mardi 29 septembre 2009

Et alors, ta belle mère?




Je sais que nombre d’entre vous se posent la question « et alors, ta belle mère ? »


Pour tous ceux qui ne connaissent le contexte je vais en quelques lignes esquisser un  portrait de famille.


J’ai rencontré Lhom sous d’autres cieux, bien loin de la mère patrie. Aucune idée de qui était sa famille, quelles  étaient ses valeurs, ses mœurs… L’histoire aurait peut être été autre sinon, à  l’impossible nul n’est tenu.
 Ma belle famille serait une famille au label « reflet de France ». Ancrée dans une province sage et discrète. Intemporelle dirai-je, simplement, intemporelle, avec les nombreuses qualités que cela comporte, et le reste.
 Mes beaux parents furent effarés en découvrant l’oiseau  que leur fils adoré ramenait en guise de souvenir de voyage. Elevée par monts et par vaux, n’ayant aucunement ni assimilé leurs style de vie, ni même la moindre envie de le faire. Biches et grands cerfs ne me reconnurent jamais comme une des leurs.


Les jeunes biches de la famille savaient : cuisiner, broder, coudre et tricoter, adoraient repasser et ne négligeaient jamais de recoudre un bouton décousu. Moi, pas. Les jeunes biches voyaient leurs cerfs partir le martin à l’aube trimer toute la journée et revenir le soir épuisés ;  lavage, ménage et petits ouvrages occupaient leurs journées. Moi pas.   









 Les jeunes biches en vacances, laissaient les cerfs jouer au tennis tous les matins à 10h, pendant qu’elles se livraient aux travaux ménagers. Moi, pas. A midi, préparant sagement le déjeuner alors que leurs hommes prenaient l’apéro, je faisais désordre en  me servant un  apéro à la cuisine ! Après le café, on emmenait les enfants à la plage en regardant nos hommes faire de la voile au loin. Les repas familiaux, rythmaient les journées,  jeunes biches et grands cerfs devisaient calmement et intelligemment.
 Je m’ennuyais, frustrée et furieuse,  je me sentais morte, une coquille vide, ensevelie dans un tombeau. Rendez-moi, mes cocotiers. Laissez moi vivre, rire et mourir comme je le veux.   Parfois les greffes prennent mal, incompatibilité.  Au fil du temps, la greffe  prit plus ou moins bien, avec des heurts et du bonheur.
 Ma belle mère est à présent très âgée,  malade et luttant avec courage contre son corps qui la lâche. Elle garde cependant au fond d’elle le regret d’une bru comme elle l’aurait aimé, je ne puis lui en vouloir, je sais ne pas correspondre du tout  à ce qu’elle attendait.
  Elle voulait le mieux pour son grand fils, une femme qui ressemblât à ses filles ou aux filles de ses amies. Aujourd’hui encore je l’agace de marcher pieds nus, ongles peinturlurés en rouge et claquettes abandonnées dans l’entrée,  je l’agace encore par mille petites choses, car je suis moi et qu’elle est elle. 


Ni l’une ni l’autre n’avons déposé vraiment les armes. Je sais que si je les déposais à présent, elle penserait que je la  crois  défaite,  sur son lit de mort. On ne tape pas sur les blessés. On leur donne du champagne !







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