et même un peu, les vieux. Il y a eu deux groupes de jeunes handicapés mentaux et j'ai vraiment eu  tellement d'admiration pour leurs éducateurs, si patients et essayant de comprendre leurs souhaits.

Il y a eu le côté technique, où et comment faire pipi par exemple, j'ai résolu le problème en l'ignorant, pas de toilettes,  pas de pipi! Mais nous avons savouré avec mon amie un délicieux (?)  hot dog avec merguez et frites... même pas de bières dommage, mais Schiva (ma copine) n'a que deux mains en vrai.


Il y a eu pas mal de rigolades et aussi d'amusement, la surprise de constater que nombre de gens n'osent ni demander les prix, j'ai rapidement confectionné des étiquettes, ni encore moins les discuter, je proposais ainsi des objets à 2, 50 euros qui partaient au prix indiqué. je n'étais pas chère, mais le truc du vide-grenier est de vider son grenier, pas de devenir riche.

Il y a eu aussi des agacements, des objets jugés trop chers à 1 euro, mais en même temps, vendre n'est pas donner, au prix du pain, actuellement, 1 euro n'est pas une somme, peut être alors l'envie d'avoir vraiment  cet objet manquait elle, simplement.

Au fil des heures, mon amie et moi, avions le temps, sans enfants, de se confier vraiment, sans fard, l'une à l'autre, je l’aime et l'estime et c'est réciproque.

Mon homme m'a rejoint  plus tard, avec une cargaison, de son cru, de trucs à vendre, je n'avais en effet, quasiment plus rien, à proposer aux chalands, mais la chaleur intense avait eu raison de mon côté bateleur et j'ai moins vendu, les acheteurs étaient aussi assommés que moi par la chaleur.

Certains  passaient et repassaient, le matin les marchands afin d'être vraiment à l’affût du moindre déballage et dans la journée des badauds, des nanas amusées par notre gouaille et notre bonne humeur à l'épreuve de tout, d'autres par désœuvrement, peut être.


Je prévois déjà l'année prochaine de tenir à nouveau deux ou trois fois, maximum autorisé par la loi, un stand, d'une part c'est très amusant, d'autre part, vider le "trop" que l'on a et le contact qui vaut largement l'effort de se fatiguer à faire un joli stand avec des trucs qui traînent sans jamais servir, au total, quelques dizaines d'euros gagnés; j'adore jouer, pour moi, cela avait heureusement pas plus l'intérêt que  de jouer, d'autres en font, laborieusement leur gagne pain et je les plains.