Ce matin en me levant j’ai eu une pensée pour le petit Antoine disparu il y a un an aujourd’hui. Par la fenêtre je vois la vallée nimbée de brume et peut être qu’Antoine voit le même paysage, d'un hameau voisin.
Aujourd’hui je reçois mes « vieilles voisines » des dames très âgées accompagnée de la jeune bru d’une d’entre elle. J’ai mis des jus de fruit au frais et vais préparer un gâteau, mais je sais que j’ai tout faux, je n’ai pas de sirop et encore moins de petits biscuits, et ici ça la fait pas. Heureusement elles savent que je suis une martienne encore plus étrange que les dames qui m’ont précédé dans cette maison. Nous nous installerons sur la terrasse à l’ombre des tilleuls , elles savent que je souhaite entendre l’histoire de la maison, depuis tant de générations leurs familles sont installées dans les même fermes, l’une d’elle a 78ans et l’autre a 94ans. Il est temps que je les écoute.
Et surtout que je les interroge
Ma mission est délicate, je veux savoir tout de la maison y compris ses secrets. Qu’y a-t-il sous le ciment de la tombe cachée dans une porcherie, cette tombe est cimentée marquée Iavka 1942. Celui qui a pensé un cochon, n’est pas prêt de vivre à la campagne…. Quelle est l’histoire de cette jeune femme au regard triste, dont j’ai le portrait retrouvé au fond d’un tiroir, au dos « Elise, mère de Maurice et de Gabriel » suivi d’une croix.
Je ne sais si j’aurais la réponse à mes questions, car ici, on n’est pas trop bavard, et surtout très discret. « Chacun fait c’qui veut, ça ne nous regarde pas » dit mon voisin et pour ponctuer cette vérité, il sort comme à chaque fois un vieux mouchoir de sa poche, se mouche, le replie et le carreau disparait de nouveau dans le fond de sa poche. J’ai toujours une solution pour me laver les mains sans eau, sur moi.
Ma jeune voisine dira « Oh, chacun y vit bien comme il veut ! » Ils supposent que les gens ont de bonnes raisons d’agir comme ils le font. Quand vraiment il y a un souci grave, ils appellent le maire qui tranche, le plus souvent pour une histoire de borne déplacée. Les gendarmes ne sont pas du coin, on s’en méfie.
Peut être qu’aujourd’hui, d’autres secrets sont bien gardés et qu’Antoine joue dans un jardin, pas si loin du mien.
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