jeudi 2 août 2012

Accident de carotte.

J'ai la détestable habitude, ou pas, de manger systématiquement de tous les légumes que j'épluche: courgettes, choux, oignons, côtes de salades...  et bouts de carottes, en fait, carotte entière, j'adore. Seules les pommes de terres échappent à ma gourmandise, je grignote  aussi les fanes de radis et  même parfois des petits bouts d'aubergines, le pire cependant, de ce que je peux faire. J'adore les carottes et généralement, j'épluche  une première carotte que je me réserve et continue ensuite de peler les autres légumes tout en grignotant tranquillement.

Il y a trois jours, épluchant des carottes pour les râper, je ne pus résister, comme d'habitude de commencer par éplucher une carotte pour consommer sur place, debout au comptoir, enfin, au plan de travail.

J'ouvre une large bouche et croque dedans, je crus mourir, ma mâchoire se disloquait, mes dents tombaient et sous la douleur je faillis défaillir Je suis très  "Linette" et la famille alertée par ma digne mais néanmoins expressive douleur, se mit à rire. J'en fus mortifiée mais pas surprise.





J'ai toujours eu la chance d'avoir un estomac d'autruche et des dents de carnivore en bonne santé, y renoncer est difficile,  vieillir n'est rien si la mécanique suit. Lundi, ma mécanique s'est grippée par un seul malheureux petit bout de carotte, notre dignité et notre moral, souvent ne tiennent qu'à peu de choses!

De la glace sur les ligaments  abîmés, de ma bouche qui acceptait plus ou moins de s'ouvrir et de se refermer, le ridicule de la situation ne m’échappait pas, devais- je aller aux urgences signaler un accident de mâchoire si un seul geste, brutal, la remettait en place définitivement,  il me fallut quelques heures pour me convaincre de l'inutilité du recours au carabin.

Je ne fus pas fière de moi, et tentais plus ou moins d'accepter ce fait, je ne croquerai plus jamais dans une carotte, des glaçons, du saucisson ou quoi que ce soit,  sans réfléchir aux conséquences. Les ligaments se remettent peu à peu, ma fierté aussi mais en revanche accepter que vieillir c'est aussi cela, ne plus pouvoir mordre comme on veut est, pour moi, plus difficile à accepter. Avoir des rides oui, des cheveux blancs aussi, mais le reste...

Dorénavant, je croquerai encore des légumes crus, mais je les couperai ou les grignoterai, n'essaierai pas de les agresser en mordant comme une sauvage, la nature m'oblige à la raison. Vieillir oblige à la raison .


4 commentaires:

Martine a dit…

Moi aussi je goûte tout et bouffe la salade que je viens d'éplucher, parfois à peine nettoyée. La chienne me tient compagnie dans ces cas là car on est aussi gourmande l'une que l'autre. mais depuis qques jours j'ai horriblement mal à une dent qu'il faudra sans doute que je me fasse arracher (d'ailleurs, trouver un dentiste au mois d'aôut est une gageure!). C'est ça aussi vieillir: avoir de moins en moins de dents à soi!!!!!

Mariannette a dit…

moi, ce ne sont pas les légumes que je goutte, et heureusement
car jamais d'accident avec la crème patissière, ou anglaise, ou mousse au chocolat, ou chantilly...

mais si des accidents de chemisier...
tout maculé

beau texte, lady

Mariannette a dit…

goûte et pas goutte,
quoique je goutte en ce moment, je reviens de la balade
et il fait déjà chaud

Anne** a dit…

Oui, la carotte crue, entière et bien croquante est redoutable. d'autant plus qu'on ne se méfie pas d'elle ! On y croque avec conviction et bonne conscience. C'est étrange d'ailleurs : il est impossible d'éplucher des carottes sans attirer toute la maisonnée qui se sert au passage d'une petite carotte destinée au repas "juste une, ça va pas te manquer".
Mais je retiens l'idée de Mariannette : le bâtonnet de carotte trempé dans la mousse au chocolat ....