lundi 14 septembre 2009

Ce que disent nos maisons de nous



 


Tout socio-psycho-anthropologue se respectant a étudié, étudie ou étudiera la relation étroite et singulière que l’homo-erectus entretient avec sa caverne.

 




Dis-moi ce qu’est ta maison et je te dirai ce que tu es. Des désordres de l’âme révélés par nos fouillis planqués derrière les portes de nos armoires, nos rigidités que trahissent notre amour immodéré de la symétrie et du style Louis XVI, nos âmes de midinette de 12 ans rejaillissent à chaque souvenir kitchissime acheté en riant, mais conservé amoureusement…… Je parlerai à peine des turpitudes masculines trahies par leurs boîtes à outils (ou pas-boîte à outils, signe d’impuissance sur le monde extérieur) leur vieille collection du journal de « l’équipe » attachement à leurs amours d’adolescent lorsqu’ils se croyaient indestructibles…..

Tout nous révèle, vieux tee shirts, signes extérieur de richesse qu’ils soient en haute technologie ou bibelots horriblement coûteux bien que peu ornementaux. Bien souvent d’ailleurs, le refus de laisser rentrer chez soi des personnes étrangères considérées comme adversaires pouvant nous nuire, montre le peu de confiance que l’on a dans l’humanité, et la peur atavique de nos faiblesses. Le nomadisme n’est pas forcément le modèle le plus ancré dans notre société, ni le détachement parfait de ce que l’on croit être, à tort, un décor.

Cela est si vrai que je ne connais personne, qui achetant une maison sans travaux, qui ne se lance pas assez vite, s’ils le peuvent dans des changement inutiles et onéreux (la cuisine Mobalpa devient cuisine Schmitt, et la chambre bleue, rouge..)

Depuis six ans nous habitons celle que nous croyons être notre maison, en fait, c'est la maison qui nous habite, peu à peu nous nous sommes faits à elle et elle s’est habituée à nous. L’une déteignant sur l’autre, et l’autre (nous) croit imprimer sa marque. La maison rit et sourit, bien souvent gagne. De la couleur innovante pour le dressing, un beau gris bleuté qui se révèle au cours des travaux, être le même que celui choisi en d’autres temps, par d’autres gens. De l’ambiance de la salle à manger, Rouge et vert, assenai-je à Lhom, surpris par ce choix inhabituel chez moi, teintes redécouvertes par la suite sur des bouts de passementerie cachés par des tasseaux près du plafond. Le jardin est un élément si important que je ne le négligerai pas en le bâclant en quelques phrases. Mais des portes me direz -vous, des portes, que nous disent donc nos portes ?

La porte d’entrée est la quintessence de nos relations avec le monde extérieur. Portes et façades de rues, en fait. Certains commencent l’apprivoisement de leur maison (leurs travaux) par là, portes et façade doivent montrer au monde entier leur réussite, leur richesse, combien ils sont bien, en fait hurler le plus fort possible : « J’existe ! ». Passion névrotique qui les conduit dans un réflexe vital à aussitôt armer leur maison de clôtures, leurs fenêtres de barreaux et leurs portes de fermetures si compliquées que je n’arrive à les ouvrir avec les clefs, les cambrioleurs passeront par la cheminée, là je crois me tromper, confondre, par le toit me dit on.

Mon mari a horreur des portes d’entrée, la première chose qu’il ait faite, dans une de nos ancienne maison, est de casser notre porte d’entrée, il avait aussi forcé la porte du bureau à Chassignoles, et il ne tiendrait qu’à lui, ni porte, ni verrou, que de complication pour rien, en fait. J’ai toujours vécu avec des portes d’entrées qui ne ferment pas, le plus souvent bien plus laides que tout le reste de la maison. Protection certaine sur le monde extérieur. Nos portes semblaient dire : « Regardez, nous sommes pauvres, vieilles, vilaines, rien de bien ne peut se cacher ici » Joli message que ‘on envoyait au monde extérieur. Nous fignolions avec amour notre décor mais surtout n’osions dire quoi que ce soit à l’étranger. Timidité affichée, discrétion voulue, protection garantie, nos humbles portes d’entrées découragent tout visiteur et les portent à la sympathie pour des gens si modestes. Le reste de nos maisons ne correspond pas vraiment à ce schéma. Cette di synchronie révèle forcement une certaine forme d’indifférence, voire de mépris de ce que pensent les autres.

Aujourd’hui, Notre maison a gagné, nous repoussions en la laissant, dans un coin, la pose d’une porte ancienne, nous l’avions choisie jolie mais pas trop, il fallait avoir de l’imagination pour voir sa beauté intérieure. Non cirée, poignée en laiton…. Au fil du temps, nous l’oublions. Depuis quelques jours, elle a cependant remplacé le vieux ventail qui essayait de fermer cette demeure. Réparé avec un bouchon de vin, le vent l’ouvrait bien trop souvent, croyez moi, dans notre campagne c’est vite infernal. Réparée, cirée et presque lasurée une ancienne porte de chêne, avenante, enfin elle le sera lorsque la grille ouvragée sera repeinte, et que quelques fignoleries lui seront offertes. Comble de nos efforts, plus d’orties n’accueillent nos visiteurs sur le parking, mais un rosier rouge, Amadeus est planté pour agrémenter cette entrée, volets de la cuisine et de la salle à manger seront blanchis avant l’été, et une bordure de buis marquera le bord du parking .

Vous pourriez en déduire que nous avons changé. Je n’en dirai pas autant, simplement que la maison a gagné. Je vais aller chercher un vieux club de golf (un 3, je crois) que je poserai dans l’entrée, arme défensive, sous la main.

-« Au secours ! Vite un rideau, cachez moi, je vous prie ! «
- «Vieille maison que voulais-tu ? »
-« Etre agréable mais rester moi,
-« Nous y veillerons, enfin, nous essaierons. »

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